In medias res est un terme littéraire utilisé pour décrire des récits qui placent dès le début le lecteur au cœur même de l'action, sans préparation ou explication préalable des événements qui ont précédé.
L'année passée, l'annonce de la relance du cal. historique 321 par Omega nous a plongés dans le récit, d'un point de vue narratif, de façon in medias res. Pour les aficionados d'Omega, et Dieu sait qu’il y en a beaucoup, la nouvelle était fortement captivante. Un mouvement Omega historique, abandonné depuis un demi-siècle déjà et dont le chant du cygne a résonné au poignet de Buzz Aldrin au moment même où il a posé le pied sur la surface lunaire en 1969, était remis en production pour commémorer les cinquante ans de l'alunissage.
Pour les anciens membres de la communauté des amoureux d'Omega, le réel poids du cal. 321 réside dans la succession des années (voire des décennies) d’anticipation au vu du retour de ce mouvement phare. En janvier 2019, lorsque la nouvelle a éclaté au grand jour, cette anticipation longtemps entretenue s'est alors transformée en une excitation louangeuse d'une ampleur quasi messianique.
Le cal. 321, produit pour la première fois en 1946, était l'appellation interne qu’utilisait Omega pour dénoter une variante du célèbre cal. 2310 de Lemania, un exemple rare d'un mouvement à la fois utilitaire et beau. À ce jour, c'est le seul mouvement de montre mécanique à avoir été sur la lune. Son successeur, l'Omega cal. 861, actionnait des montres qui ont équipé diverses missions spatiales de la NASA, mais qui n'ont jamais été sur la lune.
Omega a mis deux ans pour recréer de façon fidèle le cal. 321, en utilisant les schémas de production de sa marque voisine Breguet (qui avait acquis et intégré les installations de Lemania en 1992). Pour couronner le tout, Omega était familière avec le cal. 321. En effet, elle était elle-même équipée de grandes quantités de pièces de rechange utilisées pour le service et l'entretien des montres anciennes ; des pièces qui étaient envoyées par les propriétaires de pièces Omega vintage. Le dernier détail qui a permis à Omega de recréer au détail près la version du cal. 321 qui est allé sur la lune était la montre personnelle d'Eugene Cernan, le dernier homme à avoir marché sur la surface lunaire. La montre de Cernan a été scannée à des frais élevés afin de créer une copie numérique entièrement 3D du mouvement. Une copie qui a été minutieusement comparée et ajustée pour ce nouveau projet.
Le résultat final se trouve dans l'Omega Speedmaster Professional Moonwatch Calibre 321 Platinum, lancée en plein été 2019. Cette année, le calibre 321 réside au sein d’une Speedmaster en acier inoxydable, faisant écho au modèle porté par l'astronaute Ed White lors de sa sortie extravéhiculaire en 1965.
En hommage fidèle à cette montre historique, la Speedmaster Moonwatch 321 Stainless Steel "Ed White" possède des cornes droites et non biseautées, n’a pas de protège-couronne ni de poussoir, comporte une lunette marquée du point signature au-dessus du chiffre 90 (détail très apprécié par les collectionneurs) et délivre un cadran à plusieurs niveaux. Esthétiquement, c'est quasiment une reproduction de la montre dont elle s'inspire. Les matériaux modernes sont toutefois les bienvenus, comme on le voit à travers la lunette en céramique et le verre du cadran en saphir.
C'est l'une des rares montres Omega qui n'utilise pas l'échappement Co-Axial de la marque. Les raisons sont strictement philosophiques : aussi pratique et innovant que soit cet échappement, sa mise en œuvre nuirait à la commémoration d'une époque particulière de l'histoire du cal. 321, sans parler de la nécessité de la réingénierie supplémentaire du mouvement qui pourrait altérer la beauté caractéristique du cal. 321.
L'Omega Speedmaster Moonwatch 321 Stainless Steel "Ed White" n'est pas une édition limitée, pour le plus grand bonheur des collectionneurs et des passionnés d'alunissage du monde entier, mais sa production très rigoureuse (assemblage, tests et réglages effectués par un seul horloger) ne devrait pas mener à une production colosale de ce modèle. Telle une histoire capable de captiver le monde entier, le cal. 321 demeurera une exception.
A suivre : ATTERRISSAGE DANS 3-2-1, ou, comment Omega a ramené le cal. 321 à la maison.
