L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

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Innovation and the Grand Seiko SBGN007G - Why not...?
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Notre collectionneur local propose de se pencher sur l'innovation disruptive, la technologie du quartz et l'exceptionnelle proposition de valeur de Seiko.

Certes, lorsque l’on parle d’innovation dans l’horlogerie, beaucoup pensent aux Smartwatches. Je sais, cela peut en fâcher certains, mais malheureusement, nul ne peut nier l’impact de ces nouvelles technologies désormais transférées sur le poignet. Je sais que certains diront que rien ne les affectera jamais, mais cette douce musique semble pourtant avoir déjà été entendue…

Alors, non, je ne vais pas faire mon « Et pourquoi pas… ? » de ce jour sur une Apple Watch ! Je vois que certains sont rassurés…

Essayons de creuser un peu plus la signification du terme « innovation ». Selon moi, il existe deux sortes d’innovation : celles qui améliorent et celles qui transforment. Dans la première catégorie, nous trouvons toutes les nouveautés qui vont permettre d’apporter des améliorations techniques à quelque chose qui existe déjà. On fait plus fiable, plus solide, voire plus précis. Ces changements se font le plus souvent dans la douceur, se « vendent » facilement, mais ne soulèvent pas forcément un enthousiasme délirant, ni des critiques massives.

Et puis, il y a les innovations qui transforment.

Là, nous entrons dans une autre catégorie. Ici, en Californie, nous sommes dans le berceau de ces « disruptives innovations » [ndlr : innovations disruptives ou de rupture]. Leur objectif est simple : casser le passé et le repenser avec de nouvelles références. Ces « breakthrough technologies » [ndlr : technologies révolutionnaires] visent à percer, rompre, ou débloquer des situations. Elles vont faire évoluer en profondeur une industrie, un écosystème, voire même le monde. On pense tout de suite à Uber, Airbnb, l’iPhone ou les robots d’Intuitive Surgical.

Ici, la technologie n’est pas tout. Il y a aussi la volonté de faire différemment et de ne pas respecter les codes ancestraux. Ces changements amusent en premier lieu. Ils soulèvent un intérêt modeste de la part des « historiques », jusqu’au moment où ils détruisent tout sur leur passage.

Le taxi que j’ai pris jeudi pour rentrer de l’aéroport de Los Angeles n’a pas cessé de me parler d’Uber. Quand je lui ai demandé pourquoi les compagnies de taxi n’avaient pas pensé à une « App » alors qu’elles connaissaient parfaitement l’industrie du transport de personnes, sa réponse fut simple, teintée de tristesse : « On ne les a pas vu venir. Ils ne connaissaient rien et quand Uber est arrivé, on a rigolé… »

L’innovation séduit, dérange, détruit et transforme. Au-delà de la technologie, elle change dramatiquement la façon dont on voit un objet ou un service. Il y a un « avant » et un « après ».

Le succès de l’innovation disruptive est aussi lié à la communication. En effet, une amélioration technique n’est parfois pas facile à expliquer ou à transformer en réalité attirante et… profitable. Beaucoup utilisent alors l’ancien pour expliquer le nouveau : « c’est pareil mais en mieux ». Et je ne parle pas ici – encore – des horlogers et de la nostalgie du néo-vintage.

Quand l’innovation devient absolue, elle sort du cadre. Elle prend les chemins de traverse, n’utilise plus les codes de la profession ou ses lieux communs. Elle parle différemment. Son objectif est de s’adresser aux futurs utilisateurs en cassant les références et en forçant une nouvelle approche, voire une nouvelle façon de penser. Airbnb ne parle pas comme un hôtelier, Uber ignore les mots des taxis, et l’Apple Watch ignore le langage horloger.

Et l’industrie horlogère dans tout cela ? Plutôt la stratégie du petit progrès ou celle de la rupture ?

La réponse n’est pas si facile que cela parce qu’un autre facteur entre en jeu : le temps… Il détruit, remplace, rend caduque. L’innovation révolutionnaire d’hier peut vite devenir « has been » rapidement. Quand on innove, il ne faut donc jamais arrêter, au risque de se faire doubler.

Ceci est de plus en plus vrai.

L’horlogerie et la mesure du temps ont été des technologies disruptives. Il en a fallu des innovations pour parvenir à mesurer le temps de manière exacte, constante et universelle. L’horlogerie est née de cette idée qu’une technologie peut changer le monde… Mais c’était il y a longtemps.

Après, l’innovation est devenue incrémentale. Des petits mouvements, par-ci par-là. Toujours mieux, toujours plus précis. La séduction continue, mais la culture de l’innovation disruptive disparaît petit à petit.

Jusqu’au jour où elle se rappelle à nous.

