Comment l’horlogerie a touché le fond

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How Watches Conquered The Ocean Depths - Deep Diving
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Qu’ont en commun Rolex, Seiko, Panerai, Blancpain, Doxa, Hublot ou encore Omega ?

On pourrait tenter de résumer l’histoire de la montre de plongée à une course vers des profondeurs de plus en plus grandes. De l’honorable Fifty Fathoms de Blancpain (90m) jusqu’aux plus de 10'000 mètres atteints par Rolex, il y a pourtant un monde. Il y a d’un côté les prouesses, de l’autre l’usage quotidien. D’un côté, les prototypes, de l’autre les montres en production. Les pièces civiles d’un côté, militaires de l’autre. A quartz, ou mécanique. Un océan de subtilités ! 

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Le cap des 300

De nos jours, la « montre de plongée » est un objet répondant à une norme ISO (6425). Parmi ses spécifications, il y a la nécessité d’être étanche à au moins 100 mètres. La plupart des montres peuvent atteindre ce seuil sans difficulté. Aussi, à l’usage, la montre de plongée est davantage perçue comme étanche à 300 mètres. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si de nombreuses marques se sont alignées sur ce niveau pour leurs propres plongeuses : Omega Seamaster 300, Eberhard Scafograf 300, Doxa Sub 300, Mauron Musy « Armure », etc. 

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Et arriva Superman...

Ces créations contemporaines sont le fruit de décennies d’innovations. Rolex était engagée dans la course à l’étanchéité dès 1927, suivie par Omega en 1932, puis Panerai quelques années plus tard et au fil de la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, c’est une toute autre maison, Aquastar, qui développa une montre étanche à 500 mètres, la Benthos 500. Le cap de l’étanchéité à 300 mètres est donc franchi mais rares seront les marques à s’y adonner, en raison d’un public d’acquéreurs potentiels encore trop réduit. Yema changea la donne lorsqu’elle sortit une plongeuse abordable qui, étrangement, avait le nom d’un héros des airs : Superman ! La pièce a d’ailleurs récemment été rééditée. 

La définition d’un standard

L’engouement pour la plongée s’envola avec l’un de ses plus charismatiques héros : Jacques-Yves Cousteau. L’homme popularisa sa discipline et, incidemment, ses équipements. Dès lors, plusieurs marques sortirent des modèles étanches à 300 mètres (et au-delà). La 6215 de Seiko, dans la collection « Professional 300 », tout comme la Scafograf 300 d’Eberhard, suivie par la Vulcain Nautical, en 1970. Ce niveau de profondeur devint un standard pour le grand public. Il n’empêchera pas la poursuite de records de profondeurs, dont Rolex, Omega (Ploprof) ou Seiko (Prospex) deviendront des leaders.

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 Le dépassement des limites techniques

Pourquoi ce seuil des 300 mètres ?  Parce que cette profondeur peut être atteinte grâce aux moyens usuels des manufactures : joint torique (dit «o’ring »), boîte standard, couronne vissée. De plus en plus, notamment sur la Seamaster 300M, on trouve un fond saphir, jusque-là proscrit au profit d’un fond vissé. Les progrès horlogers ont permis de s’en défaire, permettant par la même occasion de laisser voir le mouvement. 

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Les progrès sur ce mouvement ont également joué. En effet, plus la descente est profonde, plus l’équipement requis est conséquent. Les ordinateurs de poignet ont vu le jour au bras des plongeurs. Or tous ces équipements constituent de potentielles sources de magnétisme qui viennent altérer le fonctionnement des montres mécaniques. Avec l’essor de l’échappement en silicium, le magnétisme n’est plus un problème et les marques ont donc pu proposer, pour un prix désormais démocratique, des montres de plongée étanche à 300 mètres, sans devoir revoir fondamentalement leur cahier des charges. La seule exception récente est venue de Mauron Musy, jeune marque qui a su se départir du joint torique. Leur technologie nO-Ring associe trois principes : l’étanchéité mécanique, la bride d’assemblage et le ressort satellitaire de compression. Cette solution en cascade constitue un véritable changement de paradigme, propulsant l’étanchéité au niveau d’une « complication d’habillage ».

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