Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

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Blue and the Omega Speedmaster Blue Side of the Moon - Why not...?
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Heureux hasard ou clin d'oeil à ce début d'année 2019 marqué par deux exploits historiques en matière d'exploration spatiale, notre collectionneur local a été conquis par la Speedmaster Blue Side of the Moon.

Il semble que tout a été dit ou écrit sur cette couleur primaire : la mer, le ciel, les garçons, le blazer, l’uniforme des aviateurs ou le monochrome d’Yves Klein. Pour certains, c’est une couleur royale ; pour d’autres, celle du drapeau. Il est clair que le bleu est partout…

Le bleu domine notre quotidien, tant et si bien que nous oublions parfois sa signification. Alors commençons par mieux le comprendre. D’abord, il représente la paix, le calme et l’infini. Même si la couleur est considérée comme froide, elle reste associée à une sensation de chaleur quand on la relie au ciel (beau temps) ou à l’océan (lagons, vacances). Le bleu est aussi une couleur élégante, classique, qui reflète la lumière. C’est un des basiques de la mode masculine et il se retrouve autant dans les costumes de Saville Row que dans les denims japonais.

C’est une autre de ses particularités. Il n’y a pas un bleu, mais des bleus. En fait, il y en a près d’une centaine ! Il y a celui des rois, des Schtroumpfs, du Paris Saint-Germain, du topaze, du saphir ou des Bugatti !

Culturellement parlant, le bleu couvre une palette très vaste.

En Iran, c’est la couleur du deuil. En Chine, celle de l’immortalité. Alors que de nombreux pays l’affichent fièrement sur leurs drapeaux, elle est symbole de défaite pour les Indiens Cherokees. Le bleu (blues) peut aussi être un feeling (blue devils, équivalent anglais « d’idées noires ») ou un genre musical (le blues, issu du terme français bluette, ou la note bleue qui donne sa sonorité particulière au « Blues »).

Le bleu est donc omnipotent, rassembleur, mais aussi plus complexe qu’il n’en a l’air.

Mais qu’en est-il des montres ?

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Pendant de nombreuses années, les couleurs dominantes des cadrans de montres étaient le noir, le blanc, le champagne et parfois quelques nuances de gris. Hormis pour certains composants (les aiguilles bleues), le bleu a donc été ignoré pendant longtemps par l’horlogerie moderne (après la Seconde Guerre mondiale).

Certaines marques ont tenté de briser cette isolation à partir de la fin des années soixante. Il y a eu les cadrans bleu foncé des Omega Seamaster Ploprof, (1970) ceux des Bulova Oceanographer, des Heuer Carrera (réf. 1553N), Skipper ou Monaco (réf. 1133B), des Tudor Submariner réf. 7021 puis 9411, ou les différentes nuances de bleu des chronographes Seiko des années 70 (Seiko Kakume 6138).

Petit à petit, le bleu a donc fait son nid, s’installant principalement sur les cadrans.

Cependant, il reste largement minoritaire, alors qu’il avait tout pour séduire. Pour certains, il était trop « sport », alors que pour d’autres il ne pouvait se marier qu’avec un boîtier en or jaune d’une montre habillée. Le bleu souffrait donc d’un positionnement peu clair, le réservant aux « originaux ».

Il a fallu attendre pas mal d’années pour que cette tendance s’inverse.

Il est difficile de savoir exactement quand le bleu est devenu une couleur horlogère à la mode, mais j’aurais tendance à placer un repère autour des années 2014/2015. À partir de ce moment, la couleur s’est vue partout. Il y a eu des bleus conservateurs (Omega, Jaeger-LeCoultre, Blancpain), des bleus plus légers (Rolex) et des bleus funky (Doxa Project Aware).

Mais encore une fois, la couleur restait cantonnée aux cadrans.

Il a fallu attendre l’arrivée de la céramique pour que la couleur s’empare de nos montres.

Hublot et Omega furent les premières marques à se lancer dans la course aux couleurs. Omega commença par décliner sa Speedmaster « Dark Side of the Moon » en gris acier, puis en blanc. La fameuse et controversée « White Side of the Moon » mérite attention. Pour beaucoup, c’est une montre féminine alors que je la considère parfaitement adaptée à un poignet masculin, si ce dernier est prêt à défier les codes.