C’est, par exemple, l’histoire fascinante des technologies du quartz. Une rapide recherche montrera que la propriété piézoélectrique du quartz a été découverte en France par Pierre et Jacques Curie, il y a très longtemps. Après, il y aura des Américains de Bell Telephone qui inventeront la première horloge à quartz.  Viendra ensuite le tour de la montre et des deux premiers mouvements à quartz présentés en 1967, un par les suisses du CEH (Centre Electronique Horloger) et l’autre par le centre de recherche de Seiko. 

L’histoire du CEH est intéressante. Créé en 1962 pour contrer les initiatives américaines et japonaises, son objectif était d’apporter la technologie disruptive du quartz à l’industrie helvète. Si le CEH fut à l’origine du mouvement beta 1, ce sont bien les japonais de Seiko qui gagnèrent finalement la bataille technologique, industrielle et commerciale. En 1969, la fameuse Seiko Astron 35SQ fut lancée. Le tsunami allait frapper la Suisse quelques mois après...

L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

Il est donc difficile de dissocier la technologie du quartz du succès de Seiko. Si aujourd’hui, l’image des mouvements à quartz s’est un peu écornée, il faut bien se rendre compte que c’était une véritable innovation disruptive parce qu’il n’y avait pas que la technologie. Il y a eu ensuite l’industrialisation et la commercialisation. Le quartz a « rasé » l’industrie horlogère classique avec trois lames : un changement technologique facile à expliquer (fiabilité, précision, facilité d’usage), une montée en puissance industrielle (facile à fabriquer et à emboîter) et enfin une stratégie commerciale qui est partie du haut de gamme (les montres à quartz se vendant à l’époque plus cher que les automatiques) pour finalement inonder le marché.

Aujourd’hui, le quartz n’est plus une innovation disruptive. Pour ça, il faut aller dans la Silicon Valley. Cependant, son image de marque remonte dans le cœur des collectionneurs. Les Seiko Quartz vintage sont de plus en plus demandées et leurs prix s’envolent. Il suffit de se rendre sur certains forums pour se rendre compte de l’engouement autour des premiers chronographes Seiko Quartz de la série 7A XX, des séries 2002, des King Quartz, des plongeuses 7548 ou Tuna Gold, voire bien sûr des Grand Seiko Quartz lancées à partir de 1988.

L’avenir appartient-il donc au quartz ?

Pourquoi Grand Seiko ?

J’ai la chance de voyager régulièrement au Japon et j’ai vraiment appris à connaître Seiko et Grand Seiko au travers de nombreux séjours à Tokyo, parfois émaillés de rencontres fortuites avec des collectionneurs japonais.

N’y allons pas par quatre chemins. Grand Seiko est aujourd’hui une des marques qui proposent les plus beaux mouvements automatiques, manuels et quartz de toute l’industrie horlogère mondiale. Les collectionneurs ne s’y trompent pas et la demande pour les GS ne cesse d’augmenter. Très récemment, Seiko a d’ailleurs décidé de transformer sa division luxe en une entreprise à part entière, laissant présager une stratégie expansionniste.

L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

L’histoire de Grand Seiko commence en 1960 avec la première GS, rééditée récemment. Il y aura ensuite de nombreuses montres légendaires, dont la première GS automatique (la 62 GS) de 1967, l’exceptionnelle VFA de 1969, ou les montres équipées de la technologie Spring Drive lancée en 2004.

L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

Aujourd’hui, Grand Seiko a su se placer au niveau des plus belles marques horlogères mondiales. Son image ne cesse de se renforcer et la marque sort d’une discrétion volontaire. Longtemps réservée aux Japonais, elle est désormais prête à affronter le monde et à offrir aux plus exigeants des pièces d’une incroyable qualité.

Chaque montre GS se caractérise par un design classique – voire immuable – et des finitions proches de la perfection. La production Grand Seiko est totalement intégrée, ce qui la place au niveau des plus grandes manufactures suisses. En résumé, opter pour une Grand Seiko c’est entrer dans la haute horlogerie nippone et posséder une montre à nulle autre pareille, avec le charme, le souci du détail et la rigueur propre au Japon.

La Grand Seiko SBGN007G : s’il n’y en avait qu’une…

C’est vrai, pour ce « Et pourquoi pas… ? » dédié à l’innovation et au quartz, j’aurais pu choisir une Seiko. Mais ma préférence va vers le calibre 9F de Grand Seiko, qui est probablement le seul calibre quartz que l’on puisse adosser aux mots « haute horlogerie ».

Pour comprendre la Grand Seiko SBGN007G, il faut avant tout s’intéresser à ce fameux mouvement 9F. Ce calibre fut lancé il y a 25 ans et, cette année, Grand Seiko célèbre cet anniversaire avec plusieurs éditions limitées dont notre SBGN007G.

