Pourquoi pas… l’Hanhart ClassicTimer

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Pourquoi pas… l’Hanhart ClassicTimer - Hanhart
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Le point de vue du collectionneur sur une montre... qui ne se porte pas et ne donne pas l'heure!



L’histoire de la mesure du temps remonte à des temps ancestraux. Et le fait de porter des montres au poignet est finalement assez récent. C’est pour cela qu’aujourd’hui, j’ai décidé de vous présenter une pièce qui ne se porte pas, et qui ne donne pas l’heure. Elle mérite toute notre attention, parce qu’elle nous renvoie aux origines de l’horlogerie moderne.


La vocation de l’horlogerie a toujours été la mesure du temps. Mais la notion de temps a évolué au cours des siècles. D’abord, il a fallu anticiper les changements de saisons et essayer de prévenir l’arrivée de la nuit. Et, petit à petit, l’homme a voulu plus de précision.


C’est le progrès technique qui a poussé les horlogers à aller toujours plus loin, ou à être plus précis. Avant d’être un objet de plaisir, la montre était un objet permettant de survivre, de conquérir ou de gagner des guerres.

Au XVIIIème siècle, l’horlogerie avait une importance stratégique. Les premiers chronomètres de marine qui équipaient les navires marchands ou les vaisseaux de guerre procuraient aux nations maritimes un véritable avantage concurrentiel et stratégique. La mesure des temps courts permettait alors aux marins de se repérer et de naviguer en toute sécurité. Plus tard, les chronomètres se sont rendus indispensables pour faciliter le trafic des trains et permettre d’améliorer la ponctualité de ce nouveau moyen de transport.


Et bien sûr, après la marine et les chemins de fer, c’est l’aviation qui est devenue une grande utilisatrice de chronomètre, en rajoutant notamment la fonction flyback (retour en vol), qui permet une remise à zéro en cours et de relancer instantanément une mesure. Cette complication était indispensable pour mesurer rapidement des segments de temps successifs, changer de cap rapidement et suivre des routes complexes avec de nombreux changements de direction.


Après l’utilisation stratégique, les chronomètres sont aussi devenus les adversaires mais également les partenaires des sportifs. Lorsqu’il a fallu courir de plus en plus vite pour battre des records, l’usage des chronomètres s’est étendu, et plus la performance avançait, plus les besoins d’outils de mesure fiables et précis se faisaient sentir.

Pour cela, il fallait aussi s’assurer que le chronomètre ne se trompait pas. C’est pour cette raison qu’a été créé dès 1973 le COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres) dont la mission était de certifier les instruments de mesure des temps courts pour s’assurer de leur fiabilité, en fonction de règles et de normes précises.

 

L’objet « chronomètre » est alors devenu un certificat, ce qui crée parfois une forme de confusion. Si le COSC certifie la qualité de la mesure du temps, le terme chronomètre reste inspiré par son origine grecque: chronos (temps).

La montre – dans sa définition actuelle – est donc un objet récent. Mais elle a trop souvent oublié ses origines. Il est donc rare de voir des marques revenir à cette partie de l’histoire de l’horlogerie, quand les gros chronomètres trônaient au milieu des ponts des trois mats, ou au centre des tableaux de bord des premiers aéronefs. Par chance, la « renaissance vintage » remet au goût du jour des pièces aujourd’hui inutiles mais tellement charmantes. C’est de l’une d’entre-elles dont je veux vous parler aujourd’hui : l’Hanhart Classic Timer.

Hanhart Classictimer

Pourquoi Hanhart ?


La marque Hanhart a été créée en 1882 à Diessenhofen (Suisse), par l’horloger du même nom. Très rapidement, l’encore jeune marque se redéploie dans le sud de l’Allemagne, et se spécialise dans la mesure des temps courts en commercialisant des « StopWatches » (chronomètres) qui allaient devenir des références. A partir de la fin des années 30, Hanhart commence à produire des chronographes, dont le fameux chronographe mono-poussoir « calibre 40 ». C’est au cours de la Seconde Guerre mondiale que la marque allemande va acquérir ses lettres de noblesse, en équipant les aviateurs et les marins avec des chronographes à vocation militaires, capables d’endurer des situations particulièrement difficiles tout en restant fiables.


Après la guerre, la manufacture est démantelée puis reconstruite, et la production repart au début des années 50. La marque continue à produire des chronographes qui équipent alors  – à titre de dédommagement - les troupes alliées, et notamment l’Armée de l’Air française.


Dans les années 60, la marque ralentit son activité pour renaître dans les années 1990, en relançant un de ses modèles phares, un chronographe de pilote de 1939. Le succès est au rendez-vous et désormais Hanhart produit principalement des chronographes, avec un style reconnaissable, notamment par la présence du fameux poussoir rouge.


La légende est belle et veut qu’un matin, un jeune pilote découvre que sa femme a recouvert le poussoir déclencheur du chronographe de sa montre Hanhart de vernis à ongle rouge. C’est une façon de lui signifier son amour, de lui souhaiter bonne chance et d’espérer le revoir en bonne forme. Très vite, le poussoir rouge devient donc LA marque de fabrique de la manufacture, et devient célèbre dans le monde entier. Mais cette couleur a aussi une utilité. Elle évite au pilote de se tromper et d’arrêter par erreur son chronographe, ce qui pourrait avoir de fâcheuse conséquence à une époque où la montre était un instrument indispensable.


