L’Omega Planet Ocean Ultra Deep

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Omega Planet Ocean Ultra Deep  - Why not ?
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Après son interrogation sur les montres-monstres, notre collectionneur se demande si l'impossible est horloger...

L’Homme a toujours été motivé par l’impossible. Les plus grands exploits humains sont tous destinés à rendre possible ce qui semble inatteignable, irréel… L’histoire des montres a souvent croisé l’Histoire avec un grand H. Celle des aventuriers, des explorateurs, des héros. Durant leurs exploits, ils avaient des montres à leurs poignets, de petits objets, souvent simples, destinés à leur donner une information simple, mais critique.

Dans le cœur des collectionneurs, les montres « impossibles » tiennent une place à part. Parce qu’au-delà d’être des « garde-temps », elles sont les témoins de la capacité à se dépasser. Et si peu peuvent réaliser l’impossible, beaucoup peuvent rêver, imaginer et se projeter.

En cette année 2019, on pense naturellement à l’impossible spatial. A ceux qui ont commencé à regarder la lune et les étoiles et imaginé de pouvoir admirer notre planète « d’en haut ». Ce rêve a probablement commencé il y a de très longtemps. Pendant des centaines d’années, il était du domaine de l’impossible, et seuls certains doux rêveurs, écrivains, dessinateurs ou cinéastes, imaginaient les premiers voyages spatiaux.

Avec la conquête du ciel, puis de l’espace, l’impossible était pourtant visible. Il était tout autour de nous. D’abord quelques fous volants dans leurs drôles de machines ont décollé de petites collines. Puis, petit à petit, ils sont montés plus haut. Et encore plus haut. Au poignet, une toute première Cartier – désormais appelée la Santos. Puis d’autres montres, simples, robustes et lisibles. Le ciel était conquis. La montre de pilote entrait dans le Panthéon des objets « aventuriers ».

Mais l’impossible ne disparaît jamais. Après le ciel vient l’espace.

Tourner autour de la Terre devint la prochaine limite. Un pilote soviétique devint le premier homme à voir notre planète de si haut. A son poignet, une Sturmanskie, première montre de la conquête de l’espace. Bien sûr, il y eut ensuite LA Speedmaster, première montre portée sur la lune. Marcher sur une autre planète. Quoi de plus impossible. Et en revenir vivant…

L’Omega Planet Ocean Ultra Deep

Au-delà d’Omega et de Sturmanskie, d’autres marques ont voyagé si haut. Il y a bien sûr Seiko et la fameuse « Pogue », Rolex et sa GMT, Sinn ou Breitling. L’espace est illimité et la prochaine « cible » est déjà dans les esprits. Ce sera Mars, voyage aujourd’hui encore impossible, mais demain certainement réel.

Mais l’Impossible peut prendre bien d’autres formes. Ou aucune.

Prenons l’exemple d’une forme simple. Commune. Une montagne. Le ski, la neige, les vacances. Mais aussi l’impossible froideur, le manque d’oxygène, le mal d’altitude et les pièges de l’escalade. Pendant longtemps, l’Impossible avait un nom : Everest. Vu pour la première fois par les Européens en 1847, il devint immédiatement LA montagne à gravir. Son nom occidental vient de celui du géographe gallois George Everest qui étudia l’Inde pendant de nombreuses années, mais ne vit jamais la grande montagne…

Une montagne. Une altitude. Et un désir fou : monter à son sommet. Il y eut de nombreuses tentatives, de nombreux morts. Pour qu’enfin l’impossible se réalise en mai 1953. Cette fois-ci, c’est Rolex qui s’installait au sommet du Chomolungma, aux poignets de Tensing Norgay et Edmund Hillary.

Mais l’Impossible est parfois plus difficile à imaginer. C’est justement pour cela que la mer fascine.

Au-delà d’une certaine profondeur il y a le froid, la pression et la nuit la plus noire … Peu peuvent s’imaginer à quoi ressemble le « sommet » des océans. Parce que la profondeur reste bien plus difficile à imaginer que la vue d’une montagne ou d’une étoile. Et nous voici justement face à un impossible fascinant. Certains diront qu’il est bien plus difficile d’atteindre le fond des océans que la lune. Si l’espace est infini, il n’y a que deux points sur la Terre qui génèrent autant de passion : le plus haut sommet du monde, et le point le plus profond des mers.

