Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph

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Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph - Et Pourquoi Pas… ?
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Voici donc – une fois n’est pas coutume – un Et Pourquoi Pas… ? non horloger, mais cependant mécanique.

Personnel

Commençons par une petite anecdote : Il y a quelques jours, ma femme – Penelope – et une amie décidèrent de prendre un rendez-vous pour déjeuner. Penelope se saisit alors d’un stylo et de son agenda papier pour y inscrire les coordonnées du restaurant.

Sur ce, la fille de son amie – âgée de 5 ans - écarquilla les yeux et demanda à sa maman ce que « la dame faisait ». Elle n’avait jamais vu quelqu’un écrire dans un agenda ! Cela en dit long sur la dominance de la culture digitale, mais parle aussi d’un objet autrefois commun devenu une exception : le stylo.

Je viens d’une famille qui a toujours vénéré l’éducation. Cela doit être grandement lié au fait que mon papa vient d’une famille d’immigrés polonais, jamais réellement à l’aise avec la lecture ou l’écriture. Très jeune j’ai vu combien cela comptait pour mes parents, et combien le stylo allait déterminer mon avenir.

Même si ma famille était peu aisée, j’ai toujours connu mon père avec de « beaux » stylos. Lorsque j’ai été en âge d’écrire, mon oncle m’a offert un Bic 4 couleurs en me disant « tiens, voici un stylo de grand ! ». Je ne savais pas ce que cela voulait dire mais j’ai compris que ce passage initiatique était important. Depuis, chaque fois que je vois un Bic 4 couleurs, je souris.

Et puis est venu le temps de l’école et de l’écriture. J’avoue ne jamais avoir été un grand lecteur. Cependant je suis un rêveur qui aime raconter des histoires. Le stylo est rapidement devenu un ami, m’aidant à combattre la règle et la calculatrice. Je n’aimais pas les maths !

Enfin, arrive l’Université. Toujours influencé par l’admiration paternelle pour les stylos, je regardais avec envie certains de mes camarades prendre leurs notes avec un gros stylo noir marqué d’une étoile blanche. Chaque fois que je revenais de mes cours, je m’arrêtais devant une boutique qui vendait ces merveilles et je découvris cette marque : Montblanc.

Il me fallu attendre des stages rémunérés pour m’offrir mon premier Meisterstück, que j’ai toujours. Je pensais en avoir fini avec l’amour des stylos, ayant la chance de posséder LE stylo le plus prestigieux qui soit. Il n’en fut rien.

Le virus du collectionneur venait de m’atteindre.

Lentement, le nombre de stylos grandit – et comme par enchantement – arriva un autre virus, celui des montres. Je me rendis rapidement compte que les collectionneurs de montres étaient aussi des amateurs de beaux instruments d’écriture.

Pourtant, ces deux passions sont différentes. Le stylo reste pour moi un objet d’action, alors que la montre rester plus passive. Avec un stylo « on » fait quelque chose. Il est un instrument de production et de communication. Et en cela, il devient encore plus personnel que la montre.

Si j’ai acheté et revendu de nombreuses montres, je n’ai jamais rien fait de tel avec mes stylos. Même si je m’en sers beaucoup moins, je me surprends à les nettoyer plus que de raison et à continuer à en avoir plusieurs avec moi, comme pour me rassurer.

Certaines marques l’ont bien compris et ont parfois étoffé leurs collections d’instruments d’écriture parfois très séduisants. Je pense à Hublot, Blancpain, Breguet ou encore Hysek. Faisant le chemin inverse, Montblanc s’est lancé avec succès dans l’aventure horlogère. Certaines marques ont aussi combiné leur savoir-faire, comme Cartier offrant des « plumes » avec montre sur le capuchon.

Aujourd’hui, le monde a changé. Le stylo n’est plus un objet de tous les jours et la montre se transforme dépassant son rôle initial de garde-temps. Le doigt a remplacé la plume, l’écran le cadran. Pourtant la fascination reste présente et c’est pour cela que j’ai décidé de vous parler de cet instrument à écrire qu’est l’Astrograph, magnifique ode aux mots, aux rêves mais aussi à la mécanique.

Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph

Pourquoi MB&F ?

La Californie est le « pays » des grands espaces, du rêve en technicolor et des start-ups. Le point commun entre ces trois éléments est l’imagination, l’absence de frontière et la culture de l’innovation. MB&F pourrait être une start-up californienne, tant les créations de cette géniale équipe animée par Maximilien Büsser bouscule toute une industrie.

MB&F a – depuis 2005 – inventé une autre forme d’horlogerie, se débarrassant du carcan du classicisme tout en conservant l’excellence technique. Plus qu’une marque, MB&F est une somme d’expérimentation, qui repousse aussi bien les limites techniques qu’esthétiques. Et c’est cette dernière capacité qui me fascine.

N’étant pas un grand fan des grandes complications, MB&F me séduit par le design et le story-telling. Leurs pièces ne sont pas des montres. Elles sont des histoires mécaniques. Qu’elles donnent l’heure ou entonnent un petit air de musique, elles sont toujours émotionnellement intenses et délicieusement rétrogrades, nous ramenant à nos rêves de gamins.

