Pourquoi pas… ? : L'Aquanaut 5167 A

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Pourquoi pas… ? : L'Aquanaut 5167 A - Patek Philippe
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Le point de vue du collectionneur sur une montre – et une marque – légendaires.


C’est en partant de Los Angeles que l’idée de cette revue m’est venue.
Dans la ville des Anges, le terme de légende prend toute son ampleur. Ce terme est souvent galvaudé. Au point que des starlettes aux formes généreuses se retrouvent parfois qualifiées « d’icône » après avoir dérapé en direct dans un reality show. Mais ici, les légendes sont réelles. Et c’est pour cela que j’ai décidé d’évoquer dans ces quelques lignes une montre – et une marque – légendaires.

Avant d’aller plus loin, essayons de comprendre pourquoi et comment un objet peut dépasser sa simple vocation, pour devenir une icône. Pour entrer dans ce panthéon horloger, il faut en fait combiner plusieurs critères. Il y a d’abord l’histoire. Une légende est ancrée dans une époque, une histoire ou un moment.

Cependant de nombreuses marques disposent d’une histoire. Et si ce n’est pas le cas, elles en créent une ! Ce premier élément est donc important mais pas suffisant. A partir de là, il faut rajouter le design. L’exercice est particulièrement difficile. Parfois c’est une erreur, un hasard, ou la chance. Mais quelque fois c’est du génie ! Ce qui est certain, c’est que la montre « iconique » se reconnaît de loin, elle parle d’elle-même.

Son design doit être unique, et ne laisse jamais indifférent. C’est l’élément le plus mystérieux de la réussite. La montre de légende donne l’impression de ne pas avoir été dessinée pour plaire, ce n’est pas un produit de réponse au marché, ni un instrument marketing. Elle invente quelque chose et devient une référence. Elle sera copiée, parfois raillée. Mais toujours admirée. Mais elle ne cèdera – presque - jamais aux « tendances » de la mode. La légende ne pactise pas avec le superficiel et le futile.

Finalement, la montre légendaire dépasse les considérations mercantiles pour s’installer dans la durée. Cet élément est aussi important que l’histoire ou le design.
Une légende ne change pas. Elle passe les époques, se bonifie parfois, mais refuse toute évolution trop importante. Un changement serait une insulte à sa nature. Sa force est telle qu’elle exige des autres de s’adapter. Ce n’est pas à elle de faire des efforts. La légende ne cherche pas à séduire. Elle est, un point c’est tout. Mais son pouvoir d’attraction est tel qu’elle peut se permettre de ne pas chercher à plaire. C’est d’ailleurs ce que l’on reproche parfois aux marques qui ont la chance d’abriter des pièces iconiques : elles se comportent parfois avec arrogance, distance ou orgueil.

Une icône n’est pas un produit, c’est une émotion.

Mais une star ne serait pas ce qu’elle est sans ses caprices. Parce qu’une icône n’est pas un produit, c’est une émotion. La montre de légende est donc un cocktail chanceux qui mélange histoire, design, durée, émotion et rareté.
Acquérir une légende, cela doit se mériter. C’est un exercice parfois complexe, long, voire douloureux. On l’attend, on l’espère. C’est l’ingrédient final de la vraie légende. Dans de nombreux cas, elle entre dans la vie de celui qui se l’offre. Elle s’associe avec un moment (un anniversaire), un sentiment (l’amour), ou un souvenir (une nuit d’amour, un lieu). Une légende c’est aussi une mémoire, un lien intime entre l’inaccessible et le vécu.
Alors aujourd’hui, je vais essayer de vous parler d’une montre qui a acquis ce statut. Je dis bien essayer, pour montrer le respect que je voue à cette pièce.
Cette montre est une Patek Philippe. Je vous présente l’Aquanaut …

Patek Philippe Aquanaut 5167 A

Pourquoi Patek Philippe ?