S’il fallait résumer le 9F, il faudrait juste dire qu’il est manufacturé exactement comme un mouvement mécanique de très haut de gamme. Nous sommes loin ici de l’image d’Épinal des mouvements quartz en plastique, jetables et aux coûts dérisoires. Non, le 9F est ce qui se fait de mieux dans le monde des « montres à batteries », et de loin.

L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

Un mouvement mécanique haut de gamme est monté exclusivement à la main : le 9F aussi.

Un mouvement mécanique haut de gamme s’ajuste et se régule avec précision : le 9F aussi.

Un mouvement mécanique est un assemblage de composants de très haut de gamme : c’est le cas pour le 9F !

Je vais arrêter la liste ici parce que vous avez compris. S’il existe un mouvement quartz qui puisse séduire un amateur de montres mécaniques, c’est bien ce 9F.

En dehors de ce calibre de référence, la Grand Seiko SBGN007G est un parfait exemple de ce qu’une Grand Seiko doit être.

L'innovation et la Grand Seiko SBGN007G

Un design classique, des finitions de la boîte faites à la main selon le principe du Zaratsu, et un cadran qui reprend le logo original des Grand Seiko et Seiko Quartz. Grand Seiko est réputée pour la finition de ses cadrans et celui-ci ne déroge pas à la règle. Ses reflets et sa profondeur réagissent à la lumière d’une façon unique, donnant ainsi à la couleur gris foncé des tons intéressants.

Mais ce n’est pas tout.

Pour la première fois, Grand Seiko utilise une couleur grise unique, dont certains reflets tournent vers le vert foncé. Vous pouvez aussi retrouver une étoile en or à 6 heures, réservée aux pièces de grande précision, et d’autres détails de couleur jaune.

C’est une autre innovation de cette Grand Seiko SBGN007G. Non seulement elle est équipée du 9F, mais elle offre pour la première fois une complication GMT. Au-delà des trois aiguilles classiques, il y a aussi une aiguille GMT traitée en jaune. La combinaison du gris et du jaune marche très bien et donne un charme particulier à cette montre.

Hormis toutes ces caractéristiques, la Grand Seiko vient montée sur un bracelet acier de facture fort classique. Si les Seiko sont souvent critiquées pour la finition de leurs bracelets, les Grand Seiko proposent des finitions encore une fois difficiles à prendre en défaut.

En résumé, si après cette revue vous changez d’avis au sujet des mouvements quartz, la Grand Seiko SBGN007G est la montre à ajouter à votre collection. Belle, facile à porter et simple d’usage, elle sera une pièce qui vous surprendra à plus d’un titre.

Qu’en pense l’avocat du diable ?

Bien sûr notre Lucifer horloger peut critiquer le mouvement quartz. Mais nous avons vu qu’il sera vite à court d’arguments.

Ensuite, c’est une série limitée à 1 200 exemplaires. Si vous vous dépêchez, vous pourrez encore en trouver une. Mais ne sous-estimez pas la demande pour de telles montres.

Enfin, selon moi, les seuls points qui puissent soulever quelque critique sont le double logo Grand Seiko / GS, qui alourdit un peu le cadran, et le traitement de la date qui aurait mérité une couleur similaire à celle du cadran.

J’aurais aussi aimé voir cette SBGN007G offerte sur un bracelet cuir, le cadran permettant des combinaisons vraiment intéressantes et originales.

Quel style pour porter cette Grand Seiko SBGN007G ?

Tradition, innovation et Japon, voici ce qui doit dicter notre style de ce jour. Alors, pourquoi pas commencer par un costume fort original, l’Adidas Icon Suit, développé en partenariat avec un des meilleurs Men’s store du monde, Isetan Shinjuku (Tokyo). Il s’agit d’un costume, décliné dans une version sportive et utilisant des matériaux normalement réservés à nos tenues de running… Intéressant, original, amusant et décalé. C’est un parfait début.

Ensuite, on peut bien sûr partir sur le total look Adidas et des sneakers blancs. Mais j’aurais tendance à préférer la Onitsuka Tiger Corsair – Made in Japan. Cette version blanche à la semelle beige sera parfaitement adaptée à ce look sportif.

Pour ce costume, pas de chemise, mais un tee-shirt, idéalement un Bathing Ape Reflector 1st camo, qui combine le fameux gorille de la marque et le célèbre design camouflage.

Pour finaliser ce look au goût de l’Empire du Soleil levant, il faudra rajouter un sac à dos dont sont friands les Japonais. Le choix est vaste et ma préférence va vers un Visvim en Cordura blanc ou un Master-Piece Lightning Dye de couleur Khaki.

Il ne vous restera plus qu’à passer votre GS au poignet et laisser libre court à votre imagination en marchant dans les rues de votre ville !

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