Et pourquoi pas…La Hamilton Officer Mechanical Khaki

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Et pourquoi pas…La Hamilton Officer Mechanical Khaki - Hamilton
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Le point de vue du collectionneur sur… une montre très GI.
Il y a quinze jours, nous évoquions ici une pièce célébrant les parachutistes américains, et la célèbre 101 Division aéroportée.
Les montres militaires les plus recherchées sont souvent celles associées à des unités d’élite ou à des corps d’armée dont l’image fait rêver. On ne compte plus les montres d’officiers, de pilotes de chasse ou de bombardiers, de nageurs de combat, de démineurs ou les pièces ayant équipé diverses forces spéciales. Mais la guerre est depuis longtemps une affaire de fantassin. Ici, il ne s’agit plus des troupes les plus aguerries, les mieux équipées, les plus « nobles », mais bel et bien des soldats « de base », ceux qui ont affrontés les tranchées de 1917, ceux qui ont débarqués sur les plages de Normandie en 1944, ceux qui se sont battus dans le désert de Libye en 1942 ou ceux qui ont perdu la vie lors des divers conflits du XXème siècle.

Cet aspect de la guerre est réel, et bien moins glamour que les combats aériens. Pour ces jeunes hommes engagés sur tous les fronts, l’équipement fourni par les divers gouvernements était bien moins pointu et bien moins exclusif que celui arboré par les troupes d’élites. Et pourtant, les montres ont aussi accompagné les faits d’armes de ces soldats « lambda », et c’est d’une de ces pièces que je vais vous parler aujourd’hui. Avant de rentrer plus en détails, revenons sur les caractéristiques de ces montres de combat. Elles se distinguent toutes par un prix abordable permettant une production de masse et par leur robustesse souvent liée à une forme de rusticité horlogère. Ici, point de complication et point d’innovation. Ces pièces doivent donner l’heure, être relativement précises, et résister aux rudes conditions des terrains sur lesquels sont engagés les fantassins.

Certaines de ces montres sont en dotation, c'est-à-dire fournies par l’Armée. D’autres sont devenues célèbres car elles ont été achetées par les soldats, et le bouche à oreille a fait le reste. Un des plus beaux exemples est la O&W M65. Beaucoup d’amateurs de pièces vintage ignorent jusqu’à l’existence de la marque zurichoise Ollech & Wajs. Cette marque née en 1956 aurait pu rester inconnue. Cependant, les créateurs de la marque eurent un jour une idée de génie. Vendre leurs montres à distance, via le courrier. Le succès de se fit pas attendre et de nombreuses pièces franchirent ainsi l’Atlantique.

Quel est le lien avec notre sujet ? Rapidement, on les retrouva aux poignets de jeunes soldats américains. Avec un prix moyen de 12 dollars, ces montres étaient également vendues sur les bases américaines. Et quand les GI’s partirent pour le Vietnam, certains portaient la référence M65, une montre dont la simplicité allait contribuer à son succès. Sur place, la M65 gagna ses lettres de noblesse. Les lettres de compliments adressées à la marque par des soldats engagés sur le front sont très nombreuses. Ils y mentionnent tous la solidité et la résistance à toute épreuve de la M65.

Cette histoire résume à elle seule le destin fabuleux des montres militaires « de fantassins ». Simples, testées sur le terrain et reconnues pour leur solidité. Leur charme reste entier aujourd’hui. Parce qu’elles nous renvoient à l’origine de l’horlogerie, à l’époque ou les montres servaient un objectif précis, simple mais vital : donner l’heure ou mesurer le temps.

Dans cette famille, la Hamilton Khaki tient une place particulière. Elle vient du passé, a franchi les époques et n’a pas pris une ride. Son histoire est celle des conflits qui ont forgé le XXème siècle, et celle des « trouffions » qui l’ont portée. C’est pour cela qu’elle mérite une attention particulière.

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Pourquoi Hamilton ?

La marque est née aux Etats-Unis en 1892. Si elle appartient aujourd’hui au groupe Swatch, elle n’en est pas moins un exemple de ce qu’a été l’horlogerie américaine. Les USA ont depuis longtemps une tradition horlogère, liée notamment à l’expansion du pays et aux besoins exprimés par les entreprises de chemins de fer. Il fallait alors équiper les employés de montres fiables, permettant de gérer au mieux les arrivées, les départs et les correspondances des trains qui traversaient le pays. Hamilton contribua à cette aventure en leur fournissant de nombreuses pièces.

La marque introduit aussi en 1957 la première montre électrique, la fameuse Ventura, que l’on retrouvera au poignet d’Elvis Presley mais aussi des MIB (Men In Black !). Les Hamilton furent produites aux USA jusqu’en 1969, après quoi la production fut transférée en Suisse. En 1971, elle lança un magnifique chronographe automatique qui a d’ailleurs été réédité récemment. Après quoi, elle continua son développement au sein de Swatch à partir de 1974.

Hamilton pub railways

Mais Hamilton reste pour beaucoup LA marque des GI. Dès 1914, elle obtint le statut de fournisseur officiel de l’US Army, et équipa les soldats américains du Général Pershing qui s’embarquèrent en 1917 pour combattre sur le territoire français. En 1942, elle reprit le chemin du front en arrêtant sa production civile, pour se concentrer sur la production de montres pour l’armée américaine. Elle équipa ainsi toutes les forces armées, de l’infanterie aux Marines en passant par l’US Navy, avec le fameux chronographe de marine Model 22.

