Le virus, la lutte et l’espoir

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Le virus, la lutte et l’espoir - Et pourquoi pas... ?
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Aujourd’hui, je vous propose quelque chose d’un peu différent des habituels “Et Pourquoi Pas... ?”

Le monde est en train de vivre un moment unique, quelque chose que peu avaient imaginé, et qui va probablement changer beaucoup de choses dans nos vies – et pour longtemps. Jusqu’alors, les mots pandémie, out break, virus étaient le plus souvent cantonnés à la littérature ou aux films de fiction. Quand ils s’avéraient vrais, c’était “loin”, “autre part” ou “pas chez nous”. 

Maintenant, le Covid-19 est partout. Les médias égrènent des nouvelles toujours plus anxiogènes et nos vies confinées sont désormais devenues le “nouveau normal”. Dans les hôpitaux ou les hospices, les personnels de santé s’affairent héroïquement à contenir la maladie et à traiter les patients. 
Tout cela est devenu notre vie. Partout. 

Nous pourrions penser que les montres sont désormais le dernier de nos soucis. C’est probablement – un peu – vrai. Cependant, pas complètement. Parce que quel que soit les drames qui nous frappent, nous avons toujours besoin de quelque chose pour nous distraire ou nous évader. Pour certains, c’est la cuisine. Pour d’autres, l’écriture ou la peinture. 

Ce n’est pas différent pour les passionnés de montres : on assiste à plus de partage, plus de “Virtual GTG”, des rencontres sur Teams ou Zoom avec beaucoup de visages inconnus, des montres, des histoires et des rires. Le confinement n’a donc tué ni l’envie de partager, ni les passions futiles mais si critiques.

Alors, parlons montres !

Au début de l’année – avant d’être en “Shelter in place” comme on dit ici en Californie – je voyageais beaucoup. Mon premier trip annuel m’a emmené à Macao – le jour exact ou le “virus” s’invitait dans cette ville casino. Après quelques jours, je suis reparti pour les USA via Taiwan. Les premières mesures de sécurité étaient visibles à l’aéroport de Taipeh. Mais à l'arrivée à LAX, pas de contrôle particulier. Ce monde était encore tranquille.

J’avais déjà une idée en tête. Il me fallait trouver une montre qui “parle” de ce virus, voire qui lui ressemble. Le Covid est rond, hirsute, fascinant et finalement assez beau.

Après, il y a eu les chiffres, les frontières fermées, les malades et les morts. Les personnels des hôpitaux étaient en première ligne, perdant aussi certains des leurs. Des amies en Italie du Nord se retrouvaient confinées. La peur s’installait. Avec Thea – ma fille étudiante en médecine à Genève – nous parlions de plus en plus de cette maladie encore trop peu connue. Une amie urgentiste à Long Beach venait de recevoir sa tenue de protection. 

Le virus devenait de plus en plus vrai. 

Il me fallait alors trouver une montre qui rende hommage aux soignants. Un objet qui parle de soins, de médecins ou d’infirmières. Une “tool watch” médicale en quelque sorte. 

Et puis tout se mettait en place. Des semaines de confinement. Des meetings on line. Le règne de la distanciation et du masque. Encore une fois des chiffres. Puis bientôt des dates, des projets ou des idées. Bien sûr, il y a la crise économique qui arrive, puis le déconfinement.  Un jour, il faut bien sortir et repartir. Mais pas comme avant. Différemment. Avec de l’espoir et du courage. 

Il me fallait alors trouver une montre qui évoque l’espoir et le renouveau. Une montre différente, pas trop sérieuse mais pourtant solide. Une tool watch d’espoir en quelque sorte…

Voici donc l’idée de ce Et Pourquoi Pas...? spécial Covid-19. 

Non pas une montre, mais trois

Trois pièces intéressantes, surprenantes et qui – l’espace d’un instant – vont représenter ce que nous vivons toutes et tous : le virus, la lutte et l’espoir. 