Hanhart est une marque qui a une vraie légitimité dans la mesure des temps courts. J’aurais pu vous présenter un des fameux chronographes de la marque, mais j’ai préféré porter mon choix sur un modèle fort peu classique (malgré son nom) qui tranche avec la production horlogère actuelle. Il s’agit d’un chronomètre destiné à être posé sur un bureau, ou être monté sur un tableau de bord, et qui a pour vocation à mesurer les temps courts, avec un totalisateur de 30 minutes.  

La Hanhart ClassicTimer : quelle heure n’est-il pas ?


Nous voici donc en présence d’un objet de mesure du temps qui n’est pas une montre. La ClassicTimer est un chronomètre (non certifié COSC), retour en vol (flyback) et rattrapante (split second) destiné à être posé sur un bureau, ou être porté dans une poche.

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Ce modèle en laiton brossé de 55 mm de diamètre reprend les caractéristiques des montres Hanhart et il est bien sûr équipé d’un poussoir rouge. La ClassicTimer est proposée soit avec un cadran noir, soit un blanc. Ma préférence va vers le modèle blanc. A 6 heures, nous pouvons lire les indications suivantes : Hanhart 1882 / Flyback 1/5 sec.


Le cadran est divisé en intervalles correspondant à des 1/5 de secondes, et l’aiguille fait un tour complet en une minute. Les indicateurs chiffrés sont quant à eux présents toutes les 5 secondes. La ClassicTimer est équipé d’un second cadran situé à 12 heures et permettant de comptabiliser jusqu’à trente minutes.


Sa double complication (Flyback et Split Second) nécessite la présence de deux aiguilles. L’une est blanche, l’autre rouge. Le chronomètre est équipé de trois couronnes situées sur le sommet de la pièce. Celle de gauche qui déclenche le chronomètre reprend la couleur rouge, alors que les autres arborent la même finition acier satiné que la boîte.

La ClassicTimer est équipée d’un verre minéral, pour respecter sa vocation « vintage ».


La couronne centrale sert à remonter le mouvement mécanique à remontage manuel. Elle est encadrée par un anneau de fixation, qui permet probablement de fixer une chaînette, à l’instar des montres gousset.

Le mouvement qui équipe cette pièce n’est pas visible puisque le fond de ce garde-temps est plein. Par contre, afin d’exhiber cette belle pièce, Hanhart propose plusieurs accessoires.


Il y a d’abord une planche de fixation sur laquelle la ClassicTimer vient se « clipper », et qui est équipée de deux trous qui permettent de visser la plaque sur divers supports (tableau de bord, mur, etc.). Il y a ensuite un stand de 150 mm sur 80 sur lequel vient se loger cette plaque et qui permet de poser la Classictimer sur un bureau, afin d’en profiter pleinement.

Hanhart ClassicTimer plateHanhart ClassicTimes plate

Ce qui fait le charme de cette ClassicTimer, c’est qu’elle appartient à une ligne complète qui propose différentes versions, toutes réalisées avec le même soin : on peut entre autres trouver une montre de bord classique, un tachymètre (la TachyMaster) ou une Méga Minute Flyback équipée d’une lunette rotative et d’une aiguille centrale de mesure des minutes.


Afin de profiter de plusieurs ClassicTimer à fonctions différentes, Hanhart propose un tableau de bord sur lequel peuvent se fixer deux instruments.  

La collection ClassicTimer mérite toute l’attention des amateurs de beaux - et originaux – garde-temps, parce qu’elle permet de profiter d’une autre vision de l’horlogerie. Merci donc à Hanhart d’avoir osé proposer une telle gamme, et de faire renaître une partie de l’horlogerie que nous avions eu tendance à oublier.

Qu’en pense l’avocat du Diable ?


Aujourd’hui, il est difficile de donner la parole à l’avocat du Diable. Parce que son rôle est de critiquer des montres et l’Hanhart ClassicTimer n’en est pas une ! Donc l’avocat du diable est fâché, et contrarié. Alors, s’il fallait tout de même lui laisser la parole, il pourrait reprocher à cet instrument de mesure des temps courts son calibre trop discret, non visible.


En effet, alors que nous sommes habitués à admirer des calibres de montres, il aurait été intéressant de pouvoir profiter d’un mouvement inhabituel qui équipe une pièce tout aussi inhabituelle. Hanhart a manqué ici une occasion de nous éduquer et de nous montrer un autre aspect de son savoir faire. C’est un peu dommage.

Quelle image véhiculera le porteur de cette Hanhart ?


Et bien aucune, parce que la Classictimer ne se porte pas !

Par contre, elle se pose sur un bureau. Avec son style vintage, la ClassicTimer se marie parfaitement avec le mobilier Art Déco. On imagine très bien cette pièce posée sur un bureau en palmier signé Eugène Printz, à côté d’un bronze de Josef Csaky. Une fois assis sur votre siège de Paul Dupré Lafon, vous pourrez travailler tranquillement, en jouant avec les poussoirs de votre Hanhart. Vous pourrez aussi oublier l’ère numérique, saisir une feuille de papier et écrire une missive à une personne à qui vous tenez.

Et pour être en phase avec votre mobilier, vous pourrez opter pour le fameux stylo Duofold Mandarin que Parker vient de rééditer en série spéciale de 1088 exemplaires !