Avant de descendre si bas, il y a d’abord fallu pouvoir porter une montre dans l’eau. Rolex fut la première marque à réaliser cet exploit technique. Puis la première plongeuse : une Omega rectangulaire descendit dans le Lac Léman.

Les plongeurs s’enfoncèrent de plus en plus profond. 100m, 200m, 300m. Les montres les accompagnèrent à chaque fois, avec succès. Mais la plongée humaine avait une limite. Bien loin du plancher des océans, la fameuse Fosse des Mariannes. Située dans le Pacifique, elle a été découverte en 1875 et sa profondeur fut estimée à 8000 m. En 1951, ce n’était plus 8000, mais 10’900 m. Il y eut ensuite des estimations à 11’034 m, 10’915, 10’924 ou 10’971. En résumé, on ne sait pas trop. Et ce petit mystère contribue à sa légende.

C’est justement ces quelques mètres de différence dont nous allons parler aujourd’hui. Parce que l’Impossible tient parfois à quelques mètres, ou centimètres. Ceux qui nous séparent du sommet de l’Everest, ou du fond de la Fosse des Mariannes.

Pourquoi Omega et Rolex ?

Nous connaissons toutes et tous la marque de Bienne, donc inutile de reprendre ici son histoire. Mais si j’ai appelé cette chronique Impossible, j’aurais aussi pu l’appeler Duel.

Parce que dans le monde horloger, il y a un duel qui fascine, divise et entretient de nombreux forums : celui entre Omega et Rolex. La montre dont nous allons parler aujourd’hui est plus qu’une pièce d’horlogerie, c’est une combattante.

La montagne a été « vaincue » par Rolex. Dans l’espace, Omega a gagné un autre round. Dans la mer, entre l’étanchéité des Rolex et la première plongée d’Omega, on peut déclarer un match nul. Sur le terrain militaire, Omega a équipé de nombreuses armées, probablement plus que Rolex. En matière de noms légendaires, la Speed affronte la Daytona, la Sub la Seamaster. Finalement, dans le monde marketing, le nom de Rolex domine la planète.

Toutes ces montres ont cependant des éléments communs : elles doivent être simples, solides, lisibles. Pas de grandes complications, mais uniquement des innovations techniques utiles : la résistance à l’eau, à la pression, voire aux ondes. De cette façon, même si elles accompagnent les exploits, elles restent « compréhensibles » et utiles.

C’est pour cela que la bataille du Pacifique est tellement importante. Elle fait rêver mais contribue aussi à afficher une domination technique, qui se retrouvera un jour au poignet des amateurs de montres.

Jusqu’à très récemment, la montre la plus profonde au monde était la Rolex Deep Sea Special, une pièce impossible à porter, mais fascinante. Elle survécut à une descente à 10’916 m en 1960. En 2013, une autre Rolex descendit à 10’898 m, ne parvenant pas à dépasser la profondeur atteinte par Jacques Piccard et Don Walsh. Depuis, on avait un peu oublié la Fosse… A tort.

Tapie derrière les célébrations du 50ème anniversaire du premier alunissage, Omega était en embuscade.

L’Omega Planet Ocean Ultra Deep

L’Omega Planet Ocean Ultra Deep : profondément impossible

Nous voici en présence d’une montre qui ne verra probablement jamais le poignet d’un collectionneur. Il n’y en a que trois au monde, et elles sont impossibles à porter.

Il y a quelques années, l’explorateur et homme d’affaires texan Victor Vescovo s’est lancé dans une aventure originale : atteindre les zones les plus profondes des cinq océans de la planète (Expédition Five Deeps). Bien sûr, cet exploit serait impossible sans relever le défi de la Fosse des Mariannes. C’est ce qui fut fait il y a quelques semaines. Et 3 Omega Ultra Deep faisaient partie de l’aventure, accrochées aux bras robotisés du sous-marin Limiting Factor.

L’Omega Ultra Deep n’est donc pas une Planet Ocean normale. C’est la déclinaison de la plongeuse vedette de la marque de Bienne sous stéroïdes ! D’abord elle est gigantesque. Probablement 55 mm de diamètre et 28 mm d’épaisseur. Sa boîte, sa lunette et son cadran sont construit en titane grade 5, permettant de lui donner un poids acceptable. C’est d’ailleurs le même métal qui est utilisé pour fabriquer la coque du Limiting Factor.

