La révolution connectée

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The Connected Revolution  - Trend
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Connectée mais Swiss Made.

Quel point commun entre Alpina, Breitling, Montblanc, Louis Vuitton, Frederique Constant, de Grisogono, TAG Heuer et Hublot ? Tous font des montres… connectées ! Le saut intellectuel réalisé en 20 ans est colossal. En 2000, c’était un gadget geek sous Linux ou PalmOS. En 2020, c’est un accessoire du quotidien. Au-delà des polémiques sur la tradition, la modernité, la pérennité, l’anatomie humaine a toujours le dernier mot : nous n’avons qu’un seul poignet. Soit l’on y met une montre mécanique, soit une montre connectée, mais pas les deux. La concurrence fait donc rage.

La révolution connectée

Un marché, deux familles

Selon Strategy Analytics, Apple aurait livré 30,7 millions de smartwatch en 2019 (+36 %). Dans le même temps, selon la Fédération de l’industrie horlogère suisse, 20,6 millions de montres suisses ont été expédiées (-13 %). En d’autres termes, Apple (seule) fait davantage de montres que toutes les marques suisses réunies. En 20 ans, ce « marché connecté » s’est structuré en deux familles : les acteurs de la téléphonie mobile d’un côté (Samsung, Huawei, LG, Motorola, etc.), les « pure players » de la montre connectée de l’autre (Garmin, Polar, Fitbit, Withings, Sequent, etc.). C’est entre ces deux rouleaux compresseurs que l’horlogerie suisse a tenté de trouver une faille pour se faufiler. Son public cible : celui pour qui le mot « montre » a autant d’importance que « connecté ». Des amateurs d’un produit de qualité, bien fini, à l’esthétique soignée et si possible Swiss Made.

La révolution connectée

Connectée mais Swiss Made

Frederique Constant a ouvert la voie. En 2015, son « Horological Smartwatch » pose les fondations d’un design soigné, sobre, élégant. Elle repose sur la technologie quartz, associée à des fonctionnalités développées au sein d’une entité suisse, MMT (Manufacture Modules Technologies) également propriété de Frederique Constant à cette époque. L’Horological Smartwatch est donc la première montre connectée Swiss Made. L’intelligence embarquée est faible : elle repose sur le téléphone portable auquel elle est connectée. Peu de capacités propres mais en contrepartie une autonomie de plusieurs années et un volume similaire à une montre classique.

La révolution connectée

Trois ans plus tard, en 2018, Frederique Constant a proposé une évolution de son Horological Smarwatch : l’Hybrid Manufacture. C’est la première montre Swiss Made qui associe un calibre manufacture, des fonctions connectées et un système de mesure de l’isochronisme de la partie mécanique du mouvement par sa partie connectée. En somme, la possibilité de voir sur son smartphone si sa montre est juste, prend du retard ou de l’avance – et donc la nécessité ou non de la faire réviser. Le principe avait été développé en 2013 par Urwerk sur son EMC (Electro Mechanical Control) dont la partie électronique savait déjà « écouter » la partie mécanique mais, en plus, la corriger si besoin.

Nouveaux Entrants

En 2015, Montblanc a tenté une voie intermédiaire avec son e-Strap. L’objet affichait de courts messages défilant sur un mini écran dans le bracelet lui-même – une tentative qui ne rencontra pas son public.

Progressivement, les autres acteurs du luxe se sont positionnés en fonction de leurs univers. Ce fut l’Exospace B55 pour Breitling dans le domaine de l’aviation. Pour Jaeger-LeCoultre, une Amvox qui permet d’ouvrir à distance son Aston Martin. Pour Vuitton, l’univers du voyage avec la Tambour. Chez Hublot, le football, avec une édition limitée pour la Coupe du Monde de Russie en 2018. Alpina reprit le module de sa maison-mère Frederique Constant, format « outdoor ». Montblanc revint à la charge avec une Summit 1 en 2017, suivi de la V2 en 2018 et de la V2+ en 2020.

La révolution connectée

La rupture la plus franche fut celle de TAG Heuer. La marque alors dirigée par Jean-Claude Biver prit le taureau par les cornes en contractant une alliance directe avec Android. C’était encore en 2015. En 2020, elle en est à sa troisième génération. À sa sortie, TAG Heuer proposait même un échange de sa Connected contre un modèle mécanique, au bout de 2 ans et 1500$ supplémentaires. Un pari qui en disait déjà long sur l’ambivalence de la Suisse face au phénomène connecté…

*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais.

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