La recette rétro

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The retro recipe - Vintage watches
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Les montres vintage puisent dans un répertoire de détails. En les combinant, on obtient des compositions typiques. Mais attention à ne pas verser dans la caricature.

C'est un peu comme une recette de cuisine. Pour réussir une montre vintage, les designers disposent d'ingrédients, qu'ils composent à leur guise. Ils sont issus de diverses époques, divers registres, et sont tous typiques du style horlo-nostalgique. Mis tous ensemble, ils forment un plat lourd, peu digeste. Bien dosés, équilibrés, exécutés avec précision, ils produisent un effet appétissant. Entre le maniérisme et l'élégance, la frontière est fine. La profusion des modèles disponibles fait que l'on trouve beaucoup du premier et moins du second. Car il faut bien constater que la moitié des restaurants (les marques horlogères, donc), servent du rétro en plat principal. Certains ont même la main lourde et en alignent de l'entrée au dessert.

Alors quels sont ces ingrédients, ces détails de composition qui sont si typiques qu'ils sont devenus des signatures visuelles ? Dans le désordre :

  • des index en Superluminova brun, qui rappellent le radium ou le tritium vieilli, matières qu'on ne peut plus utiliser;
  • une typographie en cursive ou en italique, avec des pleins et des déliés, comme une écriture d'écolier bien exécutée à la plume d'oie;
  • un logo sorti des archives, qui signe souvent une collection dédiée aux rééditions ou aux modèles qui pourraient en être;
  • un style sportif, idéalement une plongeuse, ou alors une tool-watch pensée pour une époque où une seule montre devait satisfaire tous les besoins;
  • de l'acier, forcément satiné, surtout pas poli, mais obligatoirement accompagné d'une déclinaison en bronze voire, pour faire luxueux, en or jaune bien jaune;
  • des index en applique rectangulaires, de préférence avec des rainures sur l'extrémité;
  • un cadran dégradé, plus clair au centre et plus foncé en périphérie, clin d'oeil appuyé aux cadrans tropicaux, ceux qui ont mal vieilli au soleil (et donc qui ont réellement vieilli);
  • quelques petites touches d'or dans beaucoup d'acier, une couronne, une lunette, des index, comme ces montres qui voulaient rester abordables mais s'égayer de touches chaudes et qui faisaient un peu riche;
  • une boîte en or et acier, histoire de prolonger la tendance précédente jusqu'à l'époque de sa grande gloire, les années 80;
  • des boîtes intégrées, c'est-à-dire monocorps, dont les extrémités font office de cornes, qui se retrouvent à ne pas dépasser du boîtier;
  • un certain sens de l'épure, avec des aiguilles et des index fins pour s'ancrer dans le style années 40-5;
  • des petits boîtiers, pas aussi petits que lors des époques originelles, où ils tournaient entre 33 et 36 mm, mais tout de même, il est de bon ton de rester entre 36 et 40 mm;
  • un bracelet en cuir au choix : vieilli, patiné, craquelé, abîmé ou alors perforé, mais dans tous les cas avec des points de couture contrastants et qui partent sur les côtés juste avant les cornes. Il peut être de n'importe quelle couleur du moment que c'est un marron;
  • un bracelet en tissu, nylon, perlon, tressé, tissé, bref, un NATO sous une forme ou une autre et de préférence avec un mélange de couleurs fantaisiste;
  • pour les années 80, une typographie un peu laide, trop fine, qui a mal vieilli (il faut quand même le dire, les 80's représentent un très grand creux dans l'histoire du design horloger...);
  • une touche d'orange ou de bleu électrique, n’importe où, aiguille, compteur, motif sur le cadran, surpiqûre du bracelet;
  • un verre en plexiglas si possible, en verre minéral tant qu'à faire et si les contraintes pratiques imposent le saphir, il doit impérativement être de forme cheminée, ou chevé, ou glassbox, bref, proéminent;
  • des aiguilles bâton parfaitement rectangulaires pour les années 70, des aiguilles dauphines ou feuilles très fines pour les années 60, des aiguilles cathédrale pour le style années 10-20-30;
  • comme nom de collection ou de modèle, Héritage ou Tradition, accolé à une date;
  • un surnom, ou un diminutif, ce qui permet de donner l'illusion que la montre a été acceptée dans le cénacle des amateurs de vintage, qu'ils se la sont appropriée et qu'elle est donc parée de légitimité.