Je vous présente donc La Trilobe Les Matinaux, la Longines Single Pusher Pulsometer et la Breitling SuperOcean 57 Rainbow

Le Virus

Il m’en fallait une et le choix était difficile. Comment associer une montre à un agent pathogène tueur. Les créateurs de montres ne veulent certainement pas voir leur réalisation associée à quelque chose de si négatif. Pourtant, il m’en fallait une. 

En regardant de plus près les photos du Covid-19, on se rend compte que cet ennemi mortel est vraiment esthétiquement intéressant. Loin d’être laid, il est séduisant et plein d’inconnues. Il est difficile à lire, différent et interroge les scientifiques du monde entier. Ses origines sont mystérieuses, laissant cours à de nombreuses spéculations. 

La montre qui doit jouer le rôle du virus doit donc être belle, originale, mais surtout – différente. Elle ne doit pas être “comme les autres”. Bien sûr, elle ne peut être que ronde. Même ses origines doivent rester un brin mystérieux.  Soudain, au détour d’un article, je l’ai trouvée: la Trilobe Les Matinaux. 

Le virus, la lutte et l’espoir

Site officiel

D’abord,elle est ronde et invente une nouvelle façon de lire l’heure en utilisant des disques mobiles. Elle se veut différente et évoque même la poésie et un personnage fascinant : René Char. C’est un pari osé en matière de communication. 

Côté design, elle est douce mais a de la présence. Son mouvement mécanique est superbe et il se dévoile un petit peu au travers du cadran. Les couleurs proposées vont d’un classique noir à un rouge (carmin) très … Covid-19. Mais mon modèle préféré est celui avec un cadran acier “Argent Soleillé”, plus brut. 

La Trilobe Les Matinaux ne vient pas d’une marque établie ou centenaire. C’est une montre “start-up” et encore une fois, elle colle à l’actualité. Comme ce que vous vivons, elle surgit de “presque” nulle part. Elle évoque aussi ce que sera l’horlogerie “d’après” qui devra se réinventer, oser de nouvelles propositions mais garder les pieds sur Terre. La Trilobe est donc une belle montre. Bien faite, bien positionnée, bien née. 

L’avocat du Diable  a été bien occupé ces dernières semaines. Il n’a donc pas grand-chose à reprocher à cette montre, même s’il n’est pas un fan de poésie. Mon seul reproche est le cadran ouvert que je trouve trop “présent”. Mais à part cela, longue vie à cette Trilobe Les Matinaux, et merci à ses créateurs de nous faire rêver. 

La Lutte

Lorsque Thea a réussi son passage en seconde année de médecine, j’ai voulu trouver une montre qui parlerait de son futur métier. Il me fallait une pièce vintage dotée d’un pulsomètre. Cette complication a longtemps été très utile pour les médecins pour mesurer les battements du cœur. Les chronographes à pulsomètre ont donc eu  leur heure de gloire et sont devenus les “doctor’s watches”. 

Avec le progrès, le besoin d’un pulsomètre de poignet s’est réduit. Souvent, cette complication reste associée à des montres vintage – ou néo vintage. Je ne connais qu’une marque – Sinn – qui propose une montre contemporaine – la surprenante EZM 12 - dotée de fonctions médicales d’urgence. 

Pour évoquer la lutte, le choix d’un chronographe pulsomètre s’imposait donc. Mais lequel. En fait, l’offre est plutôt restreinte et c’est la Longines Mono Pusher Pulsometer qui est l’heureuse élue !

Le virus, la lutte et l’espoir

La Longines se distingue par une échelle pulsométrique plutôt imposante. Alors que normalement elle est cantonnée aux extrémités du cadran, Longines a pris ici la décision de la recentrer et cela contribue au charme de ce chronographe. L’équilibre – et la simplicité relative de la montre – sont renforcés par une fonction chronographe bicompax (deux compteurs) et une boîte aux dimensions contenues de 40 mm. 