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Hublot – de son côté – prit le relais et lança d’autres couleurs de boîtiers, soit pour ses montres en céramique, soit pour celles en saphir. Récemment, c’est le rouge qui dominait la palette innovatrice des Big Bang. Mais avant, c’était le bleu qui avait les faveurs de la marque de Nyon.

En 2017, Omega allait pousser le défi encore plus loin en lançant la première montre totalement bleue, la Speedmaster Blue Side of the Moon.

A l’instar de sa sœur « blanche », la Speedy Blue est une pièce qui attire, repousse, mais ne laisse certainement pas indifférent. Et c’est pour cela qu’il faut en parler !

Pourquoi Omega ?

Pas besoin de présenter plus longtemps la marque de Bienne. Ni la Speedmaster. Alors, en quoi cette nouvelle itération de la Speed est-elle différente pour Omega ?

D’abord, la marque est connue pour son côté classique, solide et intemporel. Les Speedmaster « colorées » sont donc une tentative de se démarquer de cette image quelque peu conservatrice. En 2014, Omega surprend le petit monde horloger avec la Dark Side of the Moon, la première montre en céramique totalement noire.

L’accueil est positif, le succès commercial énorme, montrant que les fans de la Speed attendaient quelque chose d’autre.

Il n’en faut pas plus pour donner des ailes à Omega et agrandir la famille des Dark Side. Le boîtier noir se voit associé à de nombreux cadrans, devenant soit totalement noir, soit un brin vintage.

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Mais c’est avec la White Side of the Moon (2015) qu’Omega repousse encore les limites. Trop loin diront certains. Il semble que l’opinion publique ne soit pas encore prête pour une pièce totalement blanche. Comme évoqué plus tôt, je trouve pourtant que cette « Snowmaster » est une réussite, hormis quelques petites erreurs de jeunesse, comme son positionnement « trop » féminin ou son bracelet au look trop « cheap ».

Omega aurait pu s’arrêter là.

Mais non…

En 2016, Omega dote sa Speedmaster Co-Axial d’une phase de lune et d’un nouveau mouvement chronographe Master Chronometer. Avec cette pièce, Omega tente de sortir la Speedmaster de son image « sportive » et lui offre une complication digne de son histoire lunaire.

Là encore, l’accueil est positif.

Assez pour donner une nouvelle idée aux créatifs de la marque : ça sera la Blue Side of the Moon, une version totalement bleue de la Speedmaster Co-Axial Moonphase, lancée à Bâle en 2017.

La Speedmaster Blue Side of the Moon : quand le blues donne le sourire

La Blue Side of the Moon est une belle pièce de technologie horlogère.

Omega a voulu utiliser cette Phase de Lune pour montrer ses capacités techniques, technologiques et esthétiques.

Côté technique, la Speedmaster est animée par un des calibres chronographe automatique les plus élaborés du marché (le système Co-Axial inventé par George Daniels, qui permet de limiter les besoins de lubrification et améliore la résistance aux chocs). Il répond aux normes chronométriques les plus exigeantes (METAS), est totalement insensible au magnétisme extérieur (15 000 gauss) et combine plusieurs fonctionnalités, telles que le chronographe, la phase de lune ou le quantième via cadran.

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Le mouvement est d’ailleurs visible via un fond saphir qui a la particularité d’être légèrement bombé, ce qui donne beaucoup de charme aux courbes générales de la montre.

Côté technologique, Omega démontre ici sa capacité à maîtriser l’usage des nouveaux matériaux. On savait déjà Omega capable de colorer la céramique, mais le développement d’une montre bleue semble bien plus compliqué que l’usage d’une céramique noire ou blanche. Pourtant, Omega l’a fait. Tous les éléments « visuels » de la montre sont en céramique bleue : le boîtier, la lunette, le disque de la phase de lune, les poussoirs de chronographe, la couronne, le cadran et même la boucle déployante. L’échelle tachymétrique de la Speedmaster Blue Side of the Moon est, quant à elle, réalisée en Liquidmetal™, un autre matériau innovant développé par Omega.

