La provocation et la Hublot Big Bang Sang Bleu Titanium White

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Provocation and the Hublot Big Bang Sang Bleu Titanium White - Why not...?
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Notre collectionneur nous invite à plonger dans l'univers des tatouages au travers d'un garde-temps conçu par Hublot en partenariat avec Maxime Büchi, ambassadeur de la marque.

Quand le monde devient de plus en plus régulé, la provocation fait de plus en plus de sens. Elle aide à relativiser et nous force à penser différemment, ou tout du moins à nous remettre en question. La provocation est par essence polarisante, on aime ou on n’aime pas.

Être provoquant, c’est afficher une volonté de défier l’ordre établi, les règles ou parfois même la loi. Ce qui est intéressant avec la provocation, c’est qu’elle reste marquée par une image fort négative. La définition même du Larousse la fait passer du côté sombre des attitudes humaines, en la considérant comme une « action de pousser quelqu’un à commettre une action blâmable, une infraction ».

Pour beaucoup, provoquer, c’est donc mal. Cela sous-entend que toute attitude qui remet en cause un ordre établi est donc néfaste. Or, le verbe « provoquer » a aussi une autre signification : c’est aussi être « la cause de quelque chose ».

Provoquer, c’est donc oser, tenter, déranger pour créer le débat, faire avancer les choses, mais aussi se mettre en décalage, se montrer sous un autre angle et finalement peut-être, faire changer les mentalités. Rappelons-nous que les grands provocateurs sont souvent des innovateurs qui gênent l’ordre établi ou qui ont parfois raison avant tout le monde, mais trop tôt…

Alors, quand est-il de l’horlogerie ?

S’il y a une industrie qui peut se définir comme classique, c’est bien elle. Son histoire est en soi une « non-provocation », dictée par l’évolution technologique et toutes sortes de différentes stabilités (style, management, technologie). Si nous observons les tendances actuelles, la provocation horlogère est – malheureusement – exogène. Elle vient de l’extérieur… On peut penser à la montée en puissance des smartwatches, encore niée par beaucoup dans l’industrie helvète, mais qui grignote peu à peu les parts de marché et les mentalités. Cette rupture est associée à un sens de la provocation et de la disruption qui nourrit le business model des entreprises de haute technologie. Alors que vu de Silicon Valley, une Apple Watch est (voir était) un concept innovant, vu des Vallées du Jura, cela reste une provocation. Surtout lorsque Tim Cook se positionne en premier horloger mondial !

Mais il y a une vraie question ici : la provocation est-elle plus facile lorsque l’on est « de l’extérieur » ? À priori, oui, car la provocation par l’intérieur demande du courage, voire de la témérité…

Provoquer est donc, à mon sens, normal et même salvateur.

Et les marques horlogères devraient oser. Ce sera peut-être l’objet d’un autre « Et pourquoi pas... ? »...

En attendant, parlons d’un autre sujet, fortement marqué par la provocation : c’est l’histoire du tatouage. Celle-ci a commencé il y a plusieurs milliers d’années, mais son image a grandement évolué au cours des siècles.

Signe d’appartenance, forme de pièce d’identité dans les Îles du Pacifique (n’oublions pas que le mot est d’origine tahitienne), indicateur d’une hiérarchie sociale, signe de souffrance ou de contrainte, le positionnement du tatouage s’est lentement déplacé pour devenir une forme de provocation.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, il est devenu la marque de reconnaissance des bad boys, des rebelles ou des délinquants. A ce titre, il véhicule une mauvaise image et est souvent associé à des personnes marginales, violentes ou asociales.

Encore aujourd’hui, le tatouage divise. Pourtant, son image évolue. De provocation, il devient art. Mais un art qui provoque ! Il peut être discret, ou recouvrir le corps. Il se lit et attire les yeux. Il choque, dérange, mais aussi abolit certaines frontières. Le fait qu’il devienne partie de la peau – et donc de l’individu qui le porte – est aussi un élément qui suscite envie ou répulsion. Qu’on le veuille ou pas, on « blesse » le corps pour l’utiliser comme média d’une forme d’expression bien particulière.

Depuis le début des années 90, le tatouage fait un retour en force. On ne compte plus les stars qui se tatouent, rejoignant ainsi la liste des tatoué(e)s célèbres que furent George Orwell, Thomas Edison, Winston Churchill, Nicolas II, Staline, Roosevelt ou même la reine Victoria (dont la rumeur veut que son tatouage soit présent sur une partie très intime de son corps).

