Cape Cod, la montre qui ne voulait pas grandir

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Cape Cod, the watch that didn’t want to grow up - Hermès
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Les icônes ont quelque chose de vieux. Un arrière-goût de statique, un parfum conservateur. La Cape Cod d’Hermès a donc décidé de ne pas en être une. A 25 ans, après tout, on a toute la vie devant soi.

Elle s’assume et s’amuse. Frivole, la Cape Cod ? A chacun d’en juger. La jeune fille de l’horlogerie Hermès souffle en tous cas ses 25 bougies, exaltant son jeune âge, sa fantaisie. Et, comme beaucoup de jeunes filles de son âge, elle s’offre pour l’occasion de nouvelles robes. Non, la Cape Cod ne se « réinvente » pas : elle n’en a pas encore besoin. C’est son éternelle jeunesse que l’on fête aujourd’hui !

Aux âmes bien nées...
Peu de belles demoiselles ont connu sa trajectoire. Il y a 25 ans, en 1991, l’horlogerie avait un genou à terre. Les grands noms de l’industrie, avec ceux de la mode, peinaient à refermer la décennie des années 80. Laquelle, avec le recul, n’a pas produit les plus belles gravures de mode, d’accessoires et d’horlogerie, loin s’en faut. Il fallait être visionnaire pour redonner de l’élégance au luxe, de l’être au paraître. Ou bien être libre, totalement libre d’esprit. Comme Henri d’Origny ?

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L’homme est un des rares designers à être connu et reconnu du grand public. Peu d’hommes arrivent à percer au-delà des créations qu’ils signent pour les plus grandes marques. Peut-être parce qu’Henri d’Origny est l’âme créative d’Hermès depuis...57 ans ! Il y a signé des centaines de cravates, de dizaines de carrés, même des cartes à jouer. Et la Cape Cod. « Il n’y avait pas réellement de brief à proprement parler », se remémore d’Origny. « Jean-Louis Dumas souhaitait une pièce de forme carrée, exprimant la singularité de l’objet. Lorsque j’ai réalisé la Cape Cod, je devais dessiner une montre carré et comme je n’aime pas obéir aux ordres j’ai fait une montre rectangulaire dans laquelle il y a un carré ».

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Coup double
Aussi simple que cela ? A court terme, oui, mais l’excellence du trait ne se prouve qu’au fil des années, voire des décennies. La Cape Cod, bien née, a traversé l’abîme du nouveau millénaire avec un coup de pouce inattendu. Il lui est venu de Martin Margiela, le couturier qui, lors d’un défilé en 1998, décida d’adjoindre à la belle un bracelet double tour. Aussitôt, les ventes s’affolent, la Cape Cod qui n’a que sept ans enjambe son âge de raison et se propulse superstar aux poignets du monde entier. Mieux, le bracelet double tour lui a survécu et s’impose encore aujourd’hui comme un marqueur d’Hermès !

Quinze ans plus tard, le père de la Cape Cod veille à chaque évolution de sa protégée. « Elle est sortie en une journée, en deux coups de crayon mais, dans 25 ans, à peu de choses près, elle ressemblera toujours à ce qu’elle est aujourd’hui, avec de nouvelles interprétations de cadrans, de finitions, d’animations ou de bracelet, mais son essence ne changera pas », prédit Henri d’Origny.

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La Maison Hermès abonde dans son sens. La ligne accueille en 2016 quelques nouveautés, qui la mènent plus loin encore. Un nouveau sertissage et un nouveau cadran en nacre. Une version masculine, prise dans une manchette. De nouveaux bracelets interchangeables, simple et double tour réalisés à la main dans des couleurs éclatantes, bleu électrique, iris, capucine, vert Véronèse, ultraviolet, rouge tomate. Des cadrans en onyx ou lapis-lazuli. Tous des futurs succès ? Sans nul doute, et Henri d’Origny livre lui-même le secret de cette belle longévité : « Je n’ai pas dessiné une montre mais un objet empreint de valeurs de la maison». La clé de l’éternelle jouvence ?

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