La Serpenti de Bulgari, ou l’art du perpétuel renouveau

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Bulgari’s Serpenti, or the art of perpetual renewal - Bulgari
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Véritable emblème de Bulgari, la collection Serpenti est en constante évolution et s'enrichit sans cesse de nouveaux modèles. WorldTempus vous propose un tour d'horizon des orgines et de l'histoire de la collection.

Durant ses 133 ans d’existence, Bulgari a réussi à la fois à se forger une identité stylistique et à la renouveler sans cesse. Le joaillier italien a pour cela d’importantes archives à sa disposition ainsi qu’une multitude de motifs dont certains si immuables qu’ils sont devenus des symboles identitaires de la maison.

La « Serpenti » est l’un de ces emblèmes : le motif du serpent enroulé, apparu pour la première fois dans le répertoire horloger de Bulgari dans les années 1940, a été revisité cette année sous la forme de la montre à secret de haute joaillerie Serpenti Misteriosi arborant une double tête de serpent. Cette montre a été présélectionnée dans la catégorie joaillerie du Grand Prix d’Horlogerie de Genève.

La Serpenti de Bulgari, ou l’art du perpétuel renouveau

Une succession de mutations esthétiques

Depuis les premières montres Serpenti stylisées des années 1940, la maison a évolué, dans les décennies qui ont suivi, vers des itérations naturalistes du motif si l’on en croit l’historienne en joaillerie Amanda Triossi, auteure du livre « Bulgari, 125 ans de magnificence italienne » publié en 2011.

Depuis les années 1950, Bulgari a continuellement fabriqué des montres-bracelets Serpenti avec toutes sortes de combinaisons de métaux et de couleurs. Même si le cadran et les mouvements ont été, pendant un temps, fournis par Jaeger-LeCoultre, Movado, Audemars Piguet ou Vacheron Constantin, le design et la fabrication du bracelet – chaque pièce taillée, sertie à la main et assemblée dans les ateliers du joaillier – ont été le produit du propre savoir-faire de Bulgari et de sa maîtrise de la flexibilité des métaux. Les techniques de fabrication ont été perfectionnées au fil du temps et certaines, comme celle développée pour les modèles Tubogas (ou tuyaux à gaz) au XIXe siècle, ont atteint le statut d’icône dans les années 1980.

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Les premières versions des montres Serpenti de Bulgari étaient en or jaune, avec la tête et la queue du serpent serties de diamants. La montre achetée par Elizabeth Taylor en 1962, que l’on peut la voir porter sur les photos prises lors du film Cléopâtre tourné à Rome, en est un exemple célèbre. En partie grâce à Mlle Taylor, les montres Serpenti représentaient le glamour de Rome à l’âge d’or des Studios Cinecittà lorsque la Ville Eternelle était une destination de choix pour les célébrités mondiales et les stars hollywoodiennes.

Des décennies plus tard, lors de la vente aux enchères des biens d’Elizabeth Taylor chez Christie’s en 2011, cette montre a été si convoitée qu’elle a atteint le prix de $ 974'500 (contre une estimation de $ 12’000 - $ 15'000).

La Serpenti de Bulgari, ou l’art du perpétuel renouveau

Même sans une provenance aussi prestigieuse, les variations de la Serpenti en émail polychrome ou pierres précieuses ont été appréciées tant par les collectionneurs de montres que de bijoux. En 2014, une montre Serpenti en émail et diamants de 1965 s’est vendue chez Christie’s pour $ 1,1 million, un record mondial pour une montre-bracelet.

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Depuis lors, Bulgari a redoublé de créativité dans les designs des montres Serpenti. En 2015, sur la Serpenti « Head over Tail », la tête du serpent reposait sur le bout de sa queue. En 2016, Bulgari a présenté la Serpenti Spiga, la Serpenti Five-coil Tubogas et la Serpenti Incantati, ou serpent enchanteur, avec un serpent géométrique se mordant la queue en s’enroulant autour de la lunette d’un cadran rond.

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Pour cette version revisitée, Fabrizio Buonamassa Stigliani, directeur du Bulgari Watches Design Center, s’est inspiré d’une broche en diamants des années 1930 figurant dans les archives de la maison, et a imaginé une nouvelle forme qui a contribué à définir quatre nouvelles collections de montres joaillières et le design de l’Incantati Tourbillon Lumière Skeleton, la première Serpenti à complication.

La Serpenti de Bulgari, ou l’art du perpétuel renouveau

Un symbole multiculturel

Bien que le motif du serpent se soit magnifiquement prêté à des dessins de bijoux torsadés, son attrait immuable s’explique par sa signification symbolique ancestrale universelle. Largement présents tant dans la mythologie que dans l’histoire, les serpents représentent quantité de concepts comme la réincarnation, la transformation, l’immortalité et la guérison. Leur dualité intrinsèque – la combinaison du bien et du mal, de la beauté et du danger, du poison et de l’antidote – ajoute à leur charme fascinant.

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L’Ouroboros, ou le serpent mangeant sa propre queue par exemple, tire son origine de l’iconographie égyptienne comme représentation de l’infini ou du cycle de la vie et de la mort. L’association de Cléopâtre et du serpent est célèbre, un symbole de ses pouvoirs de séduction instillés avec un danger latent. Dans la Rome Ancienne, le serpent enroulé représentait l’immortalité. En Grèce, les serpents étaient les attributs d’Asclepius, dieu de la médecine. Même l’ère victorienne a succombé au charme du serpent lorsque, en 1840, la Reine Victoria a accepté la bague de fiançailles du Prince Albert représentant un serpent, le symbole de l’amour éternel.

La trajectoire artistique du serpent

La riche histoire de la Serpenti de Bulgari et la trajectoire du motif du serpent en joaillerie, l’art et le design étaient depuis 2016 l’objet d’une exposition itinérante intitulée « SerpentiForm » organisée par Lucia Boscaini, conservatrice de la marque et du patrimoine Bulgari, et étudiée dans le livre Serpenti, Art and Bulgari Design.

La Serpenti de Bulgari, ou l’art du perpétuel renouveau

L’exposition a retracé les créations Serpenti grâce aux archives historiques de Bulgari et exploré leur relation avec des bijoux prêtés par Pompéi et les musées archéologiques de Tarente et de Naples, aux côtés d’œuvres d’art et de photographies contemporaines d’artistes comme Alexander Calder, Robert Mapplethorpe et Helmut Newton. L’exposition était visible jusqu’au 25 décembre à la Mori Arts Center Gallery à Tokyo.

Avec le serpent, Bulgari a exploité un symbole à la fois ancien et parfaitement adaptable aux goûts contemporains. On peut s’attendre à voir les derniers exemples de perpétuel renouvellement symbolisé par le serpent très bientôt.

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