Dans le domaine de l’horlogerie, ces temps-ci, l’érotisme est plutôt l'apanage d’Ulysse Nardin et de ses montres à cadrans de nus. Mais Girard-Perregaux est en train de réaliser un véritable déshabillage. En trois étapes, la marque dénude l'un de ses modèles les plus réussis, la Néo-Tourbillon sous Trois Ponts.
Cette montre est la version contemporaine du Tourbillon sous Trois Ponts d'Or. A savoir une pièce de haute horlogerie où l'ingrédient architectural est à la fois le point de départ technique du mouvement et la raison d’être de la montre. En mettant côté cadran les trois ponts principaux (barillet, rouage, tourbillon) qui font tenir un mouvement, en les ordonnant de manière parallèle en travers de la boîte, en supprimant le cadran, Girard-Perregaux a été un précurseur des mouvements ultra-techniques, ultra-visibles, ultra-graphiques.
Actualisation de ce modèle, la Néo-Tourbillon Sous Trois Ponts reprend ses ingrédients principaux, mais avec un vocabulaire esthétique différent. Les ponts ne sont plus des barrettes plates, terminées ou non par des flèches, mais des arcs. Ils s'élancent de part et d'autre du mouvement, créant en dessous de leur courbure une vallée profonde. Les ponts en question sont en titane, ajourés, noircis. La boîte est en titane, le mouvement gris foncé et noir. Bref, on a gardé la structure, l'esprit, et changé tout le reste.
Puis, la Néo-Tourbillon a enlevé le bas. Elle s'est défaite d'une épaisseur de matière comme d'un pantalon, ou plutôt, d'une jupe. Girard-Perregaux a lancé la Néo-Tourbillon Squelette. Sa platine a été découpée. Sous les attaches de ponts, sous le tourbillon, sous le rouage, le métal a disparu, créant des effets de transparence transversale qui accentuent encore l'impression de profondeur de la montre. Ce faisant, elle prolonge la tendance visionnaire de la Trois Ponts d'Or, qui portait en elle les germes du squelettage. Jusque-là, il ne s’agissait que d'une progression logique, attendue presque, puisqu’une version squelette fait partie de la batterie d'outils utilisés par les horlogers pour faire vivre un modèle.
Puis, en 2019, Quasar a enlevé le haut. A la place d'une boîte en titane satiné, elle utilise une carrure entièrement taillée dans le saphir. Cette matière transparente, dure, noble, technique, dévoile tout le calibre, sous toutes ses facettes. On distingue même le cerclage qui lui permet de tenir ensemble et qui était jusqu'ici dissimulé dans le métal. Au final, il ne reste au modèle d'origine qu'un petit sous-vêtement, que Girard-Perregaux pourrait très facilement retirer pour mettre la belle totalement en costume d'Eve.
En 2010, Girard-Perregaux avait, à nouveau, fait office de pionnier avec la Laureato Evo Tourbillon Saphir. Ses 3 ponts étaient taillés dans des plaquettes de saphir. Il suffirait d'unir la Quasar et cette dernière pour créer un objet totalement unique. Elle s'appellerait Triple Sapphire Quasar, White Star, SuperNova... Pour bien faire et pour rendre compte des immenses avancées en matière de pièces en saphir, ses ponts seraient ajourés et bien sûr, bandés. Le strip-tease serait total, l'effet extrêmement excitant.