L’histoire militaire d’Hamilton ne s’arrête pas en 1945, mais continue après la Seconde Guerre Mondiale, et les montres Hamilton accompagneront les GI au Vietnam. Selon les experts, les relations entre l’armée américaine et Hamilton durèrent jusqu’en 1988, date à laquelle la marque fournit ses dernières pièces à l’US Army.

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La Hamilton Khaki : Back to Basics !

La Hamilton Khaki est un hommage aux montres militaires produites par la marque américaine. Son nom ne laisse d’ailleurs aucun doute sur ses origines. Si on cherche un peu plus loin dans l’histoire, ce modèle se rapproche assez de la fameuse R88-W-800 / MFR'S PART NO. 39108. Il s’agit ici d’une bien longue référence, mais elle est liée à des commandes militaires aux codes précis.

Le modèle qui a retenu mon attention dans la collection Field est l’Officer Mechanical H69419933. Il s’agit à mon sens de la pièce qui reflète le mieux ce qu’ont été ces pièces portées par les GI au cours des années.
La montre est d’une simplicité extrême, ce qui correspond à son ADN. 3 aiguilles, une date, un cadran noir. Et elle est montée sur un bracelet en toile canvas de couleur sable. La montre est aussi disponible dans une autre version équipée d’un cadran vert et bracelet canvas de la même couleur. Je préfère la version noire / sable, plus proche des modèles vintage.

Avec un diamètre de 38mm, elle peut sembler petite, mais cette taille est proche des modèles originaux. La boîte est en acier brossé mat, ce qui renforce son côté vintage mais aussi militaire. En effet, les boîtiers de montres devaient être conçus de manière à ne pas réfléchir la luminosité ambiante.

Le cadran est parfaitement lisible et les chiffres sont recouverts de luminova pour les rendre visibles par tout temps. L’Hamilton Officer Mechanical adopte une double graduation, les chiffres 1 à 12 étant doublés par les indications 13 à 24. Cette caractéristique est probablement liée au temps militaire. En effet, aux Etats-Unis, les heures du jour et de la nuit sont différenciées par les suffixes « am » (jour) et « pm » (après midi) (6.00 pm est l’équivalent de 18 :00 alors que 6 :00 am correspond à 6 :00 du matin).
Or, l’heure militaire correspond à une horloge de 24 heures.
Pour expliquer qu’il est 7 :00 pm, un militaire – quelle que soit sa nationalité - devra dire 1900. L’Hamilton Officer rend cette lecture plus simple en doublant les indicateurs horaires de leurs équivalents « nocturnes  / pm ».
La seconde centrale – outre le fait qu’elle indique les secondes - permet de vérifier que le mouvement à remontage manuel est en état de marche. Encore une fonction intéressante dans un environnement difficile, où la solidité et la fiabilité sont des critères de survie !

Côté mouvement, cette Hamilton est équipée d’un classique ETA 2804 à remontage manuel. Ce choix correspond bien à la nature de cette montre, simple et facile à maintenir. Bien sûr, pour compléter ce look vintage et rester en phase avec l’inspiration militaire et « utilitariste » de ce garde-temps, le fond de la pièce est plein.
En résumé, l’Hamilton Officer Mechanical est une pièce qui brille par sa simplicité, et rend hommage à ses aînées. Beaucoup de marques qui ont équipées les GI ne commercialisent plus leurs modèles militaires de base. D’autres – comme Benrus - ont même disparu. Alors, autant profiter de cette Khaki basique (dans le bon sens du terme), de son design intemporel, et de sa simplicité.

Hamilton Officer Mechanical Khaki green

Qu’en pense l’avocat du Diable ?

La guerre est le terrain de prédilection de l’avocat du diable ! Cette pièce qui sent le napalm (référence à Apocalyse Now) a donc tout pour lui plaire. Cependant, plusieurs éléments devraient changer pour en faire une pièce quasi parfaite.
Le premier est le nom. Certes, Khaki sonne bien, mais pourquoi donc alourdir la simplicité du cadran par cette inscription. Même si elle reste relativement petite, l’Officer Mechanical aurait mérité un traitement encore plus simple.
La seconde critique va dans le même sens. La date n’a pas vraiment de sens sur ce modèle. Quasiment aucune montre militaire « de terrain » n’est équipée de cette complication. Certes, je comprends l’intérêt de la date sur un modèle contemporain. C’est plus pratique, et cela répond à la demande des futurs acheteurs.

Mais comme les équipes d’Hamilton ont choisi un mouvement à remontage manuel – réputé moins « pratique », elles auraient aussi pu opter pour une version sans date, afin de coller au plus près à la vocation initiale de cette Khaki.


Quelle image véhiculera le porteur de cette Hamilton ?

L’Hamilton Officer Khaki est une pièce sympathique et versatile.
Ce qui est agréable avec l’Officer Mechanical, c’est qu’elle peut adopter plusieurs looks. La simplicité de son design permet de la monter sur plusieurs types de bracelets, et lui donner ainsi soit un style plus habillé, soit un look très baroudeur. L’idéal est donc d’offrir à cette Khaki plusieurs bracelets NATO, certains en cuir et d’autres en couleurs qui permettent de l’adapter à plusieurs tenues.

Sinon, en matière de style, je verrais bien le porteur de cette Khaki, rouler dans une Jeep vintage, ou dans un modèle Rubicon plus contemporain et boire du Coca Cola – mais à condition qu’il soit en bouteille de verre !
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