Enfin, la Longines est un chronographe mono-poussoir ! Encore un choix intelligent et esthétiquement agréable. Non seulement le mono-poussoir renforce le feeling vintage, mais il permet de concentrer l’attention sur le cadran et l’échelle tachymétrique. Cette Longines est vraiment une pièce digne de rendre hommage à tous les personnels soignants qui luttent actuellement contre le Covid-19.

Pour l’avocat du Diable, la Longines reste une « doctor’s watch », donc une montre positive. Rien qui ne plaît donc à Méphistophélès ! Plus sérieusement, la mono-pusher est une belle montre, qui n’a besoin ni d’une date, ni de l’habituel « Automatic » sur le cadran. Sans ces deux éléments, elle serait encore plus belle.

L’espoir

L’Histoire nous a appris que toute crise se termine. La meilleure façon de s’en sortir est de toujours garder l’espoir. En ces temps de confinement, conserver une attitude positive est donc vital. Parce que – comme un virus – l’espoir est positivement contagieux.

Même si beaucoup sont encore enfermés et que la crise économique qui s’annonce risque d’être dévastatrice, essayons de trouver une montre qui puisse nous donner un sourire. Non seulement notre montre de l’espoir doit être joyeuse, elle doit aussi être originale et provoquer des réactions. C’est une « talking piece » capable de transmettre sa bonne humeur. Enfin, cette montre doit être solide et prête à résister aux éléments. Parce que parfois, garder l’espoir réclame de la force et de l’énergie, la montre de l’espoir est idéalement une « tool watch ».  Bizarrement, cette montre m’est apparue alors que j’étais confiné. Il s’agit de la Breitling SuperOcean Heritage Rainbow. Et elle est parfaite !

Le virus, la lutte et l’espoir

L’Heritage SuperOcean s’inspire de la fameuse « skin diver » vintage de 1957. Il ne s’agit pas d’une montre de plongée professionnelle, mais d’une pièce aquatique, pensée pour accompagner les loisirs nautiques. En 2020, Breitling propose une nouvelle itération de cette montre, qui se rapproche encore plus du modèle d’origine. Cette plongeuse est devenue célèbre grâce à sa lunette concave « cuvette » si unique. Le modèle de 2020 en est bien sûr équipé.  Avec cette nouvelle SuperOcean, Breitling dispose d’un « hit de l’été ». 

La marque aurait pu en rester à cette offre sage et solide, mais ses équipes ont lancé un « pavé dans la mare ». Elle s’appelle la Rainbow.  Il s’agit d’une SuperOcean qui se pare de couleurs sur chacun de ses indexes et sur ses aiguilles. Et comme son nom l’indique, ces couleurs reprennent la palette de l’arc-en-ciel – et même plus. Du bleu, du rouge, du vert vif ou du jaune. Rien n’est fait à moitié ici ! La Rainbow est un feu d’artifice. 

Une chose est sûre. Elle ne va laisser personne indifférente. Elle fait déjà beaucoup parler, et c’est bien ! Certains ne l’aimeront pas du tout. Moi j’adore. Quoi de mieux que des couleurs pour redonner de l’énergie après un long confinement. Merci à Breitling d’avoir osé cette montre. Elle a probablement été imaginée bien avant la crise du Covid-19. Mais sa présentation ne peut pas arriver au meilleur moment, pour nous redonner le sourire !

Pour l’avocat du Diable, l’arc-en-ciel est un symbole bien trop positif. La Rainbow est une belle montre. Je ne lui reproche que son cadran un peu chargée en écriture. Avec sa richesse chromatique, elle aurait mérité une diète épistolaire.

Nous voici donc arrivé à la fin de notre Et Pourquoi Pas... ? « Special Covid ». Merci de m’avoir suivi dans ce voyage horloger un peu particulier. Probablement que nous n’oublierons jamais ces dernières semaines et ces prochains mois. Les montres passeront, mais la passion restera. C’est ce qui lie cette Trilobe, cette Longines et cette Breitling. 

Courage à toutes et à tous.