Qui veut détrôner le noir?

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Who wants to be the new black? - Watches with colour
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Tous les deux ans, une nouvelle tendance chromatique veut chiper sa place au noir. Bon courage, surtout qu'il ne s'agit pas de la plus importante des couleurs...

En 2014, lors de Baselworld, un confrère journaliste m'a demandé à brûle-pourpoint si je pensais que « blue is the new black », que le bleu était devenu le nouveau noir.  Il est vrai que cette couleur commençait à se répandre comme une traînée de poudre. Et depuis, à intervalles réguliers, on a pu lire des titres et des revendications de marques selon lesquels que le marron, ou le vert, étaient devenus ce même nouveau noir.

Qui veut détrôner le noir?

Il semblerait que toutes ces teintes veulent le remplacer, lui voler son statut de couleur absolue. Et il est vrai que le noir dispose d'une image à part. D'abord, il n'est pas une couleur stricto sensu, mais l'absence de lumière, et partant, de couleur. Par nature, cela le rend insaisissable. Ensuite, dans la mode, dans l'automobile, le noir est puissant. Il est un raccourci vers l'élégance, la sobriété. Il gomme les lignes, éteint les défauts et procure un rendu strict qui en impose. Dans la symbolique, aussi, le noir est une couleur de domination. Celle du mal, de la force, de la nuit, de la peur. Un joli tableau de chasse.

Qui veut détrôner le noir?

L'horlogerie n'a réussi à se l'approprier que tardivement. En effet, aucun métal travaillable et portable au poignet n'existe de couleur noire, qui a donc longtemps brillé par son absence. Les premières tentatives de placage dans les années 70-80, de la part d'Heuer et IWC, se sont révélées fragiles, peu durables, et de toute manière n'ont pas connu de succès particulier. Rado travaillait la céramique depuis longtemps, mais sans arriver à lui procurer une dimension à la hauteur. Dans les années 2000, la céramique interprétée par Chanel et les techniques PVD et DLC ont changé la donne. Elles ont permis à l'horlogerie féminine de s'inventer des équivalents de la fameuse petite robe noire. L’horlogerie masculine y a trouvé la parade aux plastiques des montres Casio et a pu entrer dans une ère de style militaire, fusion, dur de dur qui porte une montre XL qui fait un peu peur tellement elle est sombre.

Qui veut détrôner le noir?

Depuis, des vagues successives de micro-tendances horlo-chromatiques se sont enchaînées. Le bleu a été suivi du marron, auquel a succédé le beige pour aboutir à la dernière coqueluche des traqueurs de sujets qui trendent, le vert. Avant qu'on nous mette sous le nez le violet, le rouge ou le jaune. Or, si le bleu dispose d'un statut fort, en particulier grâce à l’influence du vestiaire masculin, aucune autre de ces couleurs ne peut prétendre à un statut significatif. Trop difficiles à porter, à assortir, trop anecdotiques...

Qui veut détrôner le noir?

Alors il faut se rendre à l'évidence, le noir est trop fort, trop incontournable...sauf que dans le domaine des montres, c'est se tromper de cible. Car, en horlogerie, la couleur maîtresse n'est pas le noir. C'est le gris. Celui de l'acier d'abord, la matière la plus courante. Celui de l'or gris ensuite, même s'il ne rivalise pas avec les couleurs d'or plus proches du naturel, jaune et rose. Celui du platine, qui reste la matière la plus précieuse qui soit. Alors j'attends qu'on me demande si « black is the new grey ».