Poignets d'amour : Partie 2

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Strap Lines: Part 2 - 20 Years of Watchmaking
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1915: la Première Guerre fait rage. Pour mesurer la trajectoire de leurs obus, les officiers l’artillerie ont besoin d’une montre. Les fantassins coordonnent leurs attaques en égrenant les secondes avant de se ruer hors des tranchées. À leurs poignets, un nouvel objet fait son apparition: une montre montée sur un bracelet*

Le Nato: c’est probablement LE bracelet de ces dernières années. Simple, économique, amusant et historique. Il coche toutes les cases. Il apparaît dans les années 1970. À la recherche d’un bracelet simple, économique et solide, le Ministère de la Défense britannique lance un appel d’offre pour un modèle G10 – communément appelé Nato – inspiré grandement du A.F. 0210. de 1945.

Il faut regarder du côté des amateurs de Rolex vintage pour dater la renaissance du Nato. Vers la fin de la décennie 2000, la Rolexmania vient frapper le monde des collectionneurs. Tout le monde veut une Sub vintage. Certaines pièces n’ont plus leur bracelet d’origine. Les collectionneurs se retournent alors vers leur écran de télé. Ils y voient Sean Connery porter sa Sub sur ce qu’ils croient être un Nato coloré. Tout le monde veut le même. Les artisans font renaître le Nato sous des milliers de combinaisons de couleurs et de matériaux. Plus tard, on se rendra compte de l’erreur: Goldfinger date de 1964, le Nato de 1973. 007 ne pouvait pas utiliser un Nato. C’était un bracelet en nylon.

 

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Mais le mythe est plus fort que la réalité. Le Nato part à la conquête des poignets. En 2014, c’est Omega qui apporte la consécration au Nato en équipant sa Speedmaster Apollo 11 45th Anniversary d’un Nato de couleur olive. C’est une première pour une grande marque.

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Le bracelet tissé: Bond portait donc un bracelet simple, tissé. En 2012, Tudor lance la désormais fameuse Black Bay, une montre de plongée inspirée de sa longue histoire aquatique. La pièce est proposée avec deux bracelets dont un nouveau modèle tissé aux passants acier. Le succès sera immédiat et ce modèle tissé chez des artisans français s’installera dans les collections Tudor.

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Le MN – pour Marine Nationale: comment les plongeurs de combat portaient-ils leurs Tudor ? Sur des élastiques de parachutes qu’ils glissaient entre les anses de leurs Sub. En 2017, c’est Erika – d’Erika’s Originals – qui reprendra le flambeau et réalisera un MN pour son collectionneur de mari. Un de ses bracelets sera même photographié dans la Station spatiale internationale (ISS) en 2018. Depuis peu, c’est Bell & Ross qui propose certains de ses modèles vintage sur des MN.

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Le Komfit: 2019, c’est pour beaucoup l’année du cinquantenaire du premier alunissage. On pense à Omega et la Speedy. Mais il faut aussi se tourner vers le bracelet Komfit de la marque Forstner / JB Champion. Ce bracelet de qualité médiocre – au dire des astronautes – et au look pour le moins «bizarre » avait été choisi par la NASA pour être monté sur ses chronographes. Pourquoi donc choisir un bracelet réputé pour sa fragilité ? Par souci de sécurité, car si la montre venait à être coincée au cours d’une manœuvre, le Komfit était facile à casser.

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Le Bonklip: il y a quelques mois, une petite entreprise française (Joseph Bonnie) a relancé un bracelet métallique au nom très seventies. Il s’appelle le Bonklip, mais sa vraie date de naissance est 1920.

Pour beaucoup, il est considéré comme un des premiers bracelets de montre en acier, utilisé par des marques aussi prestigieuses que Rolex.

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Le bracelet intégré: inventées par Rolex, devenues des classiques avec la Royal Oak ou la Nautilus, les montres à bracelet intégré (qui ne peut pas se « changer ») sont les stars de ces dernières années. Longtemps boudées, ces montres nées dans les années 1970, de l’imagination de grands designers comme Gérald Genta, sont devenues en 2020 un véritable Graal. Tous les collectionneurs rêvent d’en glisser une à leur poignet. Ces pièces ont une place unique dans l’histoire parce qu’elles lient la montre et ce qui était jusqu’alors un accessoire interchangeable. Avec elles, le bracelet EST la montre et réciproquement.

Poignets d'amour : Partie 2

J’aurais pu parler du mesh (maille milanaise), réinterprété par Omega pour la nouvelle Seamaster Bond de 2020, du très eighties bracelet «Rouleaux » de Breitling, relancé il y a quelques mois, du Tropic, de l’Isofrane qui équipait les premières Omega Ploprof ou du «Beads of Rice » de Doxa. Tous ces bracelets sont redevenus à la mode dans les dernières années. Pour la première fois, ils sont disponibles partout et en même temps. Les détailler tous nous prendrait trop de temps et il faut maintenant conclure notre petit voyage dans le monde merveilleux des bracelets. Mais pas avant une dernière petite anecdote – et un clin d’œil. À la fin des années 1970, l’horlogerie suisse était en crise. L’espoir et la survie prirent la forme d’une petite montre en plastique avec un bracelet intégré dans le même matériau. C’était une Simple Watch, devenue la Swatch.

En 2014, Apple lance une montre qui vient bouleverser toute l’industrie horlogère. L’Apple Watch va transformer l’industrie horlogère. En 2020, elle est la montre la plus vendue au monde. Avez-vous regardé comment Apple l’a imposée ? Par la technologie bien sûr. Mais pas seulement. C’est aussi grâce à ses bracelets interchangeables, en acier, en tissu ou en cuir. Il faut être sacrément fort pour s’imposer à Cupertino. Beaucoup en ont rêvé. Le bracelet l’a fait…

*À l’occasion du 20ème anniversaire de GMT Magazine et de WorldTempus, nous nous sommes lancés dans le projet ambitieux de résumer les 20 dernières années en horlogerie dans The Millennium Watch Book, un grand et beau livre magnifiquement illustré. Cet article en est un extrait. The Millennium Watch Book est disponible sur www.the-watch-book.com, en français et en anglais, avec une remise de 10% en utilisant le code WT2021

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