La De Bethune DB 21 Maxichrono

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De Bethune DB 21 Maxichrono - Why not ?
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De l'importance des aiguilles...

L’aiguille. On n’en parle que très rarement, pourtant, beaucoup s’accordent à dire que le « diable est dans les détails ». Et qui dit détail, dit finesse, petite taille, subtilité et précision. 

Regarder une montre est un exercice passionnant et riche en émotions et sensations.  On la prend en main, on la pèse. On passe ses doigts sur le boîtier pour sentir ses courbes ou ses angles. On rapproche le cadran de ses yeux pour admirer ses couleurs, ses formes et ses contrastes. 

Et puis, on la retourne, fond plein ou fond saphir ? Il y a des inscriptions, des références plus ou moins secrètes. Des numéros et des chiffres. Il y a bien sûr le mouvement, pièce maîtresse du garde-temps. Décoré, simple, compliqué, silencieux ou « bruyant », il attire les regards et capture l’attention. 

L’expérience tactile et visuelle ne serait pas complète sans passer la montre au poignet, pour voir comment elle « me » va. Il s’agit d’un moment important car une montre est un objet intime qui se porte ou s’intègre à un style et définit – ou renforce – une personnalité. 

Une fois au poignet, on peut aussi « sentir » le confort du bracelet, regarder le tombé de la montre, s’assurer de son confort et se rassurer sur sa taille. 

Voilà, maintenant, on l’aime – ou pas… 

Pourtant, au travers de cette courte description de la rencontre entre l’objet et la personne, j’ai oublié un élément fondamental. La raison pour laquelle la montre existe. Celle sans laquelle elle ne serait pas là. J’ai oublié de vous parler de la finalité du mouvement. De l’objectif ultime de ces centaines de petits composants qui s’intègrent, s’animent ensemble et collaborent. 

J’ai oublié de vous parler de l’aiguille…  Sans aiguille, pas de montre. Sans aiguille, le mouvement perd le Nord. Sans aiguille, pas d’heure, de minutes, de secondes. Sans aiguille, il m’est difficile de savoir si la montre marche, avance ou retarde. 

Il est temps de redonner ses lettres de noblesse à ce minuscule détail, cet infime élément de la montre, pourtant si indispensable.  Au début était le rayon de soleil. Celui qui donnait la vie au cadran solaire. Pas d’aiguille, juste un rayon. Un mouvement sur le sol et une indication. 

Tout est parti de là, de l’utilisation d’un astre pour comprendre le temps. L’aiguille est apparue bien plus tard. Une fois que l’homme a compris que le temps pouvait se maîtriser, il a décidé de lui donner du sens. Une aiguille, deux, puis plus… A partir de l’indication, il a construit le mécanisme : le mouvement. Avec toujours le même objectif : contrôler le temps et le rendre visible. 

Pendant des centaines d’années, l’aiguille a été la seule façon de lire l’heure. Qu’importe les pays, les cultures, les époques. L’aiguille était le langage commun, partagée par tout le monde. 

Et puis, est arrivé le chiffre, la simplicité. Au lieu de lire les aiguilles, il suffisait de lire les chiffres. La montre est devenue moderne, animée par des mouvements électroniques ou à quartz. Surtout, elle a commencé à montrer l’heure et à tuer l’aiguille. On appelait ça la modernité. Plus de long apprentissage pour comprendre les minutes et les heures. Il suffisait de lire. 

La montre était devenue numérique. Fini l’analogique, fini l’expérience des aiguilles. Pourtant, malgré tous les progrès, le petit détail n’allait pas disparaître. Bien au contraire. Et c’est là, la magie de l’histoire. 

Elle commença à perdre du terrain, à se terrer dans des montres anciennes ou vieilles – qui deviendraient plus tard vintage. Il y avait un peu de David contre Goliath dans cette histoire d’aiguille. Elle perdit du terrain, devint obsolète et représentait une époque qu’on voulait oublier. 

Petit à petit pourtant, l’écran qui affichait des chiffres perdit de son charme. Il était pratique certes, mais finalement pas si « sexy ». La montre « à aiguilles » revint donc sur le devant de la scène. De plus en plus, et de plus en plus vite. Jusqu’à retrouver le sommet de la pyramide horlogère et à reconquérir les cadrans et les mouvements. 

