Les secrets de la Fée Ondine

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Secrets of the Fée Ondine - Van Cleef & Arpels
Entrer dans un automate est un plaisir rare que WorldTempus s’est offert. Découverte exclusive de ses secrets les mieux gardés.

L’une des stars du dernier SIHH n’était une montre, encore moins un horloger ou un VIP. C’était une fée. Signée Van Cleef & Arpels, la « Fée Ondine » n’a même pas eu à supporter les qualificatifs habituels du Salon : elle n’était pas plus belle, plus poétique, plus technique, elle était tout simplement...unique. Une page de rêve dans un océan de complications, un exercice purement créatif dans un torrent de nouveautés, un objet intemporel au milieu des montres du jour. Pourquoi Van Cleef & Arpels a-t-elle réalisé la Fée Ondine ? Pour rien. Parce qu’elle est belle, tout simplement. Parce que Van Cleef & Arpels est une des dernières maisons à manufacturer de beaux objets pour le seul plaisir visuel de ses clients.

La Fée Ondine est toutefois une création d’une complexité hors norme. S’il n’est pas toujours bienséant de se pencher sur les dessous d’une fée, WorldTempus a malgré tout pris le temps de s’entretenir avec le Directeur du Développement chez Van Cleef & Arpels, qui a dirigé la conception de cet automate. Une conception...pleine de surprises et de rebonds.

59 nuances de vert

La feuille de nénuphar fut d’une complexité que nous n’avions honnêtement pas soupçonnée. Elle est composée de 59 lamelles émaillées articulées. Elles sont toutes d’une longueur différente et ajustées avec une précision extrême. Lors de leur cuisson, nous nous retrouvions avec des écarts de plusieurs millimètres entre chaque lamelle ! Chacun connaît la difficulté de réaliser un cadran émail de montre, avec une stricte épaisseur à respecter, d’infimes tolérances. Il faut alors imaginer cet exercice multiplié par 59 avec des dimensions étirées à un point tel...que personne ne savait le faire. Jusqu’à aujourd’hui.

Une histoire de proportions

Si les volumes offerts actuellement par la Fée Ondine paraissent évidents, tant mieux ! Ca n’a pas toujours été le cas. Nous avons procédé à de nombreux moulages pour trouver les bons rapports dimensionnels. Au cœur du débat : les proportions comparées de la Fée par rapport au nénuphar. Il y a eu beaucoup, beaucoup d’essais.

Les secrets de la Fée Ondine

Pas de plan B

Pour le pétale de nénuphar, le travail de l’émail était très complexe. Nous avons tenu bon et cherché, encore cherché, pour la matière (parfaitement régulière) comme pour les couleurs (telles que nous les souhaitions). L’extérieur des pétales de la fleur de nénuphar s’est montré particulièrement difficile à obtenir. Au départ, nous avions pensé à une enveloppe en bois fossilisé pour contenir le mouvement de l’automate. Hélas, nous avons découvert que le bois, même fossilisé, a une mémoire de forme et qu’il n’acceptait pas d’être taillé selon les angles imposés par notre dessin. Finalement, l’ébène s’est avéré plus souple tout en offrant un rendu magnifique.

Un émail pulvérisé

Pour produire les variations de vert sur l’émail, allant du plus clair au centre vers le plus foncé en extérieur, nous n’avons pas pu appliquer l’émail de manière traditionnelle, au pinceau. Pour obtenir ce dégradé de vert de manière douce et progressive, nous avons mis au point un système de poudre pulvérisée. Les tons foncés sont l’objet de passages plus nombreux que les tons clairs. Les nervures sont le fruit de gravures.

Un mouvement souple...et rigide

Toute la beauté d’un automate réside dans son mouvement. Il a été très difficile pour nous de donner vie à une fée en or, sertie, c’est-à-dire parfaitement rigide. Il a fallu toute la maestria de notre partenaire François Junod, qui en a réalisé la partie mécanique, pour articuler avec grâce notre fée.

Les secrets de la Fée Ondine

Un four sans dessus – dessous

Les lamelles d’émail de la feuille de nénuphar sont si longues qu’elles ne rentraient pas dans un four traditionnel de cuisson. Il fallait qu’elles soient suspendues à la verticale lors de la cuisson. Nous avons choisi...de basculer notre four sur la tranche, à la verticale. Cela a fonctionné!

Travailler sans compter

Nous avons travaillé dans la confiance de notre CEO Nicolas Bos. Son projet initial était de sortir la pièce au SIHH 2016 mais nous estimions que la Fée n’était pas prête. Il n’a pas hésité une seconde à la décaler au SIHH 2017, l’année suivante. Au total, nous avons passé un peu plus de 12'000 heures sur la Fée Ondine, pour un total de 2870 composants.

Retour aux sources

La CAO, Conception Assistée par Ordinateur, n’a que très peu été utilisée pour la Fée Ondine. Nous devions coordonner une quinzaine de corps de métiers d’art, avec des variables qui arrivaient en permanence des uns, des autres. La CAO ne nous aurait pas été d’un grand secours. Nous avons travaillé à l’ancienne, en nous réunissant une fois par mois, tous ensemble, pour faire le point sur ce projet.

Une première pierre ?

Avec ce projet, nous avons en réalité donné vie à un département Objets, dont la Fée Ondine est la première création. Nous n’avons pas de plans stricts pour l’avenir mais déjà beaucoup d’idées. Nous utilisons une grande partie de notre savoir-faire acquis en Haute Joaillerie.

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