Il fut initialement lancé en 2017, avec un cadran en argent guilloché, signature esthétique de Breguet. Puis en 2018, une version à cadran en émail grand feu blanc mettait à nouveau à l'honneur un des mouvements les plus exceptionnels de Breguet. Exceptionnel par sa sophistication et pas par le nombre de ses complications. Le calibre 581 à tourbillon et remontage automatique par rotor annulaire se contentait alors de 3 mm d'épaisseur, ce qui permettait en retour aux boîtes de ces deux premières versions de ne mesurer que 7,70 mm. On est en plein territoire de records et surtout, avec une sensation exceptionnelle au porter.
Lors de son événement/salon 2019 Time 2 Move, Breguet présentait la troisième mouture basée sur ce calibre au sein de sa manufacture de la Vallée de Joux. Et cette fois-ci, il s'agit d'une version squelette, la Classique Tourbillon SQ 5395, qui mesure toujours 41 mm de diamètre pour une épaisseur elle aussi inchangée de 7,7 mm. Mais qualifier de squelette ce modèle n'est qu'un début. Après tout, l'ajourage de mouvements est un exercice protéiforme, qui produit des résultats aussi variés que la créativité horlogère le permet. Et sur ce modèle en particulier, Breguet a pratiqué plusieurs de ses talents.
Le premier est bien entendu le squelettage même. Il a mené à la disparition de 50% de la masse du calibre, principalement sur la partie la plus charnue du mouvement, la platine. Elle a quasiment disparu du regard. N'en subsistent que les parties périphériques, indispensables puisqu'elles servent d'ancrage au système de remontage. Il est effectué par un anneau, dont la moitié est plus épaisse et en platine. Ce balourd met la masse en branle et, par le biais d'une denture intérieure, entraîne le rouage de remontage qui est connecté au barillet. Celui-ci est bien sûr squeletté lui aussi, sur les deux faces. Son côté fond est composé d'une constellation de petits cercles qui rappelle l'apparence de ce côté du mouvement, caractérisé par un ajourage extrême qui souligne les rubis fonctionnels. Soit dit en passant, ce barillet est puissant, car il autorise une durée de marche de 90 heures. Il faut donc laisser de la matière autour de cette concentration de force pour éviter qu'il ne torde le mouvement.
Ce qu'il reste de platine a servi de terrain de jeu à une des autres spécialités de Breguet, le guillochage. Les quelques parties pleines du calibre sont passées par les tours à guillocher de la manufacture. Mais comme Breguet ne guilloche que des matières nobles, le calibre a été réalisé... en or massif. La montre est donc présentée en deux versions. La première avec un boîtier en platine 950 et un calibre couleur or rose, la seconde en or rose avec un calibre en or rhodié.
Bien entendu, qui dit squelettage dit anglage. Les très longues lignes de contour des composants restés en place sont donc lentement, patiemment, taillées en biseau. Puis, ces biseaux sont encore arrondis et enfin, polis. Le tout est réalisé entièrement à la main, à la lime et au cabron. Vu la finesse de découpe, on imagine à peine la patience nécessaire à l’accomplissement de cette opération sur l'ensemble du mouvement. Quant au tourbillon, il n'a pas été touché. On le reconnaît à son pont en forme de barrette droite. Il bat à 4 Hz, avec ancre, roue d'ancre et spiral en silicium. Il ne se prête pas au squelettage par nature, mais c'est bien la seule partie de la Classique Tourbillon SQ 5395 qui a été laissée intacte.
