Le look grunge est à la mode

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The grunge look is in! - Watch trends 2016
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Il y a vingt ans, le jean usé s’imposait comme un must. Aujourd’hui, l’horlogerie lui emboite le pas : boite usée, cadran rayé, bracelet vieilli viennent bousculer la parfaite finition. La naissance de l’horlo-grunge ?

Le chemin didactique d’un collectionneur repasse toujours par son point de départ. Lorsque les plus férus et fortunées ont acquis d’innombrables pièces soumises au Poinçon de Genève, Patek Philippe ou autre, il arrive un moment où le besoin d’un garde-temps plus léger, plus fun, plus décalé, refait surface. Et, pourquoi pas, moins parfait mais avec plus de personnalité.

L’âge de bronze

C’est sur cette vague néo-grunge qu’ont commencé à surfer un certain nombre de marques. D’abord, il y a eu la discrète – mais très réussie – Terrascope cadran bronze 39 mm de Jeanrichard. On y découvrait un cadran abondamment rayé, mariant un aspect « non fini » à un métal dont la tendance naturelle est à l’oxydation. Celui de cette Terrascope s’en préservait toutefois, bien à l’abri derrière son verre saphir.

Dernièrement, les modèles Militare d’Anonimo ont subi le même traitement d’usure.

Panerai n’avait pris cette précaution. Sa Luminor Submersible 1950 Bronzo PAM 382 voyait l’intégralité de sa boite réalisée dans cet alliage. La pièce, vendue à peine polie, n’allait pas garder son lustre longtemps au contact de l’air iodé auquel elle était promise. Deux séries limitées n’ont pas réussi à apaiser l’ivresse des Paneristi...

S’il y avait un pont entre ces deux univers, ce serait l’Excalibur 42 mm cadran bronze de Roger Dubuis. On y trouve la patine vieillie du bronze, protégé par un verre saphir – autrement dit, une matière qui a déjà travaillé, comme les Panerai, mais qui ne bougera plus, comme la Jeanrichard.

Passion corrosion

Bell & Ross est récemment allée un cran plus loin en proposant une BR01 Skull Patine réalisée en partenariat avec Chronopassion. Là aussi limitée (50 exemplaires), la pièce est délibérément attaquée par la corrosion. Le bronze se pare alors de sa patine naturelle vert-de-gris, rendant chaque pièce unique.

Malgré leur enchainement d’apparence logique, ces pièces suivent pourtant des logiques différentes. Les premières prennent le contrepied de la finition pour exposer la non-finition. On ne cherche plus le zéro défaut, on le cultive, mais une fois trouvé : on le fige.

La Bell & Ross a quant à elle ouvert une autre porte créative : celle d’une pièce dont la vie évoluera avec celle de son propriétaire, dont l’apparence se modifiera au cours du temps. L’approche est donc plus personnelle, plus intime mais aussi plus incertaine, ce qui ajoute un côté ludique à la pièce.

Epave horlogère

Le bronze n’est pas, et de loin, la seule matière à offrir ces finitions viellies. Hublot l’a bien compris avec son modèle Jeans qui rappelle, comme il y a vingt ans, que s’offrir un jean’s usé relève d’un luxe bien au delà d’un jean’s...neuf ! Hublot a donc développé une série de Big Bang au cadran et bracelet Denim délavés, élimés jusqu’à la corde. La manufacture, toujours prompte à cultiver les paradoxes, en a bien évidemment proposé plusieurs variantes serties.

Comme toujours, le trash n’est jamais bien loin du grunge. Pour l’anecdote, une marque a franchi le pas : OOO Watches, pour « Out Of Order ». Son créneau ? « Damaged in Italy » ! Les modèles de la maison sont brulés, rayés, cabossés, écrasés...mais fonctionnent tous parfaitement. Etrange, assurément, mais la marque offre le mérite de la cohérence, en allant au bout de la démarche.