Triple Split : le chronographe à la recherche d’une application

La marque horlogère saxonne réaffirme sa domination en matière de mesure du temps intermédiaire avec le premier chronographe à rattrapante capable de mesurer des temps comparatifs allant d’un sixième de seconde jusqu’à 12 heures.

Le nouveau chronographe A. Lange & Söhne Triple Split rejoint le club exclusif des montres qui ont été tout simplement surinvesties au niveau technique. La Rolex Deepsea, par exemple, est étanche à une profondeur de 3'900 mètres, mais le modèle un peu inférieur, la Rolex Sea-Dweller, étanche à 1'200 mètres, serait plus que suffisante pour gérer un record du monde de plongée à « seulement » 332,35 mètres. Quiconque tenterait de tester les limites de la Favre-Leuba Bivouac, qui mesure mécaniquement l’altitude jusqu’à 9'000 mètres, ne survivrait pas longtemps sans oxygène. Eprouver les capacités du chronographe A. Lange & Söhne Triple Split impliquerait beaucoup moins de risques pour sa vie, mais je peine à lui trouver une application réaliste.

Triple Split : le chronographe à la recherche d’une application

La marque allemande propose gentiment de chronométrer deux adversaires lors d’une course de Formule 1, mais les temps par tour sont dans ce cas mesurés en centièmes de secondes et la précision au sixième de seconde du Triple Split couvre à peine le décalage satellitaire entre n’importe quel circuit et le quartier général d’une écurie de Formule 1. Il me semble encore plus improbable que quelqu’un, comme le suggère A. Lange & Söhne, veuille l’utiliser pour mesurer les étapes aller et retour d’un vol long-courrier, à moins que le système de divertissement ne fonctionne plus et que le bar à bord soit à sec. Chronométrer de longues épreuves comme les marathons et les courses « Iron Man » semble plus plausible, mais le feriez-vous réellement avec une montre en édition limitée dotée d’un lourd boîtier en or blanc attachée à votre poignet ?

Triple Split : le chronographe à la recherche d’une application

C’est une question rhétorique, puisque le Triple Split est avant tout une démonstration de savoir-faire technique. C’est une des choses que l’industrie horlogère fait à merveille : s’améliorer continuellement (avec le Triple Split, A. Lange & Söhne a battu son propre record établi il y a 14 ans avec le Double Split). Maîtriser trois séries d’aiguilles associées à une fonction de retour en vol, ainsi que l’énergie nécessaire à les activer, est un coup de génie technique. A. Lange & Söhne a, par exemple, développé et breveté un mécanisme spécial de découplage dans le nouveau mouvement L 132.1 afin que ni la fonction de rattrapante ni les sauts précis du compteur de minutes n’aient le moindre effet négatif sur l’amplitude du balancier.

Triple Split : le chronographe à la recherche d’une application

Mais ce n’est pas qu’une question d’innovation technique. Ce qui est presque tout aussi impressionnant c’est que la marque a réussi à trouver un arrangement harmonieux sur le cadran pour un total de 10 aiguilles et six graduations différentes et qu’il demeure malgré tout éminemment lisible, démentant presque la prouesse technique qui le sous-tend, surtout lorsque les aiguilles supplémentaires des secondes, des minutes et des heures sont discrètement cachées derrière leurs pendants en acier bleui lorsqu’elles ne sont pas en action.

Comme pour la plupart des montres de luxe, vous choisissez le Triple Split à cause de son esthétique et de votre affinité avec la marque, plutôt que pour son absolue réussite technique, sûr que vous êtes de pouvoir, si vous le voulez, mesurer les étapes aller et retour d’un vol long-courrier, ou combien de temps vous avez dormi la nuit dernière au sixième de seconde près.

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