Le premier sera le dernier

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The first shall be the last - Omega
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Alors que les trois quarts des quelque 300 montres du collectionneur George Tan sont des Omega, une question se pose : pourquoi Omega ?

Aujourd’hui jeune quadragénaire et chef du protocole à l’Armée de Singapour, George Tan a commencé à s’intéresser aux montres entre 18 et 19 ans. Cependant, sa recherche de montres a débuté dans la douleur. "Je ne connaissais rien aux montres. Je me souviens que, pour me récompenser d’avoir bien avoir réussi mes examens à l’école, mon oncle m’a offert une montre à quartz Raymond Weil en or 18 carats. Je ne savais même pas qu’elle était en or quand je l’ai reçue."

"Un jour que je passais devant une boutique d’occasion, le propriétaire a vu ma montre et il m'en a offert 200 SGD. Tout content, je la lui ai vendue, mais quand je l’ai annoncé à mon oncle, j’ai eu droit à une belle réprimande, car il l’avait payée plusieurs milliers de dollars ! À l’époque, j’ignorais qu’une montre pouvait coûter si cher", raconte George avec candeur.

Mais ce n'était que le début de son apprentissage à la dure école de l’éducation horlogère. "Au début, je me procurais des montres d’occasion au marché aux puces de Sungei Road, aujourd'hui disparu, à Singapour. J’aimais y emmener Emily, ma petite amie de l’époque et aujourd’hui ma femme (lire l’article Qui épouse un coq...) pour lui montrer un autre visage de Singapour mais aussi pour lui faire apprécier ce qui me plaisait. En plus, le marché aux puces a été une bonne école pour moi et j’y ai appris beaucoup de choses. Je voulais aquérir une connaissance approfondie des montres, car je me suis souvent fait rouler."

"Un jour, j’ai acheté une Omega pour environ 90 SGD, ce que je trouvais bon marché. Elle s’est arrêtée après une semaine. Sentant mon inquiétude, un de mes amis m’a recommandé un restaurateur de montres. Horrifié, j’ai écouté ce dernier m’informer que le cadran n’était pas bien fixé, que certaines pièces n'étaient pas d'origine et que plusieurs composants du mouvement étaient fixés avec de la super glue ! Évidemment, j’étais en colère. Mais aussi un peu reconnaissant envers le vendeur, car cette mauvaise experience m’a poussé à approfondir mes connaissances des mouvements, en particulier les mouvements d'Omega. Omega fut la première marque avec laquelle j’ai eu des affinités, c'est pourquoi j'aime cette marque."

"On trouve des montres anciennes Omega de tous types et de toutes formes, à prix raisonnables, et on y reconnaît l’accent mis sur la technologie par Omega. Quand Rolex fabriquait la première montre étanche en 1927, Omega réalisait la première montre de plongée. Testée en 1932, elle était capable de résister à une pression équivalente à 135 mètres de profondeur. Connue sous le nom d'Omega Marine, elle comportait un boîtier dans le boîtier. Omega a également été la première à placer l’échelle tachymétrique à l’extérieur de la montre. Et, sauf erreur, Omega était aussi une marque très prestigieuse dans les années 1950 et 1960", note George.

Le premier sera le dernier

George s’est parfois entendu dire que, s'il avait collectionné une autre marque, il serait bien plus riche. Mais ce n’est pas son objectif. "Une montre doit m'apporter de la joie et du bonheur. Le simple fait de connaître et de comprendre les montres, d’échanger sur les montres, me procure une immense satisfaction", explique-t-il.

Une de ses premières Omega fut un modèle Genève, une collection abandonnée en 1979. Il la vendit ensuite lorsqu’il découvrit la Speedmaster. Sa toute première Speedmaster fut la référence 105.002-62, avec le Calibre 321 à remontage manuel. Il eut le coup de foudre pour son design et son cadran. Sa passion pour les Speedmaster ne s’est pas tarie depuis.

La 105.002-62 est surnommée l’Omega Speedmaster 2½ gen; un point surmonte le chiffre 90 sur la lunette. Aujourd’hui, cette lunette se négocie entre 4 000 SGD et 6 000 SGD. Sur le fond du boîtier ne figure que le mot Speedmaster au-dessus du logo hippocampe d’Omega, car la Speedmaster n’avait pas encore été certifiée par la NASA à ce moment-là.  

Le premier sera le dernier

Parmi ses pièces les plus prestigieuses figure logiquement l’Omega référence 105.012 ST, l’un des deux modèles Speedmaster utilisés par les astronautes des missions Apollo de la NASA, dont certains sont allés sur la lune. "C’est le rêve de tout collectionneur d’Omega de posséder une pièce historique. Je suis fier de posséder en particulier ces deux modèles très rares, de vraies pièces de collection", confesse George avec un large sourire.

Le jour où nous nous sommes rencontrés pour cette interview, notre collectionneur portait une Speedmaster plus commune, la Apollo 11 45th Anniversary Limited Edition, de 2014. C’est la première Speedmaster avec un boîtier en titane et or Sedna, ce qui en fait une pièce unique et spéciale à ses yeux.

Une autre de ses récentes acquisitions est la Speedmaster Tokyo 2020 Olympics Limited Edition, un modèle disponible au Japon uniquement, qu’Eddie Sng, un autre grand collectionneur d’Omega et ami de George, lui a rapportée d’un voyage dans ce pays.

Il y a eu beaucoup de premières pour la Speedmaster. Par exemple, en plus d’avoir été la première montre sur la lune, la Speedmaster fut la première à afficher l’échelle tachymétrique sur la lunette plutôt que sur le cadran. George a commencé sa collection avec Omega, après être tombé amoureux de la marque, et cet intérêt n’est pas près de s’arrêter.

Mais pour lui, le plus important est probablement que son épouse Emily fut une “première” aussi – elle a été son premier grand amour et je me permets d’ajouter qu’elle sera aussi certainement le dernier. "C’est Emily qui m’a conseillé de me concentrer sur une collection ou sur une marque. J’ai suivi son conseil et ne l’ai jamais regretté. Je suis très fier de son soutien. Sans elle, je ne crois pas que j’aurais réussi à cultiver ce hobby", avoue George, sourire aux lèvres.

Le premier sera le dernier

 

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