Pourquoi pas… ? La Chrono Hawk

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Pourquoi pas… ?  La Chrono Hawk - Girard-Perregaux
Le point de vue du collectionneur sur cette sportive emblématique.


Il y a quelques semaines, je me suis rendu à la Biennale d’Art Contemporain de Venise. Alors que les vacances touchent à leur fin, et après avoir évoqué cet été des montres liées à l’Angleterre, aux Hamptons ou à Monaco, je souhaitais terminer ce voyage horloger estival par la Sérénissime.

A priori, le lien entre la Cité des Doges et l’horlogerie contemporaine n’est pas évident.
Et pourtant, en se promenant sur les canaux qui mènent aux Giardini (un des lieux d’exposition principaux de la Biennale), je me suis rendu compte que Venise était une ville qui pouvait inspirer le monde de l’horlogerie. Tout d’abord, lorsque vous prenez votre petit déjeuner chez Florian sur la Place St Marc, vous ne pouvez pas manquer la Tour de l’Horloge. La légende veut que les horlogers qui avaient conçu le mécanisme à grande complication ont été aveuglés à la fin de leur mission pour éviter qu’ils puissent le reproduire dans une autre Cité.

Déjà, au XVème Siècle, le garde temps était un signe de pouvoir, de richesse mais aussi un signe distinctif.
Le lien entre l’horlogerie et Venise ne s’arrête pas là. Et la balade nous rapproche de plus en plus de la Girard-Perregaux dont je parlerai un peu plus tard.

tour de l'horloge Venise
Venise est une ville dont l’histoire est intimement liée à la mer et à l’aventure. Bien sûr, l’histoire a d’abord retenu le nom de Marco Polo, né dans la ville en 1254. Mais nombreux sont les aventuriers, les commerçants et les navigateurs qui se sont lancés à la conquête du monde au départ des quais de la ville. Au point de rendre la cité célèbre pour ses traités de navigation et son expertise en cartographie.

Horlogerie, aventure, mer … Nous nous rapprochons lentement du modèle que nous évoquerons plus bas.
L’histoire de Venise est aussi liée à la conquête, la diplomatie et la guerre. Cette ville puissante et riche a, en effet, dû se battre pour imposer et conserver son influence sur la terre et sur les mers. Naturellement protégée, elle était aussi un lieu militairement stratégique.


Horlogerie, aventure, mer, guerre …

Nous ne pouvons pas terminer cette petite histoire vénitienne sans parler d’art. La ville recèle tant de trésor artistique qu’il est impossible de les évoquer dans ces quelques lignes. Mais si vous aimez le mélange des styles, le choc des mondes, et la contraction du temps, vous ne pouvez manquer la Biennale d’Art Contemporain, mélange de ce qui se fait de mieux et de pire en matière d’art « moderne ». Et c’est en visitant le Pavillon de l’Angleterre que le lien final entre la Girard-Perregaux Chrono Hawk et Venise s’est tissé. En effet, en entrant dans le bâtiment  art déco, confié cette année à Jeremy Deller, je suis resté « scotché » devant la peinture murale « A good day for Cyclists » représentant un rapace emportant une Range Rover.

Les associations d’idées sont parfois hasardeuses, mais je savais maintenant que j’allais parler d’une montre dont le nom est celui d’un rapace, dont l’histoire est liée à la guerre, qui célèbre les aventuriers autant que les horlogers et dont le design est assez original pour respecter le goût des Vénitiens pour l’art et l’architecture. Cette montre c’est la Girard-Perregaux Chrono Hawk.

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Pourquoi Girard-Perregaux ?

Girard-Perregaux est une belle marque, trop souvent ignorée, et qui peut se targuer d’être une véritable Manufacture. La marque trouve ses origines à la Chaux-de-Fonds, où Jean François Bautte réalise ses premiers garde-temps dès 1791. Mais ce ne sera qu’au milieu du 19ème siècle que l’entreprise adopte son nom actuel, lorsque Constant Girard épouse Marie Perregaux. Le nom de la marque est donc lié à une histoire d’amour et célèbre un couple, ce qui est assez rare pour être relevé.

La marque est notamment connue pour son célèbre calibre « Tourbillon sous Trois Pont d’Or » dont la première version date de 1884. Outre cet exceptionnel mouvement, la marque réalise la fameuse WW.TC qui est, à mon avis, un des plus beaux modèles GMT de toute l’industrie horlogère. Il y a quelques années, elle a lancé la collection 1966, la positionnant directement face aux autres marques de Haute Horlogerie comme Vacheron Constantin ou A. Lange & Söhne.
Mais le nom qui nous intéresse aujourd’hui est celui de Sea Hawk. Il est intéressant de noter qu’en 1943, Girard-Perregaux fut une des premières marques à réaliser une publicité ventant les mérites d’une montre destinée aux militaires.

Cette montre s’appelait déjà la Sea Hawk, et se présentait comme une pièce résistante et fiable adaptée aux terrains les plus difficiles. La montre de l’époque avait un design très classique, très éloigné des Sea Hawk actuelles. Mais Girard-Perregaux a continué à utiliser le nom de Sea Hawk pour produire ses modèles les plus sportifs, principalement destinés aux activités aquatiques.

Cette année, la marque a lancé une nouvelle version de son modèle emblématique, sous la forme d’une nouvelle Sea Hawk, et d’un chronographe bicompax baptisé Chrono Hawk, que nous allons détailler à présent.

