Patine, terrain glissant

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Patina, a tricky customer - Ageing
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Ce beau boîtier en acier, en bronze, en PVD noir...à quoi va-t-il ressembler après quelques mois, quelques années de porter ? Toutes les matières ne sont pas égales devant le vieillissement...

Ils sont loin les temps où des boîtiers en laiton ou en argent peuplaient les poches et les poignets. Le XXe siècle a vu monter en puissance l'acier comme matière universelle, quasiment idéale. Résistant à la corrosion, aux chocs, aux rayures, le tout avec une efficacité exceptionnelle vu son prix (et si tant est qu'on ne pousse pas trop le bouchon, bien sûr). Assez tard dans le siècle, il a été rejoint par le titane, encore plus dur et stable. L'or a continué d'occuper la place qu'il a toujours tenue dans l'histoire, celle d'un matériau inaltérable et précieux...même s’il faut bien avouer que la résistance à la rayure n'est pas son fort. Les divers types de placage, eux, sont restés cantonnés à la catégorie économies mal placées, puisque même à 20 microns, une couche d'or disparaît vite. Cela aurait dû mettre la puce à l'oreille des horlogers...

Car le début du siècle suivant, l'horlogerie a réintroduit le loup dans la bergerie. Il se nomme PVD. On le disait très dur, super durable, totalement noir et anti-rayure.... sauf qu'à l'épreuve des faits et de la vie, il s'use! Oui, aux points de frottement classiques que sont la couronne, la lunette et le fermoir, le PVD s'en va, tout technique qu'il soit. D'autre part, plusieurs variantes de PVD voient la couche noire sauter en cas de choc.

Patine, terrain glissant

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De là, deux options: assumer ou s'insurger. Assumer, c'est accepter que la montre se patine, et on ne fait pas mieux dans le genre tendance. Le problème est que, dans ce cas, la patine n'est pas ton sur ton. Ce n'est pas un beige qui apparaît sous le marron d'un soulier. Ce n'est pas un noir qui dérive vers un gris foncé comme sur une lunette de plongeuse très très exposée à la nature (une nature de laboratoire, souvent). Sous le PVD noir, on trouve de l'acier ou du titane, bien gris, bien clair.

L'autre option, s’insurger, consiste à demander réparation pour retrouver un noir intégral et intact. Or ces couches ne sont pas couvertes par la garantie, qui ne couvre pas "l'usure normale" de la montre. De toute manière, on ne fait pas de retouches sur un PVD comme sur une peinture : il faut changer le boîtier. Pas étonnant que les marques ne le veuillent pas, à moins de facturer l'opération. On vous laisse imaginer le coût d'un remplacement de boîtier...

Patine, terrain glissant

A côté du PVD, un autre sournois s'est inséré à nos poignets. Le bronze. Là, pas possible d'ignorer les conséquences. Le bronze est vendu comme étant un matériau qui va changer, brunir, voire verdir. La patine, c'est même son point fort. La formulation de cet alliage de cuivre et d'étain, et en particulier sa teneur en aluminium, le stabilise plus ou moins, limitant la modification de la teinte de la boîte. Seulement voila, on ne vous a pas parlé du reste.

Souvent destinées à la plongée, les montres en bronze ont alors une belle lunette rotative, dont l’insert (le disque qui porte les chiffres) n’est pas en bronze, mais plutôt en aluminium. Et lui ne varie pas. Pareil pour le cadran, protégé de tout et dont on ne veut surtout pas qu'il change. Au final, la montre est patinée, mais pas partout. Le boîtier a vécu, le bracelet aussi, mais le cadran est flambant neuf et la lunette propre comme au premier jour. Résultat : ça jure, dans les tons de couleur et dans le style ! Ah vraiment, ce n'est pas beau de vieillir...à moitié.

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