Omega a équipé l’Ultra Deep d’un verre extrêmement épais, scelleé à la boîte à l’aide de joints en Liquid Metal. Si le look général de la pièce rappelle cependant la Planet Ocean, deux éléments rendent l’Ultra Deep unique : l’absence de valve à hélium (HEV) et le système d’accroche du bracelet. A presque 11’000 m, pas besoin de HEV, la montre n’étant pas utilisée par des plongeurs en saturation. Fini donc la petite couronne située à 10 heures.

L’Omega Planet Ocean Ultra Deep

Le plus surprenant reste la façon dont le bracelet synthétique est accroché à la boîte. Par des attaches « Manta », sorte de mâchoires qui viennent emprisonner cette dernière. Je ne sais pas si cette construction originale est justifiée par des raisons techniques, mais elle contribue grandement au charme de cette montre.

Que dire de plus de notre Ultra Deep ? Le reste de son look demeure très proche de celui des Planet Ocean classiques. Les aiguilles sont similaires, le cadran aussi. Le logo Omega reste surdimensionné, les chiffres 3, 6, 9 et 12 sont bleus, comme l’inscription Ultra Deep et le bracelet NATO. L’insert de la lunette est aussi familier, reprenant la même police que celle des modèles commerciaux.

Vue de face, l’Omega Ultra Deep est donc familière. Il faut la regarder de côté pour se rendre compte de ses caractéristiques exceptionnelles. C’est justement ce qui suscite l’intérêt des fans d’Omega. L’Ultra Deep ressemble à une Planet Ocean. Elle peut servir de modèle à une nouvelle déclinaison de la PO. Plus fine, même boîte, même matériau.

Nous ne pouvons à présent que rêver. Mais rappelons que Rolex propose deux plongeuses extrêmes dans son catalogue, une étanche à 3900 m, l’autre à 1220 m. Un nouveau duel – commercial – en perspective ?

L’Omega Planet Ocean Ultra Deep

Qu’en pense l’Avocat du Diable ?

Exploit, rêve, impossible. Autant de beaux et grands mots qui ne séduisent pas le Diable.

Mais que pouvons-nous réellement reprocher à cette Ultra Deep ? Honnêtement, pas grand-chose, si ce n’est de n’être qu’une montre « impossible ». Elle est épaisse, importable, et probablement lourde, même si elle est réalisée en titane. Tout cela pourrait constituer autant d’inconvénients majeurs pour une montre commerciale. Mais ici il n’en est rien, puisque ces choix sont dictés par des besoins techniques.

Mon seul vrai reproche vient du nom, Ultra Deep. Certes il y a le duel, certes il faut un nom qui parle. Mais j’aurais apprécié un peu plus d’imagination de la part des équipes de Bienne, qui avaient le choix entre les noms du bathyscaphe, celui du Five Deeps Challenge, voire même le nom Marianna Hollow, qui décrit la profondeur maximale de la Fosse à plus de 11’000 m, mesure réalisée qu’une fois dans l’histoire et donc non homologuée.

(Ne pas) porter l’Omega Ultra Deep avec style

Les deux premières images qui viennent à l’esprit pour celui qui portera cette Planet Ocean spéciale sont une combinaison de plongée ou la combinaison de travail bleu roi de Victor Vescovo. Cependant, je pense à une tenue plus facile qui nous rappellerait cependant quelques grands aventuriers marins.

D’abord une chemise bleu clair en chambrai, comme celle du Commandant Cousteau. Pourquoi pas une Proper Cloth, modèle soft Roma ?

Pour le pantalon, un modèle beige en coton et lin d’Eleventy, qui nous rappellera un des pantalons portés par Jacques Piccard.

Aux pieds, des sneakers eco-friendly blancs Veja V10 viendront parfaitement compléter cette tenue marine.

Si vous n’arrivez plus à porter l’Omega Ultra Deep au poignet, il faudra un sac pratique et résistant. Il se pourrait qu’un modèle Market Bag de la marque californienne Apolis puisse faire l’affaire, d’autant qu’un texte personnalisé pourrait être ajouté, par exemple « For my Ultra Deep » !

Enfin, il faut un couvre-chef ! Entre le bonnet rouge de Cousteau et le bleu foncé de James Cameron il faudra choisir.

Peut-être que la meilleure option sera de porter une casquette Alinghi, comme celle que je porte depuis de nombreuses années. Parce qu’Omega soutient désormais le bateau suisse, récent Champion du Monde des GC 32 !

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