Romain Gauthier calibre son rêve

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Le Combier mise sur le meilleur de la tradition pour ses garde-temps haut de gamme. Les passionnés s'arrachent ses oeuvres d'art manufacturées.
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MICHEL DUPERREX / EXCLUSIVES: Les montres «artisanales», entièrement conçues par Romain Gauthier, sont assemblées par des horlogers hautement qualifiés. LE SENTIER, LE 14 AVRIL 2008

Elle passe totalement inaperçue. Pas la moindre enseigne, le moindre logo sur le bâtiment, l'ancien bazar de la Vallée retapé à neuf, au Sentier. Juste, près de la porte d'entrée, une boîte aux lettres à son nom: Montres Romain Gauthier SA. Une petite société horlogère (cinq personnes) dont les produits sont inversement proportionnels à sa taille.Créée juridiquement en 2005, elle vole vraiment de ses propres ailes depuis 2006. Et livre ses quatorze premières montres, à cadran guilloché et décentré, équipées de son calibre manufacturé (le 2206 Hm) en août 2007. Ces pièces sont destinées, pour 80% à l'Asie (Singapour, Hongkong, la Malaisie et le Japon) et pour 20% à l'Europe. Un savoir-faire horloger sobre et raffiné que seule une frange fortunée, les collectionneurs passionnés, peut acquérir de 35 000 francs à 47 000 francs l'unité. Pour l'année en cours, Romain Gauthier a fixé son objectif de production à une trentaine de montres, déjà vendues, équipées de ce calibre. Et le jeune créateur peaufine déjà sa montre numéro deux, totalement différente. Un garde-temps encore virtuel pour lequel plusieurs collectionneurs ont déjà passé commande... Une réussite en soloBelle réussite pour ce créateur indépendant, âgé de 33 ans seulement. Et tout cela sans soutien local. Il a bâti seul son rêve, épaulé par la foi en son idée, en ses montres haut de gamme. «Jusqu'à aujourd'hui, ni les autorités communales, ni les organismes économiques locaux ne se sont intéressés à ma société», relève un peu amer Romain Gauthier. Seule la Banque Cantonale Vaudoise a cru à son business plan et lui a accordé les fonds nécessaires au démarrage de son affaire. Alors qu'un autre institut, totalement désintéressé dans un premier temps, s'est dit prêt à renégocier une fois l'entreprise confortablement sur les rails. Ce qui agace prodigieusement le jeune chef d'entreprise.Le parcours professionnel de Romain Gauthier débute de manière classique. Enfant du Sentier, il opte naturellement, en 1990, pour l'Ecole technique dans laquelle il obtient le diplôme de mécanicien de précision. Formation qu'il complète, en 1996, par celle de technicien constructeur dans le même établissement. Première à Bâle en 2006Fort de ce bagage, le jeune mécano poursuit son chemin une dizaine d'années durant dans une entreprise du Brassus spécialisée dans les composants horlogers compliqués. En 1999, il s'interroge sur son avenir: «Pourquoi est-ce que je ne tenterais pas à mon tour quelque chose?» Et c'est ainsi qu'il se lance dans l'aventure, dessine, calcule, conçoit et fabrique tous les composants de sa montre. En dehors de ses heures de travail. En 2005, son premier prototype à remontage manuel (2206 Hm) fait entendre son tic-tac. Le créateur le présentera pour la première fois à BaselWorld 2006, à côté des oeuvres d'un autre indépendant combier, Philippe Dufour. «Pendant plus de cinq ans je n'ai pas compté mes heures. D'autant plus que j'ai suivi durant deux ans des cours afin d'obtenir un MBA (Master of Business Administration)», relève-t-il.Esprit entrepreneurial, certes, mais amoureux de «la belle ouvrage». Ses montres reflètent d'ailleurs la philosophie du jeune Combier. «La haute horlogerie, tout comme la haute couture, se doit de perpétuer les traditions, mais se doit aussi d'enrichir le savoir-faire horloger. Elle doit être capable de combler les attentes des amoureux de l'art.»www.montres-rg.com JEAN-FRANÇOIS AUBERT - 24 Heures
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