Même s’il se généralise, il reste un sujet de discussion brûlant. Il y a les pour, les peut-être, les « c’est joli mais pas pour moi », et les « jamais de la vie ». Mais finalement, il force la discussion et les prises de position. Il atteint donc son objectif et doit être respecté.

Associer tatouage et horlogerie n’est donc pas un pari facile. Entre les « bad ass » et les BCBG (je sais ça fait vieux), le mariage a de fortes chances de ne pas durer.

Pourtant, si on considère que de plus en plus de personnes se tatouent, que les femmes sont les plus nombreuses, que le tatouage brise les barrières sociales et crée une nouvelle forme d’art, il semblerait naturel que cet art/cette industrie intéresse les horlogers disposés à trouver des provocateurs externes pour booster leur créativité.

Et qui parle de provocateurs, parle des tatoueurs et non plus des tatoués.

Parce qu’aujourd’hui, certains deviennent des stars que l’on reconnaît par leurs créations. Souvent, ils combinent le tatouage « sur peau » avec d’autres médias pour laisser s’exprimer leur imagination. C’est le cas de Scott Campbell. Le tatoueur originaire de Louisiane a créé le légendaire studio (shop) de tatouage Saved Tattoo à New York. La liste de ses œuvres et des personnes qui les portent est impressionnante, et il est impossible d’obtenir un rendez-vous avec lui, si jamais vous vouliez faire comme Penélope Cruz, Heath Ledger ou Orlando Bloom. La seule façon de porter du « Scott Campbell » est de vous rendre chez Berluti, car le chausseur a un partenariat avec le tatoueur qui vous permettra de décorer vos souliers ou bagages avec des motifs créés par la star.

Mais si vous cherchez un lien plus direct avec l’horlogerie, il faudra alors vous diriger vers un autre studio de design, le fameux Sang Bleu (qui nous renvoie aussi bien à la nature noble du tatouage, mais aussi au « bleu » qui, dans le lexique des tatoueurs, définit une personne avec beaucoup de tatouages…).

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

C’est dans son shop de Londres que vous pourrez rencontrer un autre grand nom du tatouage, le suisse Maxime Plescia-Büchi. Originaire de Lausanne, Maxime a donc grandi « près » de l’horlogerie. Et le hasard des rencontres l’a rapproché de Jean-Claude Biver, dont un des enfants porte un de ses tatouages.

Il n’en fallait pas plus pour que ces deux grands provocateurs échangent quelques idées et donnent naissance à une montre pas très banale…

Pourquoi Hublot ?

Depuis la Californie, je continue d’avoir une affection particulière pour Hublot. Pendant de nombreuses années, alors que j’étais basé à Nyon, j’avais une vue directe sur la manufacture Hublot, devant laquelle je passais plusieurs fois par jour. Alors, porter une Hublot est pour moi un petit signe de nostalgie, mais aussi de respect pour une marque qui attire, dérange, divise et donc provoque !

Je ne reviendrai pas sur les créations d’Hublot. Depuis les bracelets caoutchouc des années MDM, jusqu’aux montres en saphir rouge ou habillées de « culottes de peaux », Hublot a toujours aimé choquer. On doit beaucoup de cet esprit cabochard à la personnalité de Jean-Claude Biver, qui a repris la marque en 2004.

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

Depuis, il n’a cessé de provoquer une industrie trop classique, important les concepts d’ambush marketing, créant des séries limitées utilisées avant tout comme des flèches médiatiques, ou investissant des territoires ignorés par d’autres marques trop sages ou policées. C’est ainsi qu’Hublot raflera la mise dans le football, transformant une image de marque « beaufisante » en source de profit et de reconnaissance insoupçonnée. Seule Hublot peut désormais marier Gstaad et Las Vegas, la boxe et le polo ou le foot et le cricket.

Toujours prête à aller là où on ne l’attend pas, il n’en fallait pas plus pour que la marque de Nyon s’essaye au tatouage.

Elle pouvait « juste » tatouer un de ses modèles, mais cela n’aurait pas suffi. Encore une fois, il était temps de provoquer.

La Hublot Big Bang Sang Bleu Titanium White : quelle mouche l’a piquée ?

Il fallait s’y attendre… Une coopération entre un tatoueur réputé et Hublot ne pouvait déboucher que sur une montre au moins inhabituelle.

La Sang Bleu est une pièce qui crée trois sentiments consécutifs : 1) Non, pas pour moi; 2) Quoique pourquoi pas, faut essayer; 3) Wow, j’adore…

Cette Sang Bleu est construite sur une base de Hublot Unico. Donc c’est une montre massive (45 mm) qui adopte la fameuse construction modulaire. La collection propose plusieurs modèles mais mon choix s’est porté sur la version blanche, encore plus en décalage.

