La tactique fantastique du plastique pas toc

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The Fantastic Authentic Plastic Tactic - Trend
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Par définition, le plastique n’est pas chic. Il est cheap, surtout pour un objet qui fait tic-tac. La tocante en plastoc fait pourtant les riches heures de la montre, dont elle représente une large majorité.*

Par définition, le plastique n’est pas chic. Il est cheap, surtout pour un objet qui fait tic-tac. La tocante en plastoc fait pourtant les riches heures de la montre, dont elle représente une large majorité. Mais dans le domaine de l’horlogerie haut de gamme, elle n’avait pas sa place, malgré le succès mondial de la Swatch, puis des G-Shock de Casio, officiellement faites en résine. Or, l’univers des matières synthétiques, ou composites, est d’une telle richesse, esthétique et fonctionnelle, que les horlogers ne pouvaient sérieusement l’ignorer longtemps. Mais il fallait une accroche, un argument massue pour que le métal s’efface au profit du polyuréthane, du PEEK ou du Makrolon. Car ces noms bien techniques étaient loin de suffire à opérer la mue profonde qui a eu lieu dans les années 2010. La clé, comme souvent en horlogerie, a été importée de domaines connexes. Les plastiques sont rarement utilisés purs. On leur adjoint des agents qui les rendent moins sensibles à la casse, à la chaleur, à l’acidité de la peau, voire qui les allègent ou modifient la manière dont on peut les usiner. Parmi ces adjuvants innombrables, une matière s’est révélée porteuse de rêve, de performance, de légitimité technique. Exploitée dans le sport automobile, l’avionique, le spatial, la fibre de carbone tressée en feuilles est, une fois mêlée aux bons agents, légère, dure, très résistante à la flexion et à la torsion.

La tactique fantastique du plastique pas toc

Tous usages

Au début, la technique ne permettait que des surfaces planes, et ce fut le cadran qui ouvrit logiquement le bal. Mais le véritable objectif était de faire faire un bond qualitatif aux boîtiers, leur faisant perdre au passage un poids qui s’était mis en travers du progrès de l’horlogerie hyper-sport naissante. Alors Audemars Piguet s’installa un atelier de fabrication de carbone forgé pour produire des boîtes d’Offshore Alinghi, par exemple. Puis des techniques plus poussées sont apparues, où des composites chargés au carbone, voire aux nanotubes de carbone, étaient livrés dans des formats (barres, tubes, plaques) similaires aux métaux et, surtout, usinables de la même manière. Blancpain, Hublot, Graham, Panerai, les marques à avoir exploité les propriétés de la fibre sont légion, avec en tête Richard Mille et son NTPT assorti d’exploits en termes de réduction de masse. L’aspect est noir ou gris, mat, parfois moiré comme la peau d’un requin-tigre, des attributs qui s’inscrivent parfaitement dans la lignée des montres performantes, et du style légèrement agressif qui les accompagne. Puis d’autres matières ont pris la suite du carbone, du quartz chez Richard Mille, de la fibre de verre pour le Carbon Glass de Girard-Perregaux. Mais ces évolutions tardives et toujours en plein développement restent des composites sur base de plastique, qualitatifs et donc pas si toc.

La tactique fantastique du plastique pas toc

*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais.

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