Mais comment font-ils ?

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How do they do it?! - Frederique Constant
Un quantième perpétuel à 8400 € ? Impensable ! Impossible ! Et pourtant...

Depuis 2010, les plus grandes complications ont vécu un profond mouvement de démocratisation. Tout ce qui était autrefois extrêmement coûteux est aujourd'hui disponible à des tarifs bas, parfois très bas. Mais il existe tout de même des planchers. Frédérique Constant s’applique à les supprimer, et en particulier avec sa  Slimline Perpetual Calendar Manufacture, facturée 8400€.

Si l'on regarde bien l'histoire de la marque, elle est arrivée très tôt dans le petit monde des complications. Le tourbillon de la maison, appuyé sur un mouvement manufacture, développé et assemblé en interne, et partiellement usiné dans ses locaux genevois, date de 2008. A l’époque, déjà, il avait fait l'effet d'un pavé dans la mare, arrosant la profession de son tarif ras les pâquerettes.

Et en 2016, Frédérique Constant récidivait avec ce quantième perpétuel très très abordable. Initialement lancée en série limitée, la Slimline Perpetual Calendar Manufacture totalise plus de 3 000 exemplaires produits au compteur. La montre est un succès, et certainement l'un des calendriers perpétuels mécaniques les plus vendus au monde. Il faut dire que la spécialité est généralement coûteuse, pas des plus utiles au quotidien et donc assez bas dans l'ordre des priorités des acheteurs. Mais même si les borgnes sont rois au royaume des aveugles, de telles quantités restent un exploit. 

Mais comment font-ils ?

Même fabriqué en séries longues, régulières, bénéficiant d'économies d'échelle et des effets bénéfiques des courbes d'apprentissages, un calendrier perpétuel compte des dizaines de pièces, dont certaines ne bougent que de quelques dizaines de mm par an. Ce système d’interactions lourd engage également des composants très longs, qui reposent les uns sur les autres, des bascules, des doigts, des prises d'engrenage très fines. Bref, un QP, c'est simple sur le papier, mais à faire fonctionner, c'est autre chose. Et s'il existe une règle en horlogerie, c'est bien celle-ci : la complexité a un coût. Alors comment ont-ils fait ?

En premier lieu, il faut considérer la structure de coûts de Frédérique Constant. La marque revendique des mouvements de manufacture, qui sont conçus, développés et assemblés en interne. Mais l'usinage des composants est sous-traité. Il existe des centaines de firmes suisses, de Genève à Saignelégier, capables de découper toutes sortes de pièces. La marque fait ainsi l'économie d'investissements en infrastructure colossaux. D'autre part, elle ne possède aucune boutique. Autre investissement économisé. Et enfin, le calibre Frédérique Constant-775 est basé sur le Frédérique Constant-710, calibre maison produit en quantités industrielles, quelques dizaines de milliers d'exemplaires par an. Encore une source d'économies.

Mais comment font-ils ?

Mais à nouveau, tout cela ne suffit pas à expliquer le prix incroyable de la Slimline Perpetual Calendar Manufacture. Il faut alors parler d’horlogerie. Pour cela, Frédérique Constant dispose d'un ambassadeur de taille, Pim Koeslag. Néerlandais, cet homme discret est à la tête des mouvements Frédérique Constant depuis plus de 10 ans et y a fait toute sa carrière. Il connaît donc extrêmement bien les capacités de la marque et ses limites. En particulier, il est imprégné de la culture d'horlogerie abordable qui est fondatrice de l'identité de Frédérique Constant. 

Il explique que, tout d'abord, les finitions de ce calibre sont simples. Les anglages sont basiques et faits à la machine. Les surfaces sont sablées. Pas besoin d'en faire des tonnes. Une planche de QP est logée sous le cadran et personne ne la verra jamais, sinon un horloger réparateur. 

D'autre part, c'est une question d'architecture. Le calibre FC-775 fait 191 composants dont 78 pour le module de calendrier. C'est peu et peu de pièces différentes, demandant un développement ad hoc, un usinage séparé, une programmation machine, des vérifications dédiées. C’est également un temps d'assemblage réduit, ce qui crée une forme de simplicité. De plus, ces 78 composants effectuent la même tache que 130. Ensuite, leurs formes sont simplifiées, plus droites, sans chichis, sans recherche esthétique poussée. Et enfin, le calibre a été pensé pour une production industrielle. La planche de QP est plutôt épaisse, ce qui donne de la marge de manœuvre. Et une fois les composants posés, le calibre marche, sans besoin d’ajustements et de reprises. Une rapidité supplémentaire qui représente la dernière étape d'une longue série de gestes réduisant les coûts. Et au final, la Slimline Perpetual Calendar Manufacture indique heures, minutes, jour, date, mois et année bissextile, avec les phases de lune en prime.

Mais comment font-ils ?

 

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Frederique Constant