Depuis de nombreuses années, la maison Baume & Mercier rend hommage au travers de ses collections à la Côte Est des Etats-Unis, et plus particulièrement à des lieux de villégiature prisés par la jet-set américaine.
Ces îles ou presqu’îles font rêver en combinant une dimension glamour, une esthétique facilement reconnaissable et une nature aux charmes variés. Entre mer et terre, les Hamptons ou Cape Cod sont inscrits dans la grande – et la petite – histoire américaine.
Situés entre le nord de New York et le Sud de Boston, ces sites préservés apparaissent souvent dans les rubriques people, mais aussi dans des romans (Mary Higgins Clark), des séries TV (X Files), des films (les Dents de la Mer) voire même l’actualité politique. Parmi les grands noms qui ont rendu ces endroits célèbres, ont retrouve bien sûr les Kennedy, dont l’empreinte sur Hiannis Port reste très présente encore aujourd’hui.
Mais au-delà de simples lieux de bonheur balnéaires, ces noms sont aussi synonymes d’un style de vie, d’un look, et d’une époque. En effet, au-delà de la géographie, les états de la Nouvelle Angleterre sont les bastions de l’Amérique Yankee, des Universités de l’Ivy League (parmi lesquelles nous trouvons Harvard, Princeton, Yale ou encore Columbia) du style Preppy, de grandes marques comme Brooks Brothers, ou de celle créée par un de ses anciens vendeurs, le très célèbre Ralph Lauren.
La Nouvelle Angleterre a donc influencé tout autant l’histoire que la mode, l’éducation ou la politique. En matière de style et de luxe, outre Brooks Brothers, de nombreuses marques sont nées dans cette partie des Etats-Unis – ou s’inspirent de l’atmosphère qui règne à Boston ou à Cape Cod. Parmi elles, le chausseur Alden, Sebago et ses fameuses docksides, L.L. Bean, New Balance ou encore Lili Pulitzer, qui, même si elle est née à Palm Beach, n’en reste pas moins une des marques rendues célèbres par Jacky Kennedy!
Mais en y regardant de plus près, pas d’horloger, comme si les marques européennes s’étaient tenues à l’écart du style américain, pour se concentrer sur le luxe à l’européenne. Et pourtant, l’iconique John F. Kennedy semblait aimer les montres, d’Omega à Nastrix (la fameuse montre vendue en 2009 par Antiquorum) ou encore Cartier.
C’est donc avec surprise et intérêt qu’il faut regarder la démarche de Baume & Mercier. Il suffisait de se rendre sur leur pavillon aux SIHH de 2012 et 2013 pour se rendre compte du lien que la marque souhaitait créer et renforcer avec cette région, et cette époque légendaire des 60’s. En regardant ses dernières créations horlogères, on ne peut que reconnaître que ce positionnement est un succès. La – très classique - ligne Clifton est un modèle de pureté et de classicisme.
Mais aujourd’hui, j’ai souhaité vous présenter une des dernières pièces de la gamme Capeland, la Worldtimer.
Pourquoi Baume & Mercier ?
La marque est née en 1830 dans le Jura suisse à l’initiative de deux frères, Louis Victor et Joseph Célestin. L’histoire de la marque couvre toute les grandes phases de l’horlogerie, depuis le petit comptoir horloger jurassien jusqu’à l’implantation genevoise. En matière de technologie, la marque devenue Baume & Mercier à l’issue de la Première Guerre Mondiale collectionne les titres et les records. Elle a produit des mouvements bénéficiant du Poinçon de Genève. Dans les années 20, Baume & Mercier était la marque qui produisait d’ailleurs le plus de mouvements certifiés Poinçon de Genève, ce qui est un gage de qualité absolu.
Mais ce qui est intéressant alors que nous allons parler d’une montre GMT, c’est la culture internationale de la marque, qui s’est distinguée très tôt par sa volonté de se développer dans des contrées lointaines. C’est Joseph Célestin qui, après avoir créé une société « Baume » en Grande Bretagne, s’attaqua au marché de l’Empire britannique, vendant ainsi des garde-temps Baume en Australie, en Afrique, en Inde ou à Singapour. La Maison obtint également de nombreuses distinctions internationales dans des foires aux quatre coins de la planète.
S’il fallait encore en dire un peu sur la dimension internationale et interculturelle, il faudrait parler de Paul Tchereditchenko. L’homme, qui parlait sept langues, dirigeait une manufacture horlogère aujourd’hui oubliée – Haas Neveux- , mais qui, à l’époque, était référencée parmi les marques genevoises avec Patek Philippe, Vacheron Constantin et Baume. Alors pourquoi parler de ce personnage ? Tout simplement parce que le nom de sa mère était Mercier et qu’il s’associa rapidement à William Baume pour l’accompagner dans le développement de la marque.
