Mikrogirder - la haute fréquence

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Pour passer de 500 à 1'000 Hz, TAG Heuer se passe de balancier. Ses «poutres» vibrantes définissent un nouveau système de découpe du temps, mécanique et unique.


Worldtempus – 25 Janvier 2012

David Chokron

Après avoir maitrisé un chronométrage à la fréquence de 50 Hz, puis 500 Hz, Tag Heuer atteint la fréquence de 1'000 Hz. Un mouvement d'un type nouveau anime la Mikrogirder, la première montre mécanique capable de mesurer le temps avec une précision au 2'000e de seconde. Pour atteindre ce résultat, la marque a fait l'impasse sur les systèmes de régulation en place depuis le 17e siècle. Au-delà des 500 Hz, le système traditionnel de spiral, balancier et roue d'échappement atteint sa limite physique. Avant tout, le train de rouage d'un mouvement est trop lourd pour un échappement si rapide. Le tracter consommerait une quantité d'énergie bien trop importante. D'autre part, un balancier animé par un ressort spiral n'a pas un fonctionnement continu. Il tourne, s'arrête, repart en arrière, s'arrête, refait demi tour et ainsi de suite. Ces incessants redémarrages le rendent également gourmand en énergie. «Un moteur à explosion atteint de petites fréquences et des vitesses moyennes. Une turbine, de hautes fréquences et de hautes vitesses. Pour le 2'000e de seconde, il nous fallait une turbine» explique Guy Sémon, Vice-président et Directeur de la recherche et du développement de TAG Heuer.TAG Heuer_331862_0

Vibration des poutres

Sur le cadran de la Mikrogirder apparaît une ouverture longitudinale révélant des lames de métal. Ce sont des «poutres» (girder, en anglais), ou plutôt de fines lamelles. L'innovation est là, car elles sont le régulateur en lieu et place d'un ensemble balancier spiral. Et elles vibrent vite: 7'200'000 alternances par heure, soit 1'000 Hz. Elles sont au nombre de trois et elles fonctionnent ensemble. La plus petite d'entre elles, la moins visible, positionnée perpendiculairement et le plus à gauche sur les photos, est le régulateur même. Les deux autres servent à amplifier la vibration pour qu'elle puisse être transmise au reste du mouvement. Cette transmission se fait par l'intermédiaire d'un balancier muni d'un ressort spiral.TAG Heuer_331862_1

Un balancier quand même

Mais au lieu de servir d'étalon de mesure du temps, cet ensemble d'échappement sert à alimenter les poutres avec une énergie constante. C'est la condition pour que la très haute fréquence du régulateur soit stable. Autre bénéfice essentiel, cet échappement isole les poutres (qui possèdent peu d'énergie) du poids du train de rouage. Les masses entrainées sont donc faibles. Ce qui permet de résoudre une équation énergétique qui aurait été intenable. «La gravité n'est plus un problème, la friction non plus» poursuit Guy Sémon.TAG Heuer_331862_2


Hyper vitesse

Résultat, la trotteuse centrale effectue 20 rotations par seconde. On la distingue à peine, floutée qu'elle est par la vitesse. Les poutres vibrent avec une amplitude si faible qu'on ne les voit pas bouger. Seules les indications du chronographe sont perceptibles. Comme pour ses précédentes innovations radicales, TAG Heuer présente le Mikrogirder comme un prototype fonctionnel. Doté d'une réserve de marche limitée à une minute, il devrait subir des développements supplémentaires pour arriver à un produit de série plus utilisable. Les dernières fois que cette promesse a été faite, elle a été tenue. Cela permet à TAG Heuer de maintenir avec crédibilité son avance dans le domaine de la haute fréquence mécanique. Et d'en retirer les bénéfices en termes de retombées médiatiques.

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