Revolution #6 - Décembre 2009Louis Nardin
A la fois instrument astronomique et garde-temps, la Moonstruck confirme encore une fois l'audace et la capacité d'innovation de la manufacture.
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- Moonstruck
- La formation de la lune
Quand il s'agit d'évoquer le mouvement des astres, les horlogers choisissent presque toujours de montrer le ciel vu de la terre. Les cadrans reproduisant des voûtes célestes ne sont donc pas rares. En outsider de la haute horlogerie, Ulysse Nardin a choisi l'option inverse. Le précédent tellurium Johannes Keppler présentait déjà la terre vue du ciel depuis le pôle Nord. Sur la Moonstruck, le modèle compliqué présenté à Baselworld 2009, la configuration est identique. Mais cette vue de l'espace empreinte de magie ne représente qu'un seul des multiples points forts de cette nouveauté.
Montrer le mouvement des océans
La Moonstruck met en scène les mouvements de la lune et du soleil grâce à un jeu d'anneaux concentriques et nacrés. Chacun de ces deux disques tourne autour de la terre - elle-même représentée par un microcadran en émail placé au centre - en respectant scrupuleusement la durée de leurs révolutions respectives. Le premier anneau contient la lune dont on peut suivre l'évolution des phases grâce à un sous-cadran caché et spécialement dessiné. Par ailleurs, la zone éclairée fait toujours face au soleil que la lune soit croissante ou décroissante, ce qui n'avait jamais été fait jusqu'alors. Le disque extérieur affiche quant à lui le soleil.
Mais la manufacture ne s'est pas contentée de reproduire cette chorégraphie spatiale. Elle l'a mise à profit pour montrer l'effet de la lune et du soleil sur les marées. Etant en effet à la base de ce phénomène, ils ont été entourés de triangles de couleur bleue pour symboliser leur force d'attraction sur l'eau des océans. Cet élément supplémentaire permet donc d'évaluer la puissance d'une marée en fonction d'une position sur le globe. La lecture se fait instantanément et de la façon suivante: si les deux astres sont sur un même axe, soit l'un à côté de l'autre ou alors d'un côté et de l'autre de la terre, la marée sera la plus intense. A contrario, quand, vu de la terre, l'angle entre les deux astres est de 90 degrés, la marée sera la plus faible.
Mouvement complètement manufacturé
Conceptualisée par Ludwig Oechslin, l'horloger-inventeur à la base des réalisations les plus complexes d'Ulysse Nardin, et développée intégralement à l'interne, la complication a été intégrée dans un mouvement lui aussi totalement nouveau. Elaboré à partir du calibre de base UN-160, il concentre plusieurs avancées techniques réalisées ces dernières années par la manufacture. A commencer par les anneaux mobiles. Ici, les ingénieurs ont repris un système mis au point pour le modèle Freak qui voit le mouvement tout entier participer à l'affichage de l'heure en tournant sur lui-même au coeur du boîtier. Ainsi, pas moins de 194 microbilles en acier sont cachées sous chacun des cercles pour assurer une rotation régulière et stable. Autre développement mis à profit: le correcteur de l'heure via deux boutons-poussoir placés à 8h et à 10h. Par simple pression, le porteur peut avancer ou reculer l'aiguille des heures. Une fonction pratique et simple lorsque l'on change de fuseau horaire en voyageant. Quant à la régulation, elle est assurée par un échappement de 4hz à ancre suisse. La roue, l'ancre et le spiral sont en silicium, ce qui augmente considérablement les performances chronométriques. Un seul mécanisme n'était encore jamais apparu sur un modèle Ulysse Nardin: la date affichée au travers d'une aiguille calendaire. Survolant l'intégralité du cadran, elle pointe sur des chiffres gravés dans la lunette.
Un ballet colossal
D'un gabarit musclé – le boîtier mesure 46 mm de diamètre –, la Moonstruck traduit en mécanique le ballet silencieux et colossal auquel se livrent la lune et le soleil. Ce faisant, elle donne donc à voir les cycles ancestraux qui rythment le quotidien de chacun. Appartenant à une catégorie de montres proposant une animation liée au temps plutôt qu'une fonction exclusivement chronométrique, la Moonstruck dégage une féerie étonnante qui se lit et se comprend instantanément; une qualité trop peu présente sur de nombreuses montres de cet acabit. En préférant explorer de nouveaux territoires, Ulysse Nardin a créé ainsi une pièce fascinante car le temps ne se limite pas, ici, à des minutes, des heures ou des jours; la montre devient le chef d'orchestre des mouvements de la lune, du soleil et des océans.
Produite dans un premier temps en deux éditions limitées en or rouge – 88'000 CHF environ - et en platine - 110'000 CHF - de 500 pièces chacune, elle sera à terme disponible dans les collections courantes. La Moonstruck a d'emblée reçu un bon accueil chez les revendeurs. “ Cette montre arrive au bon moment, commente un détaillant. il fallait une nouvelle pièce compliquée pour animer le catalogue. ” Parmi eux, quelques-uns sont encore plus satisfaits puisqu'ils ont reçu rapidement leurs premières pièces.
