Montres de chemin de fer : Louis Moinet renouvelle l’exercice transcontinental

On les croyait disparues, elles reviennent : avec une série limitée célébrant les 150 ans du chemin de fer transcontinental américain, Louis Moinet réinterprète la grande tradition des « RailRoad Watches ».

Aujourd’hui, une montre doit être précise, voire très précise. Pourquoi ? Nul ne le sait. Probablement pour la beauté de la mécanique et de la recherche horlogère mais, en toute sincérité, qu’une montre perde 1 ou 7 secondes par jour ne change rien au jour en question ! Nos smartphones, auxquels tout le monde se réfère pour avoir l’heure, n’indiquent d’ailleurs même pas la seconde et personne ne s’en émeut.

Cette insouciance n’a pas toujours été de mise. Par les siècles passés, la recherche de la précision à la seconde était concrètement déterminante. Au XVIIIe siècle, lorsque les grandes nations maritimes, Angleterre et France en tête, bataillaient pour déterminer la longitude avec précision, c’est parce qu’une poignée de secondes d’avance ou de retard pouvait générer des dizaines de miles nautiques d’erreur et, par voie de conséquences, des jours entiers et perdus de navigation.

4 minutes, 9 morts

C’est aux abords du XIXe siècle que la précision d’une montre allait, une fois encore, se montrer déterminante, non plus en mer mais sur terre : pour la synchronisation des chemins de fer. L’absence de ponctualité ferroviaire s’est dramatiquement rappelée au bon esprit des horlogers le 19 avril 1891 à Cleveland, dans l’Ohio. Là, deux trains se sont percutés. Motif : l’un des deux conducteurs n’avait pas sa montre à l’heure juste et s’était engagé trop tôt sur sa voie alors que le train précédent y circulait encore. Sa montre avait quatre minutes de retard. Il pensait avoir 7 minutes pour joindre le prochain croisement. En réalité, il n’en avait que 3. Bilan : 9 morts.

Un épisode fondateur

Ce tragique épisode est communément vu comme l’élément fondateur de la « RailRoad watch », une montre professionnelle destinée aux cheminots. En somme, l’une des premières montres professionnelles, bien avant les montres de plongées ou de militaires, lesquelles n’arriveront qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, 25 ans plus tard. Encore aujourd’hui, beaucoup ignorent la formidable antériorité de la « RailRoad watch » comme étant la première « tool watch » au monde.

La naissance des « RR Watches »

De nombreuses marques ont alors engagé leur savoir-faire dans la conception de montres de poches estampillées « RR », pour RailRoad, garante d’une certaine précision. C’est d’ailleurs un bijoutier de Cleveland qui, le premier, posa les bases d’un cahier des charges draconien : Webster Clay Ball, qui allait donner naissance en 1891 aux montres Ball Watch, qui existent toujours. Parmi ses critères, une précision de 30 secondes à la semaine – soit plus ou moins 4 secondes par jour, un exploit pour cette époque. Autre exigence : une révision de la montre tous les 15 jours par un horloger qualifié.

Ce cahier des charges fit grand bruit. Le 19 juillet 1891, l'intendant général du réseau ferré des Grands Lacs a nommé Webb C. Ball inspecteur en charge de ses lignes. Son premier système de contrôle a marqué le début du vaste réseau Ball qui allait couvrir 75 % des chemins de fer du pays, soit plus de 280 000 km de rails.

Un exploit humain et technologique

Pas moins de 37 marques se sont vues déclarées conformes à ce règlement, parmi lesquelles Hamilton, Longines, IWC, Omega, Zenith, qui existent toujours ou, plus près de nous, les montres Elgin ou Waltham, aujourd’hui disparues.

Montres de chemin de fer : Louis Moinet renouvelle l’exercice transcontinental

Aujourd’hui, ce sont les Ateliers Louis Moinet qui réinventent le style, avec une série limitée en souscription qui commémore les 150 ans du premier chemin de fer transcontinental américain, reliant donc ses côtes est et ouest. Il fut inauguré après 6 ans d’efforts pour s’affranchir de la Sierra Nevada, éviter la Vallée de la Mort, contourner les pics du Yosemite, les canyons et les rapides du Missouri. L’Est et l’Ouest se serrent la main lors de la pose du dernier rail à Promontory Summit le 10 mai 1869. Pour symboliser l’événement, un clou en or (le Golden Spike) y est planté, pour être ensuite remplacé par un clou en acier. Il est aujourd’hui précieusement conservé au musée de l’Université Stanford, en Californie.

Le renouveau Louis Moinet

L’inventeur du chronographe dévoile donc la montre « Transcontinental by Louis Moinet ». Un astucieux automate a été mis au point pour reproduire le système à bielle de « Jupiter » et « 119 », les deux locomotives ayant effectué la jonction de Promontory Summit en 1869. Cette bielle met en mouvement le fameux « Golden Spike », centre animé de la pièce, en mouvement de haut en bas, tels les milliers de clous plantés le long du périple. Les heures et minutes se lisent au centre de la montre, les secondes à six heures, sur un segment figurant sur le devant d’une locomotive. Commémorant l’aboutissement de 1869, seules 18 montres seront disponibles en or rose 18K et 69 montres en acier et en or rose 18K.

Marque