C’est à la fois un « concept », une « watch », mais c’est tout sauf une « concept watch » ! La 7ème invention de Greubel Forsey est une intelligence mécanique horlogère, étrangement traduite par « Computeur Mécanique », une déviance anglo-saxonne qui n’existe heureusement pas dans la langue de Molière.
Sa réalisation, elle, existe bien. Le binôme de la Chaux-de-Fonds a même prévenu : aujourd’hui, cette invention prend place au sein d’un quantième perpétuel, mais pourrait bien se retrouver dans d’autres créations de la manufacture.
Dompter les phénomènes cycliques
La vocation première de ce calculateur est d’indiquer avec précision des données calendaires qui sont, par nature, aléatoires. Parmi celles qui obsèdent tous les horlogers, on trouve aux premières loges l’équation du temps mais aussi et surtout les années bissextiles et leurs conséquences – notamment veiller à ce qu’un jour en plus, un 29 février, ne vienne pas décaler un solstice d’été...au 22 juin ! En somme, ce module de calcul est capable de composer avec des variables et de les indiquer de manière simple.
C’est d’ailleurs sur cette lisibilité que les horlogers ont travaillé. Nombre d’entre eux se sont abimés sur les rives de QP aux cadrans surchargés d’informations, devenus illisibles. Pour résoudre ce problème, Greubel Forsey l’a scindé en deux : côté cadran, les indications calendaires annuelles conventionnelles, côté fond l’équation du temps, les saisons, solstices et équinoxes.
Au fond, une fleur de Lys
C’est bien côté fond que la magie s’opère. La manufacture a décidé de s’éloigner des sentiers battus. Au diable l’habituelle aiguille indiquant les -15 / +15 de l’équation du temps. La belle était pourtant bien utile, mais elle ne remplissait qu’une seule fonction – celle, justement, d’indiquer l’écart positif ou négatif d’équation du temps. En conséquence, pour indiquer toutes les autres variables, dont les saisons, solstices et équinoxes, il aurait fallu déployer à ses côtés tout un arsenal d’autres guichets...et l’on retombait alors dans le piège du cadran surchargé du QP !
Pour l’éviter, Greubel Forsey a donc imaginé un astucieux dispositif capable de tout indiquer par une seule figure : la fleur de Lys. Cette étonnante forme donne ses informations grâce à deux disques superposés en saphir évoluant à des vitesses différentes. L’équation du temps est alors enfantine : elle se lit à la croisée de cette fleur de Lys avec un axe vertical gradué de minutes. Si la ligne de la fleur est rouge, c’est un écart positif, si elle est bleue, il est négatif. La pointe de la fleur, elle, indique tout simplement les solstices ou équinoxes le long d’une règle où défilent les quatre saisons.
Comme toutes les bonnes idées, cette fleur de Lys paraît évidente à la lecture. Tant mieux, tel était son but. On ne doute pourtant pas une seule seconde de l’intense réflexion qui a précédé son élaboration. Et l’on ne mesure que mieux, une fois de plus, la réelle capacité d’innovation de Greubel Forsey, qui vient pourtant à peine de fêter ses 10 ans.
Un cadran exemplaire de lisibilité
Côté cadran, Greubel Forsey a suivi la même logique de lisibilité, de clarté. La date complète occupe la plus grande part du cadran. On y apprécie notamment la présence d’une grande date, là aussi une évidence quotidienne tant c’est là l’information que l’on consulte le plus. C’est d’ailleurs dans le même esprit que Greubel Forsey a basculé l’année côté fond – partant du principe que le propriétaire même le plus étourdi sait au moins en quelle année il se trouve...ce qui permet, au passage, d’alléger le cadran de la pièce.
Parmi les autres détails typiques de la manufacture, on note trois choses. Tout d’abord, une discrète fenêtre à 7h qui sert d’indicateur 24h. Ensuite, à l’opposé, à 3h, un indicateur de réserve de marche qui prend soin de comporter, en fin de course, une zone rouge. Celle-ci indique la réserve restante d’autonomie durant laquelle l’isochronisme de la pièce ne sera plus garantie. Enfin, juste en dessous, un discret témoin « QP / HM » indique en quelle position l’unique couronne est enclenchée, afin de ne pas dérégler le QP lorsqu’il s’agit simplement de s’ajuster de quelques minutes.
En marge de cette invention majeure, Greubel Forsey a présenté deux variations de son GMT, l’une dont le mouvement est traité en or 5N, l’autre en version noire.