Mais la menace n’avait pas totalement disparu. Les smartwatches préparaient leur invasion. Le nom même devait faire peur : les montres intelligentes. Ce qui laissait supposer qu’il y avait les montres « idiotes », les montres à aiguilles, mécaniques, de nouveau reléguées à leur image passéiste. 

L’aiguille allait voir ce qu’elle allait voir ! La montre intelligente avait un grand écran, des couleurs, des informations et des animations. La fin de l’aiguille était donc proche. Mais non… A la surprise générale, les montres intelligentes proposaient aussi des cadrans avec des aiguilles virtuelles. Au lieu de les tuer, les géants californiens avaient compris que parfois « if you cannot beat them, joint them ». Pour conquérir les cœurs et les poignets, il ne fallait plus tuer l’aiguille, il fallait s’attacher ses services. 

Au point que la dernière grande innovation de la nouvelle Apple Watch est d’avoir son écran allumé en permanence. Avec sur son cadran digital, des aiguilles.

L’aiguille venait de gagner une autre bataille. Elle venait de conquérir les smartwatches.

Pourquoi De Bethune ?

J’ai longtemps cherché une montre qui pourrait renforcer l’histoire que je viens de vous raconter. Une montre qui pourrait parler du passé mais aussi de l’avenir. Une pièce qui est à la fois moderne, mais qui sublime les détails « anciens ». 

J’aurais pu regarder du côté des pièces qui sont associées à des noms d’aiguilles : les Mercedes, Lollipop, cathédrale, dauphines ou épée. Mais le risque était de ne parler que du passé. D’oublier que l’aiguille était aussi l’avenir de la montre. C’est pour cela que j’ai décidé de vous parler de cette De Bethune Maxichrono. 

La marque De Bethune est jeune, dynamique, à la fois classique et pourtant tournée vers le futur. C’est une équipe réduite, passionnée qui a créé son empreinte stylistique. Une De Bethune a un design unique, reconnaissable entre tous. 

Au-delà du design, les De Bethune sont aussi des merveilles mécaniques, développées par des maîtres horlogers aux talents exceptionnels. La marque basée dans le Canton de Vaud ne cesse d’innover et de lancer de nouveaux calibres. 

Elle a lancé presque autant de nouveaux mouvements qu’elle a d’employés – 27 mouvements manufacture pour 30 employés ! Dans un monde qui vit beaucoup au travers des chiffres et des données, ce ratio est exceptionnel !

Les De Bethune sont donc des montres exceptionnelles, rares et qui se méritent. Elles construisent un pont entre l’ancien et le moderne. Elles sont belles et intelligentes, mais surtout, elles subliment les aiguilles. 

Au-delà de la complication mécanique, elles ont une capacité à donner de l’espace à ces petits composants trop souvent ignorés. Les aiguilles d’une De Bethune sont sophistiquées, originales et présentes. Les horlogers de la marque ne les ont pas oubliées. Au contraire. Elles ont un rôle de premier plan. Et c’est encore plus vrai sur la Maxichrono dont je vais vous parler à présent. 

La De Bethune DB21 Maxichrono Réédition : dans le sens des aiguilles d’une montre

La De Bethune DB 21 Maxichrono

Le chronographe est une des complications les plus populaires. C’est aussi celle qui donne le plus d’espace et de présence aux aiguilles. 

Connaissant De Bethune, il n’est pas étonnant que la marque ait voulu repenser cette complication et lui donner une nouvelle dimension. C’est chose faite avec ce chronographe, lancé initialement en 2006 et relancé quelques années plus tard. 

La grande réussite de la Maxichrono réside dans sa simplicité apparente. Les chronographes sont classiquement des montres qui se distinguent par leurs multiples cadrans et sous cadrans. Ici rien de tout cela. 

La DB21 Maxichrono est une pièce qui met les aiguilles au centre du cadran, plutôt que de les déporter vers des cadrans subsidiaires. Simple, efficace et extrêmement compliqué à réaliser ! Pour se rendre compte de la complexité de cette montre, il suffit de compter ses aiguilles : 1, 2, 3, 4 et 5 … toutes sur le même axe. Et de s’imaginer qu’elles s’animent – et se règlent - de façon indépendante. 

Pour cela, il a fallu concevoir un mouvement à remontage manuel révolutionnaire de plus de 420 pièces, qui affiche une réserve de marche de 5 jours ! Parce que l’exception ne s’arrête pas à la simplicité de l’affichage et à « l’empilage » des aiguilles. 

