Une question de tailles

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Size matters - Case diameters
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Diamètre, encombrement, les modes passent et les montres changent. Mais les dimensions d'une montre, condition de sa portabilité, sont soumises à bien d'autres facteurs.

36 ? 38 ? 40 ou 42, voire encore 46 mm ? Lorsqu'un nouveau modèle de montre sort, une des questions fondamentales est : quel doit être son diamètre ? La réponse est évidemment : cela dépend. Les facteurs qui entrent en ligne de compte sont nombreux. L'un des plus déterminants est la tendance actuelle, une donnée qui s'étale sur des phases de trois ou quatre ans. Alors quels sont ces facteurs, quelle est la tendance actuelle et comment ces données influent-elles sur la création horlogère contemporaine ?

Une question de tailles

Premier facteur: le mouvement, ses complications, et la mesure dans laquelle il a été contenu dans certaines cotes. Il est plus facile de faire entrer un trois aiguilles date manuel qu'une rattrapante ou un affichage heures vagabondes dans une petite boîte. La mécanique dicte encore ses normes aux studios de design et aux clients. Dans les années 2000, les mouvements étaient anciens et donc petits. Et la mode, elle, réclamait des boîtiers de plus en plus larges. Résultat, il a fallu se contenter de chronographes qui louchent au centre de cadrans trop grands, d'indications de quantième perpétuel perdues au milieu des poignets. Aujourd'hui, les catalogues de calibres, qu'ils proviennent de sources génériques, de motoristes haut de gamme ou de marques les maîtrisant directement, sont devenus assez larges pour offrir un vrai choix. La poussée de fièvre sur l’ultra-fin a encore ouvert le champ des possibles.

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Puis vient, la marque. Est-elle exubérante comme Hublot ou conservatrice comme Patek Philippe ? A-t-elle quelque chose à prouver ? Recherche-t-elle une adéquation entre la taille de ses modèles et le poignet ou, au contraire, privilégie-t-elle l'oversize par nature, comme Rebellion ? Est-elle une spécialiste des complications ? Auquel cas la multiplication des indications oblige à rester lisible auprès d'une clientèle souvent presbyte, ce qui oblige à utiliser des tailles de typographies plus importantes... La modestie de ses ressources l'oblige-t-elle à taper dans un catalogue de composants accessibles, génériques et plus petits ?

Une question de tailles

Autre facteur, l'effet produit. Cette montre doit-elle se remarquer de loin ? Doit-elle s'imposer et aider son propriétaire à faire de même ? L'état d'esprit d'un modèle est intimement lié à ce qu'il projette et cela est à son tour dicté par le registre de la montre. Il est plus logique de donner une grande ouverture à un modèle sportif, où la lisibilité a un rôle important à jouer, qu'à une montre de soirée chic. Il est normal qu'une montre de plongée de grande profondeur arbore de fortes dimensions, car elles l'aident à résister à la pression sous-marine et sa lunette a besoin d'un grand diamètre pour une meilleure préhension.

Une question de tailles

La tendance du moment est plutôt aux petites tailles. Là où les 44 mm dominaient il y a encore cinq ans, le 42 est devenu une norme et le 40 mm a repris des couleurs, alors qu'il avait été un temps relégué au domaine féminin ou très conservateur. Le 38 mm pour hommes n'est plus une aberration et les femmes portent moins de 44. Certaines marques abandonnent leurs lignes les plus macho, comme les King Power de Hublot, délaissant les 46 mm et au-delà. Mais d'autres continuent à servir ces segments, toujours prisés sur certains marchés comme la Russie ou les Etats-Unis, où le gabarit des clients rend les montres XXL plus logiques qu’ailleurs. Les micro-montres pour dames, sous la barre des 28 mm, qui ont fleuri chez Hermès, Baume & Mercier ou encore Chaumet, ont séduit en Europe et au Japon, mais pas ailleurs.

Le dernier facteur est le plus fin, et il dépasse largement cette donnée un peu isolée, assez imparfaite, qu'est le diamètre de boîte. Il n'existe pas d'unité de mesure de l'encombrement d'une montre au poignet. Elle est la combinaison entre le diamètre total de la boîte et l'ouverture du cadran, l'épaisseur de la montre, l’importance de la couronne et le rayon de courbure des cornes, donnée subtile entre toutes, qui conditionne la capacité d'un modèle à coller au poignet. Ainsi, une Piaget ultra-fine de 43 mm, au profil rectiligne, passera moins bien sur un petit poignet qu'une Richard Mille de 50 mm de long pour 16 de large, bien plus imposante sur le papier, mais dont le fond est arrondi.

Une question de tailles

Face à cette infinité d’options, toutes variables dans le temps et l'espace, les marques prennent de plus en plus un raccourci. Une nouveauté destinée à rencontrer un important succès commercial sort directement en deux, voire trois et parfois même quatre diamètres différents. Un ou deux d'entre eux sont destinés aux dames, le troisième est plutôt mixte et raisonnable, compris entre 38 et 41 mm, tandis que le dernier passe le cap des 42. Ainsi, la marque touche tous les publics avec une proposition unique, déclinée, moins risquée.