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

Comme une Hublot Unico classique, elle est équipée d’une lunette vissée, d’une couronne recouverte de caoutchouc et décorée du fameux H, du génial système de changement de bracelets, d'un bracelet en caoutchouc et de la très simple boucle déployante.

Mais hormis cela, tout est différent !

D’abord, la lunette. Je ne suis pas un grand géomètre, donc j’ai du mal à définir sa forme. Elle est faite d’un hexagone gravé dans un cercle. Ou d’un cercle biseauté qui reprend la forme d’un hexagone. En plus simple, elle a une forme inhabituelle qui attire la lumière et affine les angles.

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

Ensuite, il y a le cadran. Je suppose que vous n’avez rien vu de pareil auparavant : ici, pas d’aiguilles ni de date. Le cadran est composé de disques indiquant les secondes, les minutes et les heures. Ces disques sont intégrés pour apparaître en symbiose. Leur style est unique. Ils sont composés de nombreuses formes géométriques et peuvent s’apparenter à un kaléidoscope. D’ailleurs, je me surprends à fixer le disque central des secondes dont la rotation a quelque chose d’envoûtant.

Les heures et les minutes sont indiquées par deux extrémités triangulaires de chacun des disques dédiés. Le triangle le plus important pour les heures; le plus petit pour les minutes. Il suffit de se référer aux deux échelles (minutes et heures) présentes sur le cadran blanc pour que la lecture devienne plus… évidente !

Une fois cette courte phase d’apprentissage passée, la magie opère. Le cadran est un bel exemple d’imagination, mais aussi de provocation. On comprend tout de suite que l’objectif premier n’est pas de faciliter la lecture de l’heure, mais bien d’offrir un objet d’art « mobile ».

Il suffit de l’accepter pour commencer à apprécier à sa juste valeur la Hublot Sang Bleu.

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

Les formes géométriques chères à Maxime Büchi se retrouvent aussi sur le boîtier et se prolongent sur le bracelet. Le fond de la montre reprend le même style, avec un rotor alternant triangle et hexagone.

La provocation et la Big Bang Sang Bleu Titanium White

La Hublot Sang Bleu est animée par un mouvement automatique Unico HUB 1213, offrant une réserve de marche de 72 heures.

Avec cette montre, Hublot continue à expérimenter des styles différents. Comme un tatouage, cette Sang Bleu fera parler et suscitera autant de « mais pourquoi !? » que de « fallait oser ! ». C’est pour ça que je l’apprécie !

Qu’en pense l’avocat du diable ?

Il pourra se ranger très vite du côté des opposants et des conservateurs en commentant la taille (une version 42 mm serait appréciée), le cadran trop iconoclaste, le style trop marqué, voire l’exhibition. Mais n’est-on pas en présence d’une montre dont tous ces aspects contribuent justement à sa force ?

La Hublot Sang Bleu ne sera jamais une pièce classique et c’est d’ailleurs une des grandes questions qu’elle a soulevées : combien de temps séduira-t-elle sa/son propriétaire avant de la/le lasser ? C’est un des anachronismes de la Hublot Sang Bleu : alors que le tatouage est fait pour durer, cette montre devra conserver son pouvoir de séduction dans le temps. Saura-t-elle y parvenir ?

Porter la Hublot Sang Bleu : faut-il être tatoué ?

La réponse est non. Je ne le suis pas et pourtant je suis tombé sous le charme de cette création. Cependant, en m’intéressant à la Sang Bleu, j’ai aussi découvert un monde dont j’ignorai beaucoup et la provocation a donc réussi à créer l’intérêt !

Porter la Hublot Sang Bleu White est plus simple qu’il n’y paraît. D’abord, il y a le grand choix de bracelets offerts par la marque et le révolutionnaire mécanisme qui permet d’en changer en un clic. Donc pas de souci à se faire, il sera aisé d’accorder votre montre à votre style ou votre activité.

Côté vêtements, vous pouvez continuer le thème Tattoo en portant des souliers Berluti que vous aurez confié à la magique Elena de Berluti qui réalisera le tatouage de vos rêves. Il faudra alors choisir une patine originale et un motif qui parle de vous. Ensuite, restez classiques : tee-shirt bleu foncé à manches longues, pantalon sport de chez Artling et ceinture Scritto de Berluti.

Il ne vous restera alors qu’à vous demander : Tattoo or not Tattoo ?

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