La Girard-Perregaux Chrono Hawk : une pirate bien séduisante

En 1940, le film « Sea Hawk »  qui retrace la vie de Geoffrey Thorpe, capitaine pirate du Sea Hawk, remporte un franc succès. Errol Flynn n’y est pas étranger. On peut d’ailleurs se demander si Girard-Perregaux ne s’est pas inspiré de ce film pour lancer sa première montre sportive.

La Chrono Hawk est un magnifique chronographe sportif. La pièce de 44mm est massive, virile, imposante. Son design est sans concession. Il tranche avec la tendance actuelle du retour au classique, voire au rétro. Pour ce modèle, les équipes de Girard-Perregaux ont opté pour la modernité.

La boîte adopte un look qui tranche avec la sagesse de la collection 1966. Boîtier épais, lunette massive montée sur un « cerclage » octogonal en caoutchouc, larges poussoirs intégrés et couronne logée dans un berceau de protection imposant, la Chrono Hawk affiche ses ambitions : il s’agit d’une pièce résolument sportive, armée pour affronter les situations les plus extrêmes, et les concurrents les plus célèbres. Elle se positionne directement face aux créations d’autres marques et entend bien se faire respecter.

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Le cadran argenté est magnifiquement travaillé, stylisant le fameux « Pont » si caractéristique des modèles Girard-Perregaux. Il est entouré d’un cerclage interne noir sur lequel sont présents les indicateurs des minutes. Le contraste entre la couleur du cadran et celle du rehaut contribue à l’impression de profondeur et d’épaisseur de la pièce.

Les index horaires généreux et en trois dimensions sont en phase avec le style général de la montre. J’ai toujours préféré les chronographes bi-compax, qui mélangent sobriété et technicité. La Chrono Hawk dispose de deux compteurs à 3 heures et à 9 heures, et d’un guichet date à 6 heures. Le compteur à 3 heures est équipé d’une aiguille orange qui renforce l’aspect sportif mais qui s’inspire directement de celui des Omega Seamaster.
L’extrémité des poussoirs et de la couronne sont recouverts de caoutchouc, facilitant la manipulation. La couronne est ferme et imposante.

La Chrono Hawk est animée par un calibre manufacture GP 3300. Il est visible au travers d’un fond saphir. La montre est étanche à 100m, et c’est probablement pour cette raison qu’elle ne s’appelle pas « Chrono Sea Hawk ». En effet, le nouveau modèle Sea Hawk affiche une étanchéité à 1000 m, bien plus en phase avec la vocation marine initiale de la montre.

Une des caractéristiques de ce chronographe est l’intégration du bracelet dans la boîte. Pour ce faire, les designers de la marque ont choisi une option radicale. La découpe de la boîte forme une « encoche » dans laquelle le bracelet en cuir gold vient se loger. Ce choix permet une parfaite continuité entre la boîte et son bracelet. Mais soulève aussi quelques réserves que j’évoquerai plus bas.

Il faut noter l’exceptionnelle qualité du bracelet. Du grand art ! Il s’agit probablement d’un des plus beaux « cuirs » de l’horlogerie actuelle. Le travail réalisé sur ce modèle est simplement parfait, du point de vue d’un artisan du cuir. Il y a du volume, un beau travail de forme et des coutures franches.

En résumé, Girard-Perregaux nous propose avec ce Chrono Hawk, un modèle abouti, digne d’une manufacture horlogère de renom, bien réalisé et assez original pour se démarquer de la concurrence.




Qu’en pense l’avocat du Diable ?

Non, je ne parlerai pas de la mention Automatic sur le cadran …
Le reproche principal que l’on peut faire à ce chronographe c’est l’intégration du bracelet à la boîte. Si vous avez un poignet assez épais vous ne remarquerez rien, et cette Girard-Perregaux sera tout simplement parfaite. Mais si, comme moi, votre poignet est fin, vous rencontrerez un problème de taille (c’est le cas de le dire).
En effet, une fois  la boucle déployante réglée à son minimum, la montre ne  « colle » pas bien aux poignets fins. Il faut alors forcer pour fermer la boucle déployante, le bracelet cuir étant à la fois ferme et épais. La conséquence ne se fait pas attendre, et les cornes du bracelet se détachent légèrement de la boîte. Rien de bien dramatique, mais le design général en pâtit et c’est frustrant pour les collectionneurs qui ont – malheureusement – un petit poignet mais qui aiment les pièces massives ….
Pour régler ce problème, il faudra probablement opter pour un bracelet plus fin, ou plus souple, qui se « déforme » plus facilement, tout en restant collé à la boîte.


Quelle image véhiculera le porteur de cette Girard Perregaux ?

La  Chrono Hawk sort des sentiers battus. Le porteur de ce modèle est donc un amateur de pièces originales. L’offre de chronographes sportifs est pléthorique. Choisir cette Girard-Perregaux, c’est avant tout opter pour une forme – relative - de discrétion, et pour une satisfaction intérieure plus qu’un affichage ostentatoire.

La Girard-Perregaux Chrono Hawk est casual, chic, et  raffinée. Bien que suisse, elle a beaucoup de caractéristiques italienne (look, beau « moteur », charme et goût des belles choses). Alors, optez pour une veste Boglioli, un jean Jacob Cohen et une paire de Tod’s !

Et allez visiter la Biennale di Venezia, vous y passerez un moment formidable.

A good day for Cyclists, Hen Harrier

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