L’ensorceleuse de plumes

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The Magical World of Feathers - Reuge
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Mésanges bleues des forêts ou colibris d’Amazonie, nul plumage ne résiste à la plumassière qui donne leurs couleurs aux oiseaux chanteurs des automates musicaux. Découverte d’un savoir-faire rare chez Reuge

Perchée à Sainte-Croix (1000 m sur l’altimètre) depuis 1865, la manufacture Reuge crée un monde de mélodies et de gazouillis grâce à de merveilleux automates dont font partie de nombreux oiseaux. Les plus petits nichent dans les Tabatières, dont ils sortent à la demande pour un tour de chant. Les plus grands viennent se poser par paire dans les Volières de la Cour.

L’ensorceleuse de plumes

À la manufacture, certains artisans s’occupent de la mécanique, d’autres de la composition musicale. Mais c’est à la plumassière que revient la délicate mission de parer le volatile de son costume. D’avis unanime, « il s’agit probablement du savoir-faire le plus artisanal chez Reuge. Il exige une grande minutie et beaucoup de passion.  Lorsque l’on déniche un ou une plumassière douée, on fait tout pour la garder. » Comme un oiseau rare !

Un tableau chatoyant

Si, pour le peintre Max Ernst, « ce sont les plumes qui font le plumage, [mais] ce n’est pas la colle qui fait le collage », pour la plumassière, le collage fait assurément le plumage. Mais pas seulement, puisqu’il ne s’agit que d’une étape de la création, qui commence par le choix d’un plumage, inspirée par la réalité ou imaginée. Sans compter que toutes les personnalisations sont possibles dans l’univers enchanté des automates musicaux de Reuge.

L’ensorceleuse de plumes

Pour composer couleurs et trames, l’artisane puise dans un stock ancien de plumes rares de colibris, datant des années 1960. Un trésor d’une grande finesse, particulièrement adapté pour orner les tout petits oiseaux de Tabatières, de 30 mm à peine. Dans une palette joyeuse et irisée, les plumes sont choisies pour leur teinte et leurs reflets d’une variété paradisiaque. Pour compléter ses compositions, la plumassière dispose aussi de plumes de faisans, de perdrix, de coqs ou synthétiques. Sur toutes, mêmes les plus précieuses, elle ne prélève que la pointe, et se défait du duvet et du nerf plus épais. Mais attention ! Si elle coupe trop, voilà que la plume se décompose. Il lui faut également dompter la forme de la plume pour la placer selon sa courbure naturelle.

Aussi fin qu’une plume

Puis c’est la pose, en partant de la queue, le dos, le ventre, le dessous du cou, les ailes puis la tête, et la tête, comme le dit la chanson. L’artisane veille à mettre suffisamment de colle, pour que ces atours restent collés au laiton (pour les oiseaux de Tabatières) ou au composite (pour les oiseaux de Volières de la Cour). Mais pas trop non plus. En effet, pour les minuscules oiseaux chanteurs, l’espace dans le « nid » de la tabatière est véritablement millimétré. Il faut un plumage suffisamment fin au petit vocaliste pour qu’il puisse sortir de sa cachette sans entraves et se produire en public. 

L’ensorceleuse de plumes

Le rythme de croisière pour une plumassière ? Deux oiseaux par jour, chaque jour de l’année (ou presque !), et en toute saison… que les oiseaux passent hauts dans le ciel de Sainte-Croix en direction de climats plus cléments, ou qu’ils se posent dans les arbres pour converser avec les automates musicaux de la manufacture.

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