Il est difficile de parler de LA marque de Haute Horlogerie. Patek, c’est un nom autant qu’une histoire. C’est avant tout une référence et un graal. La quête de nombreux collectionneurs. Une Patek doit se mériter, c’est mon avis. C’est une montre qu’il faut se préparer à avoir. En tant qu’amateur de belle horlogerie, j’ai eu la chance de posséder des pièces de nombreuses marques. Mais jamais de Patek Philippe. Ou du moins pas encore…

Cela reste un choix. J’en ai porté, essayé. Mais ma première Patek devra célébrer quelque chose d’important.
Patek est d’autant plus une légende pour moi que son histoire est celle d’immigrés polonais qui se sont lancés dans une aventure industrielle autant qu’artisanale. C’est donc un hommage à ceux qui ont osé et qui sont partis de leur pays, pour tenter l’aventure de leur vie. Antoine Norbert de Patek et François Czapek sont partis de Pologne pour se retrouver en Suisse. Mon grand-père et sa famille ont fait de même pour traverser l’Europe à pied.

jean-adrien philippe antoine-norbert de patek
A partir de cette rencontre, l’homme d’affaire et l’horloger ont réalisé leurs premières créations.
L’histoire peut donc commencer. Il y aura des désaccords, de nouvelles rencontres (l’ingénieur français Jean Adrien Philippe) mais peu à peu, la marque atteindra les sommets pour ne plus les quitter. Il serait bien trop long de décrire ce que Patek Philippe a apporté à l’horlogerie. Disons juste qu’il y a Patek, et il y a les autres. La marque brille tout autant grâce à son excellence technique que par l’aura qu’elle dégage.

Elle puise son statut tout autant dans la réalité (ses créations, ses innovations, sa qualité) que dans l’imaginaire. Il suffit d’aller dans une salle de vente pour se rendre compte du pouvoir d’attraction des Patek Philippe vintage.
Et de voir que l’on dépasse alors le rationnel pour rentrer dans un monde différent, avec ses codes, ses dits et ses non-dits. Une légende est autant reconnue par ses admirateurs que par ses détracteurs.
Et Patek Philippe est clairement à classer dans cette catégorie.

La Patek Philippe Aquanaut : l’anachronique

Patek Philippe décide de lancer une montre «life style», sans complication, pour de nouveaux clients, plus jeunes.

Le terme anachronique peut sembler négatif. Il ne l’est pas.
C’est d’ailleurs un élément de plus à rajouter à la liste des caractéristiques des garde-temps légendaires. Parfois leur statut est directement lié à un décalage entre une perception et une réalité. L’histoire de l’Aquanaut débute en 1997.
Patek Philippe décide alors de lancer une montre « life style », sans complication, qui doit amener vers la marque de nouveaux clients, plus jeunes. Pour atteindre cet objectif, il faut essayer quelque chose de nouveau, sans pour autant perdre la « patte » Patek. La montre doit être sportive, classique, mais aussi originale et décalée. Patek Philippe dispose déjà d’une monte de sport dans sa collection. Il s’agit de la Nautilus. L’Aquanaut s’en inspire, tout en marquant clairement son territoire.

Certain la qualifieront de montre d’ « entrée de gamme ». Ce n’est pas lui rendre hommage. Pour moi l’Aquanaut est une sorte de Patek 2.0. Une pièce qui transcende l’histoire, et qui se permet même une certaine forme d’humour, ce qui n’est pas forcément un mot qui se marie bien avec Patek Philippe.
 
Même si elle porte un nom marin, l’Aquanaut n’est pas une montre de plongée. Loin s’en faut. Elle est cependant étanche à 120 mètres et dispose d’une couronne vissée.
L’étanchéité à 120 mètres lui donne un côté Vintage séduisant, les pièces étanches à 120m étant plutôt des montres sportives des années 50 ou 60.
Si on se voit mal faire de la plongée bouteille avec une Aquanaut, elle s’inscrit cependant bien dans la catégorie lifestyle, une pièce passe partout, qui est autant sportive que classique.
L’Aquanaut brille donc par sa versatilité.

Son boîtier octogonal en acier la rapproche de la Nautilus mais avec un design plus arrondi, certains diront plus assagi. Avec ses 40mm, elle a une taille idéale. Elle alterne les finitions brossées et satinée, et cela lui va à ravir.