Un chronographe classique a une autre caractéristique : ses poussoirs. Ils sont souvent au nombre de 2, associés à une couronne de réglage. Ici rien de tout cela. La De Bethune DB 21 Maxichrono est un chronographe mono-poussoir. 

Alors que les aiguilles se sont multipliées, les poussoirs ont donc disparu. Cela renforce l’esthétique de la pièce et son impression de simplicité. Mais encore une fois, les équipes de De Bethune ont apporté une touche d’originalité à ce poussoir, qui se trouve désormais positionné à 6 heures, comme sur certaines montres de plongée vintage. 

Mais l’exercice de style ne s’arrête pas là. La prochaine étape est le boîtier. 

Cette fois-ci, bienvenue dans le futur. Le boîtier en titane est unique en son genre. Le mouvement est logé dans une boîte en titane, elle-même « posée » sur un berceau avec des anses mobiles. En gros, le boîtier s’adapte à la forme de votre poignet. Encore une fois, l’idée est simple, la réalisation compliquée, le résultat magnifique. 

Pour terminer, revenons sur les aiguilles. Au nombre de 5, elles sont toutes un style différent. Epaisses, fines, colorées, cette profusion de formes pourrait créer un chaos. Il n’en est rien. Elles jouent toutes la même partition chronographique et leurs différences ne choquent pas. Bien au contraire. 

Avec cette Maxichrono, De Bethune a donc réussi une magnifique ode à l’Aiguille. Cette montre s’approche de la perfection, mais pourtant notre Avocat du Diable guette… Qu’en pense-t-il ?

L’avis de l’Avocat du Diable

Avec la De Bethune, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ! En gros, tout ce que le Diable déteste ! Mais plus sérieusement, que pourrait-on demander de plus à la DB21 ?

Premier « petit » détail, son prix (CHF 155'000.-) et son nombre limité (5 pièces) en font une montre quasi inaccessible. De Bethune offre une complication identique sur sa gamme DB28, avec un design légèrement revu, mais un prix qui reste dans la même catégorie. 

Second élément qui peut prêter à discussion : les anses flexibles bleues. J’aime beaucoup ce détail, mais je comprends aussi qu’il puisse gêner les plus classiques d’entre nous, ou ceux qui auraient peur de se lasser de cette couleur. 

Enfin, troisième et dernier point de discussion, l’étanchéité limitée voire nulle. La Maxichrono est certes une montre de grande complication, mais son look sportif laisse à penser qu’elle pourrait se laisser tenter par l’eau. Il n’en est rien et il faudra donc faire attention !

Porter la De Bethune DB21 Maxichrono avec style

Avec l’hiver qui se rapproche, essayons de voir comment marier ce merveilleux chronographe avec une tenue simple qui rende hommage aux petits détails !

Le temps qui se rafraîchit est parfait pour sortir une veste ou même un costume en velours côtelé. J’aime le style de ce tissu lorsqu’il est porté et la « patine » qu’il peut prendre avec le temps. Mon choix se portera sur un costume Vicomte A en velours côtelé bleu foncé. Les plus courageux opterons pour la version orange, magnifique mais difficile à porter tous les jours ! La veste peut se porter de façon dépareillée, par exemple avec un denim ou un chino de couleur vert sapin de la même marque. 

Au pieds, pourquoi ne pas laisser de côté les classiques loafer, ou les sneakers, et choisir des bottes lacées, qui casseront le style sérieux du costume. J’ai une préférence pour les modèles Higgins en Cordovan d’Allen Edmonds, dont la patine se mariera parfaitement avec le look décontracté du velours bleu marine. Pour ceux qui préfèrent un modèle plus habillé, vous pouvez choisir le Dalton, toujours en Cordovan dans la fameuse Couleur 8 (bordeaux foncé).

Le cuir Cordovan est probablement une des plus belles peausseries pour une paire de souliers, à condition de comprendre ses particularités et d’être disposé à accepter ses irrégularités ou ses différences de couleurs pour une même paire.

La chemise pourra être en chambrai, ou encore mieux, en flanelle épaisse.

Enfin, il ne faudra pas oublier l’écharpe – forcement en cachemire. Mon choix se portera sur une Berluti au motif Scritto de couleur marron, parfaite pour compléter ce look automnal. 

 

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