Baume & Mercier reste donc une référence horlogère, avec un ADN marqué et des modèles légendaires comme la Riviera. La collection Capeland actuelle nous fait revivre une partie de l’histoire de la marque en proposant de magnifiques chronographes d’inspiration vintage.
Mon attention s’est portée sur la Worldtimer, dont le style et la réalisation rendent concret l’attachement affiché par la marque pour la Côte Est.
La Baume & Mercier Capeland Worldtimer: Preppy Watch
La Capeland Worldtimer est bien née.
Il s’agit d’une montre GMT qui affiche en simultanée tous les fuseaux horaires. Elle reprend un design classique et éprouvé que l’on retrouve dans de nombreuses autres marques. Mais les équipes de Baume & Mercier ont su éviter de nombreux écueils et donner à leur GMT un vrai caractère.
La Capeland Worldtimer affiche une taille de 44 mm. Son cadran est particulièrement bien réussi. Les aiguilles bleuies de style Breguet sont magnifiquement vintage, et s’accordent bien avec la police choisie pour les indicateurs horaires.
Les heures sont disposées vers l’intérieur du cadran, suivies de la mention des 24 villes caractéristiques des 24 fuseaux horaires, puis du disque des heures du second fuseau. Les heures de nuit sont blanches sur fond bleu, celles du jour, bleues sur fond blanc.
L’usage du bleu est d’ailleurs une des caractéristiques de ce garde-temps. Les aiguilles, le disque externe, mais aussi le bracelet reprennent cette couleur qui rafraîchit la pièce, en sortant du – trop - classique noir.
Le cadran est finalement encadré par un décor « chemin de fer » qui renforce son charme et l’impression de luxe qui se dégage de cette pièce. Le verre saphir légèrement bombé qui équipe la Capeland est un autre élément qui séduit en contribuant grandement au look vintage de la Worldtimer.
Sur le coté droit de la montre se trouve la couronne qui est relativement imposante, mais dont le style se marie parfaitement avec la boîte de 44 mm.
La Baume & Mercier Capeland Worldtimer est équipée d’un calibre La Joux Perret qui, outre les fonctions GMT, propose aussi l’indication d’un quantième simple et d’une seconde centrale. Il est intéressant de noter que la Baume & Mercier partage le module GMT avec l’IWC Worldtimer lancée en 2012, les deux marques appartenant au Groupe Richemont. Ce mouvement est d’ailleurs visible au travers d’un fond saphir.
La pièce est montée sur un bracelet en crocodile bleu avec des coutures écrues. Il faut noter que la collection Worldtimer se compose de deux modèles, celui dont nous venons de parler et un modèle en or rouge monté sur bracelet couleur tabac. Outre sa boîte en or, ce modèle se distingue par son cadran noir et blanc (et non plus bleu et blanc) et par ses aiguilles Breguet en or rouge.
En résumé, Baume & Mercier nous offre avec sa Capeland Worldtimer une belle réalisation, à la fois simple, de belle facture et à un positionnement prix raisonnable, en ligne avec les autres créations récentes de la marque.
Qu’en pense l’avocat du Diable ?
Le charme de la Capeland réside entre autre dans sa simplicité et sa pureté. Deux qualités qui sont loin de déplaire à notre avocat du diable. Alors que peut-on reprocher à cette Worldtimer ?
Finalement pas grand-chose. En y regardant de plus près, je me suis surpris à lui reprocher une caractéristique qui pourtant constituait pour un moi un élément positif jusqu’à récemment : sa taille. J’aime les montres imposantes, et je n’ai pas peur des boîtes de 45 mm ou plus (à voir ma dernière revue de la Hublot Oceanographic 4000). Et pourtant, je trouve cette Capeland Worldtimer trop … grande, trop imposante. Elle aurait été parfaite en 42, ou encore mieux en 40 mm. Avec un tel diamètre, elle devenait une icône néo-vintage !
Mon autre critique porte sur les inscriptions présentes sur le cadran : Ok pour « Baume & Mercier, Genève », ça passe encore pour « Worldtimer », mais s’il vous plaît, évitez de mettre « Automatic ». Cette remarque n’est bien sûr pas limitée à Baume & Mercier, mais je trouve que sur cette pièce la police est – en plus – bien trop grande.
Hormis ces deux points, la Capeland est une GMT sympathique et attachante.
Quelle image véhiculera le porteur de cette Baume & Mercier Capeland Worldtimer ?
En guise de conclusion, revenons sur le style Preppy et New England. Il suffit de regarder des photos de John F. Kennedy pour se rendre compte du style vestimentaire qui « colle » à cette Worldtimer. Un chino, un polo Brooks Brothers, des Docksides et le tour est joué. Il ne manque que le voilier, et la croisière au large de Boston peut commencer. Il ne restera plus qu’à trouver un bel endroit pour accoster et aller déguster des fruits de mer.
Les vacances sont bientôt là !
