La route, le ciel, l'espace

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The roads, the skies and outer space - Graham
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Pistards, fondus de la gâchette, fans d'avions vintage et d'histoire des sciences, Graham cultive des approches horlogères singulières. Retour sur une marque qui ne fait, décidément, rien de banal.

L'histoire de l’horlogerie compte une petite dizaine de grands inventeurs, qui ont laissé une empreinte essentielle sur leur discipline. George Graham est de ceux-là. Elève de Thomas Tompion, maître de Thomas Mudge, proche de John Harrison, il a côtoyé et influencé les grands esprits fondateurs de l'horlogerie contemporaine. Actif durant la première moitié du 18e siècle, il était horloger, géographe et membre de la Royal Society, première et longtemps principale académie des sciences au monde. Et contrairement à nombre de ces noms de légende, Graham a donné le sien à une marque qui respecte son héritage.

La route, le ciel, l'espace

Graham est une marque suisse, basée à La Chaux-de-Fonds, qui pratique une horlogerie ancrée dans les traditions britanniques. Ses produits, ses complications, son esthétique renvoient à un esprit et des spécificités british. Ses gammes se nomment Chronofighter, une ligne de chronographes à l'apparence unique, ou Silverstone, qui puisent dans les racines de la course automobile, sur le circuit du même nom et dans l'esprit British racing. Il se retrouve jusque dans le choix de couleurs de ses montres.

Les teintes

Cela peut sembler anecdotique, mais c'est un constat révélateur. Bien avant l'heure, Graham a développé un nombre de variantes de matière, de forme, de couleurs et de détails de bracelets qui n'a presque aucun équivalent : des cuirs matelassés comme des sièges de course, du Racing green bien avant la mode du vert, associé à des bracelets en caoutchouc sculpté comme des pneus. Des couleurs sable qui rappellent les uniformes de la présence britannique en Egypte...Des bleus ciel sur les chronographes automobiles. Du noir furtif grâce aux fibres de carbone. De l'orange pour ponctuer d'une touche nerveuse la Silverstone RS Endurance, très typée course. Les exemples sont légion qui montrent que Graham explore, et même défriche des territoires de design.

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Les gauchers

Comme toute bonne anglaise, Graham roule du mauvais côté de la route. En effet, il n'existe aucune autre marque qui propose autant de modèles, depuis aussi longtemps, avec une couronne à gauche. Et comme il s'agit de chronographes, c'est aussi à gauche qu'ils s'activent. Cette configuration est l'apanage de la gamme Chronofighter, où la couronne en question se confond avec le poussoir de chrono. Cela suppose un mouvement taillé sur mesure pour Graham. Et de plus, ce poussoir/couronne est surmonté de l'appendice le plus reconnaissable de l'horlogerie. En effet, les Chronofighter possèdent une grande gâchette qui déclenche le chronographe. Elle est taillée pour accueillir la forme du doigt et bénéficie d'un soin de finition tout particulier. Et elle n'a aucun équivalent en taille et prévalence. Autre avantage pratique à son placement à gauche, cette gâchette finit sous la manche. Sa taille n'est donc pas un obstacle, puisqu'on la dissimule à volonté.

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Les soldats

Un autre esprit traverse les collections de Graham. Celui de la montre militaire, des objets militaires, des couleurs militaires. Les Chronofighter sont proposées d'un côté en version Nose Art, dont les cadrans rappellent les peintures de pin-up qui ornaient le nez des avions de la Seconde Guerre mondiale, entre autres des B17 de la R.A.F. Et de l'autre, leurs déclinaisons Vintage Aircraft renvoient aux carlingues de ce type d'aéronefs, avec un esprit vintage présent sur les aiguilles et les typographies. Bref, il s'agit là de montres au design étudié pour incarner des esprits bien particuliers, et dont l'attrait ne se destine pas seulement aux amateurs d'avions anciens, loin de là. Car les Chronofighter sont aussi habillées de fibre de carbone et coordonnées à des cadrans camouflage. Des séries limitées ont même rendu hommage aux Navy Seals.

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Le ciel

Mais les origines de Graham sont dans le ciel étoilé, puisque George Graham était géophysicien et à ce titre, intéressé par les planètes. Ces influences scientifiques se retrouvent dans la gamme Geo.Graham. Ce nom renvoie à la signature que le maître utilisait sur ses pendules et montres de poche. L'hommage le plus marqué est le Tourbillon Orrery. Ce terme se traduit par « planétaire » en français et désigne un système mobile qui recrée le fonctionnement de tout ou partie du système solaire. Cette montre de poignet possède en son centre une grille ouvragée (qui inclut un phœnix stylisé) dans le style de celles qui recouvraient les échappements anglais du 18e siècle. Ici, cet échappement est enfermé dans une cage de tourbillon. Sa complication distinctive consiste à indiquer les positions relatives de la terre, de la lune, de Mars et du soleil, couplés à un calendrier annuel zodiacal, sur un fond émaillé et des planètes représentées par des pierres dures. Là encore, dans le choix de la complication et de son traitement esthétique, Graham fait les choses à sa manière bien particulière.

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