Un moteur pour les fleurs

2 minutes read
A l'ombre du jet d'eau, l'horloge fleurie de Genève est un fleuron… électrique. Et si les horlogers suisses lui fabriquaient un mouvement mécanique?

Le Matin - 29 janvier 2010

Vincent Donzé

Un mouvement mécanique à la place de l'électrique? C'est le projet concocté pour l'horloge fleurie de Genève par le journaliste spécialisé Joël Grandjean, 55 ans après son installation: «L'horlogerie suisse, c'est plus qu'une industrie, c'est une culture: il faut la montrer!»

Horloge Fleurie_327526_0



Qui voudra construire un mouvement? «Lançons un concours pour un mécanisme réalisé dans les règles de l'art», répond Joël Grandjean, qui réfléchit déjà à la composition du jury. Chef des espaces verts, le conseiller administratif Manuel Tornare est conquis. Il portera ce projet: «Je suis un défenseur de l'horlogerie et le mouvement, c'est l'âme de la montre.»

6500 fleurs

Pour donner du sens à son projet, Joël Grandjean fixe une condition: «Le mouvement doit être visible au centre du cadran, mais l'horloge doit rester fleurie.» Les 6500 fleurs saisonnières résisteront au changement. Mais le cadeau de l'Union des fabricants d'horlogerie de Genève, de Vaud et du Valais vaut aussi par ses aiguilles, surtout celle des secondes: cette trotteuse de 2,5 mètres est la plus longue du monde.

Changer le cœur de l'horloge de 1955 sans la dénaturer: dans l'esprit de l'initiateur, le défi lancé aux horlogers suisses serait renouvelé tous les trois à cinq ans, selon l'investissement consenti. Place à l'imagination: «Et si le mouvement était remonté par les passants?» suggère Joël Grandjean, en évoquant aussi une roue à aubes.

Pas privatisée

Mais pas question de privatiser l'horloge en lui collant un logo, même fleuri: «Pas d'instrumentalisation par la publicité!» a prévenu Manuel Tornare. Le nom du fabricant serait indiqué hors du cadran relooké en 2002. Qui sait que le fabricant de l'horloge de 1955 s'appelle Moba Time, une société présente dans les gares et les aéroports?

Qui jouera le jeu au jardin Anglais? «C'est la plus grande inconnue…» admet Joël Grandjean. Rolex? Omega? Le défi s'adresse plutôt aux champions des complications et même aux écoles d'horlogerie. Et quel défi! «Il faudra penser à l'humidité et… au vandalisme», conclut Joël Grandjean. Mais Manuel Tornare en est convaincu: «L'horloge fleurie n'est pas figée pour l'éternité.»

 

Il est contre
Jean-Claude Biver, Hublot

Horloge Fleurie_327526_1


"Mais c'est ridicule! Au-delà d'une certaine utilité, la technologie perd son sens. Ça revient à mettre trop d'œnologie dans le vin: c'est une perte d'authenticité. Une horloge fleurie est là pour faire rêver et servir d'outil promotionnel. Mais elle n'a pas besoin d'être mécanique pour signaler une ville horlogère. Tant qu'à faire, autant la rendre solaire. Ce qu'il faut à une ville, c'est un signe fort, comme le jet d'eau ou la tour Eiffel."

Il est pour

Jean-Christophe Babin, Tag Heuer

Horloge Fleurie_327526_2


"Ce projet est intéressant, fédérateur est généreux. Le rendre multimarque permet d'obtenir le meilleur de l'horlogerie. La créativité est une quête permanente pour nous tous. Renouveler le mouvement tous les trois ou cinq ans, c'est une idée génératrice d'innovations. C'est une stimulation technique, sans but commercial. Plus que le branding, c'est l'audace qui fait la richesse d'une marque. Comme tous les symboles, l'horloge fleurie mérite de l'attention."

Horloge Fleurie_327526_3