L’Aquanaut se distingue par son cadran « carré de chocolat ». C’est sans conteste l’élément qui confère à cette montre toute son originalité, et ce côté sportif si séduisant. Le cadran est magnifique, et les chiffres appliqués sont parfaitement visibles. La date est située à 3 heures, et la pièce affiche aussi une seconde centrale. Les chiffres sont « doublés » par des indicateurs horaires également luminescents. Les « carrés de chocolat » ne sont pas réguliers, mais adoptent un design « arrondi » qui donne du volume et de la présence.
Le logo Patek Philippe / Genève reste discret. Les aiguilles sont épaisses, confirmant ainsi la vocation sportive de l’Aquanaut.

Notre Patek 2.0 est livrée soit sur bracelet acier, soit sur un « Tropical » en caoutchouc. Pas d’hésitation, la vraie Aquanaut doit être celle sur Tropic ! Il reprend le design du cadran et contribue au succès de la montre. Le bracelet est équipé d’une boucle déployante gravée de la croix de Calatrava, symbole de la marque genevoise.

Mais bien sûr, l’Aquanaut ne serait pas une Patek Philippe si elle n’était pas dotée d’un calibe exceptionnel. Le 324 SC (pour Seconde Centrale) est un mouvement simple, à remontage automatique de 3,3 mm d’épaisseur et de 27 mm de diamètre. Il offre une réserve de marche de 45 heures.  Le mouvement est visible à travers un fond saphir, et on pourra admirer le poinçon Patek Philippe, signe d’une qualité irréprochable.

Si j’ai qualifié l’Aquanaut d’anachronique, c’est qu’elle est en rupture avec l’image sage, discrète et un brin rétro de Patek Philippe. L’Aquanaut ose beaucoup de choses: la taille, l’acier, le Tropic, le cadran travaillé, et même un nom un brin désuet qui sent bon les aventures sous-marines de héros de bandes dessinées !
Et il y a là autant de raisons de ne pas aimer cette pièce, que de l’adorer. Les puristes s’en détacheront peut-être. Personnellement, j’adore !

Qu’en pense l’avocat du Diable ?

Peut-on critiquer les rondeurs de Marilyn, la gueule cassée de Sammy Davis Junior ou les santiags aux talons coupés de John Wayne ? Non.
Alors peut-on trouver des défauts à l’Aquanaut ? Honnêtement, c’est difficile. Le seul reproche peut être que le bracelet doit être coupé pour être mis à la taille. Cela permet d’avoir une découpe idéale et d’adapter parfaitement la montre au poignet de son heureux possesseur. Mais la taille du poignet varie. Les régimes ou les excès, le sport mais aussi la chaleur, voire la pression en avion. Et j’aurais aimé que ce bracelet soit réglable.
Et même si la boucle est fort bien réalisée, elle aurait pu être plus « Patek Philippe », en s’inspirant des modèles plus classiques tout en y ajoutant le côté décalé qui fait le charme de la belle anachronique.

Marilyn Monroe
Quelle image véhiculera le porteur de cette Patek Philippe ?

Style, goût, subtilité et impertinence. Ces quatre mots viennent à l’esprit lorsque l’on pense au porteur de cette Aquanaut. Comme nous l’avons vu, l’Aquanaut brille par sa capacité à s’adapter à toutes les situations.
Mais ce qui lui va le mieux, c’est un environnement casual, plus Côte Ouest que Côte Est. Et comme une légende ne s’associe qu’avec des légendes, le porteur de cette Aquanaut pourrait facilement oser un assortiment de pièces vintage et d’« icônes » de la mode. Une chemise blanche, un jean Levis vintage (le très rare Levis 501 Big E), une paire de GH Bass Weejun en Cordovan (à trouver sur la Toile, le modèle n’étant plus produit), ou – à défaut - des Allen Edmonds Strand en cordovan Bourbon (rare) et une veste Roadster de Loro Piana.
 
Et pour fêter l’arrivée de votre Aquanaut, rien de tel qu’un dîner au Château Marmont, le légendaire hôtel de Sunset Boulevard, abri des stars en devenir autant que de celles qui se retirent du monde … pour quelques heures !

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