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Pour l’aspect esthétique, outre l’usage du bleu, Omega rajoute quelques touches de rouge (l’indication Speedmaster, l’extrémité de l’aiguille centrale du chronographe, ou l’indicateur de date). Le blanc se retrouve, quant à lui, sur l’ensemble des index ou des graduations (date, chronographe, tachymètre). Enfin, avec un boîtier Speedmaster classique, mais de 44,25 mm, l’Omega peut paraître massive mais reste parfaitement portable !

Le bracelet – dont nous parlerons plus en détail dans la partie suivante – est en alligator bleu.

Avant de laisser parler l’avocat du diable, il faut noter que cette année, Omega a lancé – discrètement – une nouvelle version de la Blue Side, équipée d’un magnifique cadran en aventurine, d’accents en or Sedna, et d’une céramique bleue légèrement plus foncée.

Le bleu et l'Omega Speedmaster Blue Side of the Moon

Qu’en pense l’avocat du diable ?

À son lancement, l’Omega Blue Side of the Moon a généré de nombreuses discussions sur les forums horologers...

Elle ne laisse donc pas indifférent et c’est là que réside son charme. C’est aussi son principal inconvénient. Il est difficile de voir la Blue Side of the Moon comme une montre unique. Elle s’intègre dans une collection et je vois difficilement quelqu’un la porter quotidiennement. Elle doit être appréciée et alternée avec d’autres pièces plus classiques ou « passe-partout ».

L’usage d’une pièce en céramique doit aussi faire l’objet d’une attention particulière. Si la céramique est presque inrayable, elle n’en est pas moins fragile. Compte tenu de sa dureté, ce matériau est sensible aux chocs. Donc attention aux chutes et aux coins de portes !

Enfin, il y a le bracelet. S’il est de grande qualité, son bleu ne matche pas le bleu de la boîte. Alors que le bleu de la Speedmaster ne changera pas, la teinte du cuir évoluera avec le temps. Et nous savons qu’il est difficile de marier différents tons de bleu.

Omega aurait dû soit opter pour un bracelet en matériau stable (synthétique, caoutchouc), matchant exactement la couleur de la boîte, soit casser complètement l’aspect monochrome et choisir un bracelet marron, gris ou même rouge !

Trouver le bracelet idéal pour votre Omega Speedmaster Blue Side of the Moon sera donc un challenge, mais l’un de ceux qui valent la peine d’être relevés.

Alors, comment porter la Speedmaster Blue Side of the Moon ?

Commençons donc par le bracelet. Ici, je ne vois qu’une option : il faut opter pour un bracelet fait sur mesure par un des spécialistes qui propose assez d’options pour satisfaire une montre si exigeante. Je ne vois que deux sociétés capables de relever le défi : ABP (Atelier du Bracelet Parisien) ou Combat Straps (Aaron Pimentel).

Les idées que j’ai pu avoir pour cette Speed vont d’un bracelet en denim clair, un autre en veau marron, un canvas vert militaire ou un cuir de couleur titane. Ce choix s’avèrera critique et pourra prendre quelque temps.

Une fois votre Omega habillée, passons au look !

La chemise doit rester classique, bleu clair ou blanche. Pourquoi ne pas opter pour un polo qui reprend le ton du bracelet plus que celui de la montre ? Pour la veste, un blazer aux poches plaquées sera idéal. Évitez les coupes trop formelles ou « british ». La Speed bleue a un côté « sudiste », italien, Dolce Vita ! Les coupes d’Eleventy ou de Brunello Cucinelli sont à considérer de très près. Si vous voulez ajouter un peu plus de folie, regardez du côté de Bob, j’apprécie beaucoup le côté décalé de certaines de leurs créations.

Pour compléter le look, osez un pantalon classique, mais avec un cordon de serrage de type « jogger » (drawstring). Les plus intéressants se trouvent chez Suit Supply, soit en lin blanc cassé, soit en laine d’été.

Enfin, une paire de sneakers Playtime (Berluti) ou de mocassins Tod’s se marieront parfaitement avec ce style italien.

Ainsi équipés, vous pourrez aller profiter d’un bon verre de Chianti, d’une pizza DOC et d’un tiramisu.

Après quoi il sera temps d’aller les contempler les étoiles. La nuit sera tombée. Bleu nuit, bien sûr…

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