Il y a environ dix ans, la montée en puissance d'une horlogerie vintage dans les moindres détails a porté au premier plan un bracelet oublié, le NATO. Bande de tissu d'un seul tenant, qui passe sous la montre, elle reprend le principe des bracelets en nylon tissé qu'utilisaient les pilotes de chasse des forces armées de l'OTAN (NATO en anglais). Fins, simples, économiques, ils bénéficient de tous les avantages liés au tissu en général. En cela, ils sont proches du vêtement : ils sont mode, colorés, se lavent et sont bien tolérés par la peau.
Le succès de ces bracelets ne se dément pas mais il a longtemps été cantonné à ce que l'on nomme la seconde monte. Livrées sur des cuirs standard, ou sur métal, les montres ne venaient quasiment jamais équipées de ces bracelets, que les marques ont longtemps considérés comme trop bas de gamme. Ce dédain perdure d'ailleurs et c'est pourquoi les bracelets NATO s'achètent séparément, souvent chez des spécialistes de l'accessoire horloger. Il en va de même pour les bracelets Paracord, en suspentes de parachute tressées et dénouables, eux aussi issus de l'héritage militaire de la montre.
Quelques marques ont ainsi compris tout l’intérêt qu'il y a à livrer à leurs clients des bracelets de type NATO, de qualité, souvent en complément des cuirs de veau ou de crocodile qui sont leur offre standard. Omega a même fait de son offre de bracelets NATO un événement, mettant en avant une collection resserrée, très haut de gamme, disponible séparément. Montblanc s'y est mis récemment, utilisant des produits haut de gamme tissés en France pour sa ligne 1858. Certaines Aquaracer de TAG Heuer en bénéficient, et Anonimo en a fait un élément distinctif de sa ligne Nautilo.
La dimension technique du tissu a retenu l'attention de Richard Mille. A la recherche de légèreté par-dessus tout, la marque a monté certains de ses modèles les plus extrêmes, dont ses tourbillons rattrapante boîte carbone, sur des bracelets colorés, élastiques, sans boucle. Le décalage est total entre le prix de la montre et celui de ses attaches. Mais l'objectif, gagner quelques grammes, est rempli.
Le succès du NATO est tel qu'il a fait des émules : d'autres types de tissu. Très récente, cette tendance ne cesse de prendre de l'ampleur et pour cause. Le tissu offre un éventail de possibilités quasi infini. Matières, couleurs, épaisseurs, tissages, douceur, motifs, on peut tout faire avec du fil. Dès 2017, Chopard avait lancé sa L.U.C XP sur un bracelet en cachemire bleu, depuis proposé dans d'autres couleurs. Hublot s'est associé à son partenaire Italia Independent, lui même acoquiné avec le tailleur napolitain Rubinacci, qui ont mis en place une collection éponyme, dont les bracelets sont faits dans des tissus de costume, pied-de-poule, Prince de Galles et autres classiques. Et ces étoffes sont même repris sur les cadrans. Anonimo propose donc un bracelet en Loden, une laine brute verte, sur son Epurato Bronzo. Mais il y a un truc. Ces laines fines sont fragiles. Elles sont donc cousues sur des bases plus résistantes, cuir, alligator ou caoutchouc. Le confort de porter est moindre, mais le look, terrible !
