Attention ça pique !

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Hands on - Sharp needles
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Tellement évidentes qu’on ne les voit plus, ou presque. Pourtant, sans elles, la montre n’est rien. Immersion piquante dans le royaume des aiguilles.

En janvier 2021, un sujet qui traite des aiguilles n’a pas que pour objet la vaccination anti-COVID ! En horlogerie, les aiguilles sont un des marqueurs identitaires d’une montre. A vrai dire, le premier élément de sa physionomie et que, pourtant, on ne regarde presque plus.

Choix multiple mais peu de fournisseurs

Il en existe une multitude de variétés mais peu de fournisseurs, comme Universo (Swatch Group, fondé en 1909, l’un des leaders européens), mais aussi Fiedler (la plus ancienne fabrique d’aiguilles de Suisse encore en activité, dont la maison mère fut fondée en 1848), Waeber HMS, Aiguilla SA, GVA Montres, MPI pour l’Asie ou La Pratique, sise à Morteau, en France, depuis 1907.

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Une année difficile

Ces fournisseurs proposent des milliers de références plus ou moins standards. On s’en doute, la crise sanitaire ne les pas aidés dans leur développement. « Nous avions prévu une décroissance de 18%, nous avons finalement terminé l’année à -25% », explique Laurent Waeber, Directeur Général de Waeber HMS SA, à Fleurier. L’entreprise travaille en grande majorité pour le groupe Richemont, mais aussi LVMH, Kering et quelques indépendants.

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Un changement de modèle économique ?

D’autres variables ont affecté le marché. « On nous demande d’être plus agiles et réactifs », poursuit Laurent Waeber, « mais c’est compliqué lorsque 65% de nos coûts sont de main-d’œuvre. Qui plus est, l’Asie est devenue compétitive en termes de qualité comme de réactivité. En revanche, en Suisse, nous savons faire des petites séries de 300 ou 500 pièces. En Asie, un lot en dessous de 3000 unités, ça ne les intéresse même pas ».

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Autre facteur positif pour les fabricants suisses : les commandes uniques de lots. « Il n’y a presque plus de répétitivité », ajoute Laurent Waeber. « On nous commande une création, un seul lot de quelques centaines de pièces, et le client passe à autre chose. Cela implique, pour nous, que nous devons être absolument parfaits dès le premier coup. Cela exige une expérience et un savoir-faire que nous maîtrisons, ce qui n’est pas nécessairement le cas en Asie ».

Créations immuables

Il existe néanmoins certaines géométries d’aiguilles quasiment invariables depuis des lustres. On pense évidemment aux aiguilles à pomme évidée, aussi appelées aiguilles Breguet. Très fines, bleues, elles se terminent par un cercle. Elles restent une signature incontournable de la maison, même si largement copiées par d’innombrables autres marques.

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Il en va de même pour les aiguilles « glaive » qui, sans être déposées, sont un élément incontournable du style Cartier, ou des aiguilles « Snowflakes », signature de Tudor. Parmi les incontournables, on retrouve aussi les aiguilles « feuille », notamment chez Frédérique Constant. Enfin, on assiste ces dernières années à la résurgence des aiguilles « cathédrale », à la faveur de la mode vintage. Très larges, visibles, largement empreintes de matière luminescente, elles sont un élément clé du succès des « Pilot » de Patek Philippe ou Zenith.

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Velléités indépendantes

Les marques de niche ont parfois des difficultés à s’approvisionner en aiguilles, tant leurs volumes commandés sont faibles. Certaines maisons, comme Hysek, ont donc pris le parti de les faire en interne. D’autres parviennent néanmoins à trouver des fabricants qui acceptent de travailler sur de tout petits volumes, pour des produits hautement créatifs. C’est le cas des Ateliers Louis Moinet, qui ont développé et affiné au cours des années leurs aiguilles « gouttes de rosée ». C’est aussi le cas des aiguilles romaines que Czapek a conçues avec Waeber HMS, « qui sont devenues un trait de personnalité indissociable de la marque », explique Xavier de Roquemaurel, son CEO.

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Marques de fabrique

A défaut de créer leur propre géométrie d’aiguilles, nombre de maisons utilisent le contrepoids de celle des secondes pour créer leur identité. L’étoile chez Montlanc ou sur le El Primero de Zenith, le T chez Tissot, le B chez Breitling, le Cobra sur la Capeland Shelby de Baume & Mercier, le « B » façon alphabet marin chez Breguet : les exemples sont multiples !

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Les formes aussi, du reste, où l’on pourrait citer les aiguilles bâtons (Hermès, Nomos), squelette (sur presque toutes les Greubel Forsey, par exemple, ou chez HYT chez qui elles sont complétées de matière luminescente), sans évoquer encore les finitions : la plupart des aiguilles sont an acier (bleui ou non), en or (pour le haut de gamme), certaines mettant en avant un niveau de finition remarquable (polissage ‘zaratsu’ chez Grand Seiko). Autant de combinaisons possibles sur si peu de volume...