Notre Et Pourquoi Pas… ? ne serait pas complet sans citer le complice de MB&F qui est ici la maison Caran d’Ache, marque suisse centenaire qui tire son nom d’un mot russe « Carandach » qui signifie crayon. A l’instar des marques horlogères, Caran d’Ache offre des produits de haute écriture qui frôlent parfois le monde de l’horlogerie, comme l’impressionnant TimeKeeper, ode aux montres suisses.

Le stylo est aussi bien l’objet que l’on tient que celui à l’origine de la création. On le saisi pour dessiner sur une nappe ou un bout de papier devenant ainsi le lien direct entre l’idée et l’action. J’aime penser que les montres de MB&F sont nées ainsi, et c’est pour cela que l’Astrograph me plaît tant !

Le MB&F Astrograph – Fly me to The Moon

Voici donc l’objet : un stylo en forme de fusée, une base de lancement et un petit astronaute magnétique.

Le stylo est une sorte de SpaceX calligraphique, posé sur un tripode qui se replie sur lui-même. Le dispositif de déploiement disposé dans le corps du stylo est tout aussi amusant qu’ingénieux. Il permet de laisser le stylo en position verticale, le transformant en œuvre d’art.

Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph

A sa base, l’engin est bien sûr équipé d’un réacteur dont on notera les petits détails rouges qui évoquent la puissance prête à jaillir du propulseur. Au sommet se trouve ce que MB&F appelle le cockpit ou/et le réservoir d’encre. Le long du stylo – ou devrais-je dire vaisseau – se trouve une échelle permettant au petit astronaute miniature de grimper à l’intérieur de son poste de pilotage.

Pour commencer à écrire, il faut juste dévisser le capuchon – à l’instar de tout instrument à écrire. Voici que vous tenez en main un bel objet, plutôt lourd mais agréable. L’engin est disponible soit en plume soit en roller. Les puristes choisiront la version plume, le roller étant réservé à ceux qui recherchent plus de praticité.

Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph

Bien sûr, il n’y a pas de fusée sans base de lancement, qu’elle s’appelle Baïkonour, Cap Canaveral, Kourou ou Vandenbergh. Si je cite cette dernière c’est parce qu’elle sert parfois de point de départ aux fusées Falcon de SpaceX qui viennent alors dessiner dans le ciel de Californie du Sud des formes impressionnantes et terrifiantes. Il y a quelques années, au moment des tensions entre les USA et la Corée du Nord, le départ d’une Falcon avait créé la panique sur les routes, les automobilistes arrêtant leurs véhicules croyant voir un missile nucléaire se diriger vers eux.

Mais revenons à la base. Le stylo MB&F est donc proposé sur un launch pad rond marqué de divers signes devant faciliter l’atterrissage. Cette base est aussi plus prosaïquement une boite permettant soit d’abriter le stylo et son mini-pilote, soit de l’exposer.

Enfin, les stylos sont offerts en trois finitions, un rhodium mat, un autre poli et un modèle en ruthénium, mon préféré étant le modèle mat, plus proche de l’idée que je me fais d’un « spaceship » !

Le stylo MB&F / Caran d’Ache Astrograph

Qu’en pense l’avocat du Diable ?

Qui dit stylo, dit culture, savoir et connaissance. Et on sait combien le Diable a besoin d’ignorance pour grandir. Donc il n’aime pas cet instrument trop intellectuel.

De manière plus sérieuse, l’Astrograph est un magnifique objet. Il transcende l’idée du stylo et nous propose une vraie œuvre d’art. Mon reproche principal porte sur la version « fountain pen » dont je trouve l’exécution de la plume trop classique. Elle aurait mérité une esthétique plus innovante, par exemple inspirée de mon stylo favori, le Waterman Edson de 1993.

Sinon, le MB&F / Caran d’Ache Astrograph propose une belle qualité d’écriture, digne des modèles hauts de gamme de Caran d’Ache, et la plume glisse parfaitement sur tous les papiers, quels que soient leur grammage.

Ecrire avec style !

Certains écrivains sont connus pour leur style et peuvent constituer d’excellents exemples. Avec un stylo qui évoque l’espace ou l’aventure, je suggère de rester décontracté, trop de formalisme étant un handicap à la créativité.

J’ai toujours considéré que LA veste de l’écrivain était la Forestière Arnys, maison maintenant intégrée à Berluti. Si ce modèle n’est plus au catalogue, on peut toujours en trouver de seconde main, ou se lancer dans la grande mesure Berluti.

Je tends à préférer l’option « seconde main », moins onéreuse mais aussi plus intéressante car elle suppose de la recherche et de la chance. Comme en écriture !

Ensuite une chemise blanche ou un tee shirt cintré et impérativement à manches longues. Comme pantalon, choisissez l’aisance et pourquoi pas un chino à la coupe « straight » de la marque californienne Freenote.

Aux pieds, encore une fois du confort mais toujours du style. Rien de mieux qu’une espadrille Tod’s de couleur vive ou une paire de boat shoes, idéalement des John Lobb Isle ou Livonia.

Il ne reste plus qu’à vous trouver un bloc de papier et une table de bistro.
Le monde est alors à vous, commencez à écrire !

 

Le stylo MB&F est disponible à la M.A.D Gallery.

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