L'IWC Big Pilot Miramar

Le point de vue du collectionneur

WORLDTEMPUS - 6 août 2012Serge Panczuk

Le choix d'une montre est un exercice difficile qui doit permettre de trouver le juste équilibre entre une valeur réelle (financière) avec une valeur perçue (l'image, le plaisir, le goût). L'objectif de cette rubrique est de vous faire partager mes points de vue sur certaines pièces qui ont retenu mon attention. J'essaierai de rester le plus subjectif possible, avec comme intention première d'attiser votre curiosité.

Et pourquoi pas ?  … l'IWC Big Pilot Miramar

L'IWC Big Pilot est une pièce mythique. Il s'agit probablement d'une des plus belles montres d'aviateur présente sur le marché. Elle est imposante, équipée d'un superbe calibre, et reprend parfaitement tous les codes d'une montre de pilote.

Au SIHH 2012, IWC a présenté plusieurs évolutions de cette pièce. L'objectif était simple : lui faire réaliser un grand saut dans le temps. La Big Pilot originale sent bon le cambouis des moteurs à explosion. Son look rappelle celui des aviateurs en blouson Schott qui s'envolaient aux commandes des B17. Avec cette nouvelle version, notre « mamie » se retrouve projetée dans le cockpit étroit des jets de dernière génération, où l'électronique règne. Elle va devoir décoller dans un vacarme assourdissant du pont d'envol d'un porte-avions nucléaire…

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Le pari du saut générationnel est-il réussi ? C'est ce que nous allons voir à présent.

Pourquoi IWC?

Pas besoin de nous attarder trop longtemps sur l'histoire d'IWC. Ses liens étroits avec l'aviation sont connus, et forcent le respect. Sa première montre de pilote date de 1936. Et, au fil des décennies passées, la marque de Schaffhouse n'a cessé d'améliorer ses garde-temps « aériens ». La fameuse Mark 11 a équipé les pilotes de la Royal Air Force pendant plus de 30 ans. Elle propose d'ailleurs toujours à son catalogue la Mark XVII, héritière d'une très grande famille de montres de pilote.

L'IWC Big Pilot Miramar … furtive, furieuse, fidèle ?


Quel petit garçon n'a jamais rêvé de monter dans un Tomcat. Petit, j'aimais lire les BD de Buck Danny. Et encore aujourd'hui … Et mes voyages m'ont amené à la porte de la Miramar USMC Base, près de San Diego. J'ai vu des formations de F18 déchirer le ciel de Californie … Donc je ne peux pas rester insensible devant cette nouvelle Big Pilot, dédiée à ce centre d'entrainement légendaire.
 
Soyons direct, notre IWC surprend. Si vous aimez le classicisme de la Big Pilot originale, vous regarderez la Miramar avec un regard curieux.

Cette dernière ne laisse pas du tout insensible.

Si elle reprend  la forme, la taille (48 mm) et le mouvement 51111 de la Big Pilot, tout le reste a changé, et il semble que les designers ont voulu éliminer toute trace de référence au passé. Le boîtier acier se transforme en boîtier en céramique. Et comme la céramique mate se généralise, IWC a choisi une finition satinée sombre du plus bel effet. La belle se fait furtive !

Le cadran noir inspiré des vieux instruments de navigation adopte une livrée grise, aux reflets kaki, où les indicateurs de minutes supplantent ceux des heures. Et se parent d'une couleur kaki. Les heures – quant à elles – sont identifiées par un cercle rouge, au centre du cadran.

La couronne, si caractéristique de la Big Pilot, est désormais en titane, de même que le fond de la boîte. Et finalement, le bracelet vintage en cuir est remplacé par une version en tissu kaki. Encore une fois la rupture avec le modèle originel est consommée …

Cependant, avec cette nouvelle itération, IWC associe le meilleur de l'horlogerie traditionnelle (et notamment le superbe mouvement à réserve de marche de 8 jours, doté du système de remontage Pellaton) avec ce qui se fait de plus moderne et de plus tendance.
 
En passant à la céramique et au titane, la Big Pilot devient plus confortable à porter. Elle est moins lourde. Le toucher de son boîtier en céramique est très agréable. Et le contraste entre le boîtier sombre et la massive couronne en titane renforce l'aspect contemporain de cette pièce.


Qu'en pense l'avocat du diable ?


Il est rare de voir une marque changer autant l'ADN d'une de ses pièces les plus représentatives. Et force est de constater qu'IWC a osé… C'est d'ailleurs ce courage que pourrait lui reprocher l'avocat du diable. Pourquoi changer une équipe qui gagne ! Mais il faut qu'IWC assume ce pari. En acceptant le risque de choquer les puristes, IWC s'ouvre de nouvelles portes et s'engage vers de nouvelles voies.

La Miramar conserve un des « handicaps » principaux de la Big Pilot. Sa couronne. Celle-ci déclenche des sentiments contradictoires : il s'agit d'une des plus belles couronnes de l'horlogerie actuelle. Elle fait aussi partie de la Big Pilot, qui sans elle perdrait une partie de son charme. Mais elle est imposante et peut blesser la base du poignet. Pas de solution possible, mais il faut savoir que pour porter cette belle, il faudra accepter de « souffrir » un peu !

Quelle image véhiculera le porteur de cette IWC ?

J'avais l'habitude de porter ma Big Pilot dans de nombreuses circonstances. Son look classique lui pardonnant sa – trop – grande présence au poignet. La Miramar est totalement différente. IWC a bien fait de sortir ses premiers modèles au printemps. Ses couleurs en font une montre plutôt estivale.

Celui qui aime la Miramar cherche donc une montre sportive, actuelle, et il n'a pas peur de briser des codes. Il aime le mélange des genres, le sucré–salé et a probablement adoré les expositions de Jeff Koons à Versailles. Et il ira bientôt admirer les constructions de Joana Vasconcelos au même endroit…

En résumé, cette Miramar est une montre que l'on assume. Elle est massive, marquée, différente. La jolie Cendrillon a laissé tomber le carrosse pour s'embarquer dans un bombardier furtif F117!

 

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