Prix, qualité : où mettre le curseur ?

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Price and quality, the happy couple? - Schwarz Etienne
Existe-t-il une frontière entre horlogerie « de qualité » et « haut de gamme » ? Plus qu’une frontière fixe, un petit territoire où s’expriment quelques rares marques

A quoi reconnaît-on une montre « haut de gamme » : à sa finition ? À son caractère limité ? Au nombre de ses complications ? A ses matériaux ? Probablement un peu de tout cela. Chacune de ces caractéristiques, seule, n’est pas suffisante, mais lorsqu’elles sont agrégées, elles forment un ensemble que l’on peut raisonnablement qualifier de « haut de gamme ».

Prix, qualité : où mettre le curseur ?

Reste que ces caractéristiques constitutives du « haut de gamme » coûtent cher. La finition coûte en travail manuel : à ses débuts, Stephen Forsey nous confiait que la finition d’une Greubel Forsey pouvait représenter 50% du coût de la pièce – une proportion aujourd’hui ramenée à 30%. Quant aux complications, elles coûtent en composants mais surtout en temps de développement et d’assemblage. Le coût des matériaux, lui, s’est envolé : en janvier 2014, le lingot valait 29'000 euros. Il vaut presque 50'000 euros aujourd’hui.

Trouver le bon compromis

Difficile, dans ces conditions, de trouver le juste équilibre entre attractivité horlogère et tarifaire. La pièce la plus prometteuse, au meilleur prix, est celle que Jean-Claude Biver définissait comme devant être « deux fois inférieur à sa valeur perçue ». Traduction : si une montre semble valoir 20'000 CHF, son prix le plus juste est aux alentours de 10'000 CHF.

Prix, qualité : où mettre le curseur ?

C’est sur ce terrain de la « forte valeur perçue » que se positionne Schwarz Etienne. « Le maximum de valeur perçue pour le prix le plus raisonnable, est quelque chose que nous avons intégré dès la relance de la marque en 2015 », explique Mauro Egermini, CEO Schwarz Etienne. Mais la manufacture n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Certains modèles privilégient l’esthétique, d’autres la technique. La Roma, par exemple, offre un niveau de finition des plus élevés. Les cadrans jouent sur le contraste des textures qui apportent profondeur et volume. La partie centrale est frappée avec un motif en soleillage, la partie extérieure est grenée tandis que le compteur de petite seconde est flinqué. Les index facettés sont associés avec une applique du logo de la marque à midi.

Le soin est tel que Kari Voutilainen s’est lui-même laissé tenter par une Roma de son cru, la Synergy. Le rehaut cadran offre une guillochage « soleil 12 divisions », le centre cadran « écaille de poisson » et la petite seconde un troisième guillochage « vague ». Pour les autres pièces de la collection, « nous privilégions toujours les finitions visibles, pas celles qui ne le sont pas. Cela nous permet de gagner encore sur nos prix finaux », poursuit Mauro Egermini.

Prix, qualité : où mettre le curseur ?

Rencontre du 3ème Type

La Roswell et son aînée la Chaux-de-Fonds misent quant à elles sur la technique – et la technique qui se voit, avec un cadran largement ouvert, toujours pour favoriser la « valeur perçue » de la montre. A ce registre, le collectionneur est gâté : micro-rotor apparent, tourbillon à 1h, petite seconde à 11h. On apprécie la beauté du geste : contrairement à l’écrasante majorité des tourbillons, il n’indique pas directement la seconde – solution la plus simple puisqu’il tourne la plupart du temps en 60 secondes. Ici, une came en colimaçon est montée directement sur l’arbre du tourbillon. Un palpeur repose sur cette came alors que le système est mis sous tension par un ressort. Il permet ainsi l’affichage des secondes sur un arc de cercle et de soudainement retourner en arrière pour recommencer depuis son point de départ. La came ayant un profil augmentant régulièrement, la marche du tourbillon n’est pas perturbée.

Concernant les performances du mouvement, Mauro Egermini est clair : « tous nos retours marchés sont univoques : le fait d’avoir un mouvement manufacture et parfaitement fini l’emporte sur sa pure performance chronométrique ». En somme, la beauté d’un mouvement maison est plus importante que sa certification COSC, un surcoût que Schwarz Etienne s’épargne donc.

Entrée en matière

Reste les matériaux. Depuis que l’acier a acquis ses lettres de noblesse horlogère, Schwarz Etienne ne s’en prive pas : tourbillon volant et tourbillon PSR (Petite Seconde Rétrograde) se partagent une même boîte acier de 44 mm. Habilement, la manufacture a choisi d’offrir sa valeur ajoutée ailleurs : le tour d’heures et l’arc gradué de la seconde rétrograde sont fabriqués en aventurine verte, en Hématite Spécularite anthracite pailletée, en Lapis Lazuli ou en opale bleue. Une manière simple, visible en permanence et originale de s’offrir une belle singularité sans avoir à recourir à d’onéreuses boîtes en platine, en or, ou à de dispendieux sertissages.

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