Marie de Pimodan-Bugnon: Piaget signe un nouveau record de finesse avec l’Altiplano 900P. Pourquoi poursuivre dans cette voie ?
Frank Touzeau: Piaget a toujours eu la volonté de développer des calibres ultraplats. L’essence de la maison réside dans l’ultraplat et nous révélons chaque année des modèles élégants et intemporels. Même quand le trend était aux montres « bulky », il y a cinq ans, Piaget n’a jamais voué son âme au diable. Notre stratégie autour de l’ultraplat n’est pas du tout opportuniste, ça fait plus de cinquante ans qu’on travaille dans ce domaine. Il faut que ça se sache parce que la marque a un vrai talent sur ce terrain et on n’est pas toujours assez reconnu en tant que tel même si, aujourd’hui, tous nos partenaires apprécient Piaget comme le maître de l’ultraplat.
De quelle manière avez-vous travaillé pour créer la 900P?
La philosophie de la maison est très simple : quand on a la chance de travailler avec des calibres ultraplats, ça libère la créativité au niveau de la boîte, au niveau de la conception et des développements audacieux. Une synergie que l’on a illustrée au travers de notre site de la Côte-aux-Fées qui s’est associé au développement de la boîte, à côté de Genève avec l’appui du bureau de design pour trouver toutes les solutions possibles pour réduire l’espace entre les différents composants à l’intérieur de la montre. C’est ainsi qu’est née l’Altiplano 900P, la montre mécanique la plus fine au monde dont le fond du boîtier sert de platine au mouvement.
Piaget est à nouveau très présent dans le domaine des métiers d’art. Cette expression n’est-elle pas un peu galvaudée ?
Les métiers d’art, c’est historique chez Piaget, on a fait les premières pièces en émail en 1964 et 1965 ; en 2001 quand on a recommencé à travailler le développement de la maison dans ce domaine, on a construit un partenariat avec Anita Porchet qui est pour moi l’artiste contemporaine la meilleure au monde. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on l’a choisie. C’est la digne élève de Suzanne Rohr, elle-même héritière du célèbre émailleur Charles Poluzzi. Quand on connaît le métier de l’émail, la communication qui est faite autour de certaines pièces est juste une hérésie. C’est très simple pour une marque de mentir et de dire : « Nous aussi on fait de l’émail ». Il y a un amalgame incroyable autour de ces métiers d’art. Un respect des traditions doit être fait sur ce segment, surtout quand le savoir-faire existe depuis plus d’un siècle, de surcroît à Genève. Aujourd’hui, qui est capable de faire de l’émail miniature opalescent? Il n’y en a pas beaucoup. Et c’est dommage parce que c’est fabuleux.
"Piaget est une marque confidentielle et élitiste".
Le squelettage est aussi une expertise spécifique de Piaget. Comment l’illustrez-vous cette année ?
Piaget était en 2005 la première marque à développer des mouvements squelettes en or intégralement serti. En 2010, des marques sont venues jouer sur le même terrain mais on s’est rendu compte qu’aucune d’entre elles n’était capable de sertir les parties fonctionnelles du calibre. On sort cette année un nouveau calibre mécanique à remontage manuel complètement dédié aux femmes dans une taille de 34mm intégralement serti de diamants. C’est une vraie dentelle de diamants. Nous sortons aussi une Pièce Exceptionnelle, la Piaget Emperador Coussin Tourbillon automatique Squelette. Au-delà des pierres calibrées sur la lunette, on a le tourbillon le plus plat au monde développé en version squelette, serti de diamants baguettes pour la première fois dans l’histoire de l’horlogerie. Ce mouvement est serti côté cadran et côté fond mais aussi, et c’est une première mondiale, sur son profil. C’est une nouvelle manière de montrer que Piaget est une marque confidentielle et élitiste. On reste toujours sur de l’exclusivité. On essaie de toujours aller plus loin dans le développement de nos spécificités.
