Il est rare de voir une Hysek. Encore plus d’en porter une. WordlTempus a profité une semaine complète avec la nouvelle IO Squelette Tourbillon de la manufacture, une expérience peu commune de haute horlogerie indépendante.
Quoi de plus agaçant pour un collectionneur que d’être confronté à un voisin de table, de siège, de bureau, qui porte le même garde-temps ? Peu, bien peu de choses. Le choix d’une Hysek réduit quasiment à néant cette probabilité.
Un exercice totalement réinterprété
La IO Squelette Tourbillon pose, dès son nom, les termes techniques du sujet : un tourbillon squelette. L’exercice n’est pas commun mais connu : de Graff à Raymond Weil en passant par H. Moser & Cie ou Jacob & Co., nombre de marques y sont allées de leur interprétation. Qu’est-ce qui fait la différence Hysek ?
L’élément le plus flagrant est la disposition des organes de la montre. Le style Hysek impose le plus souvent une disposition à 1h, 5h, 7h et 11h. C’est l’une des caractéristiques de la manufacture. La IO Squelette Tourbillon n’y déroge pas : barillet à 7h, tourbillon à 11h. Le grand succès de cette disposition est d’apparaître naturelle alors qu’elle est inédite. Au poignet, la pièce est équilibrée, harmonieuse, qu’elle soit portée à droite comme à gauche.
Le squelettage n’est lui non plus pas commun. Hysek, qui réalise en interne la totalité de ses composants (excepté le spiral), les a ajourés à un degré rarement atteint. Un chiffre l’illustre : la platine brute de la IO sort de CNC à 75 grammes. Retravaillée pour devenir « Squelette Tourbillon », elle ne pèse plus que 6 grammes ! Au poignet, la pièce s’avère donc d’une incroyable légèreté.
Douce musique
Cette sensation est renforcée par le parti pris d’Hysek de limiter au maximum le nombre de composants. La IO Squelette Tourbillon n’en compte que 164. Sobre et épurée, cette architecture permet de se concentrer sur l’essentiel avec, au premier plan, le tourbillon volant.
Il attirera le regard mais aussi l’oreille : la large surface de la pièce (réduite cette année de 49 mm à 45 mm), totalement évidée, lui offre une caisse de résonnance dont il joue à merveille. Les 28'800 alternances par heure sont clairement audibles, même à bonne distance. De jour, les geeks horlogers apprécieront cette douce musique de haute horlogerie. De nuit, il sera préférable d’éloigner la IO de sa table de chevet...
La même, en mieux
Parmi les nouveautés de la IO Squelette Tourbillon 2015, Hysek a créé un fond soleillé métallisé. Avec ce motif dessiné à même le fond saphir, la manufacture entend autant masquer la pilosité que faire rayonner sa pièce. La pari est réussi : la métallisation est très discrète lorsque la pièce est librement examinée, mais rend le fond de la IO presque totalement opaque une fois au poignet. Si le procédé n’est pas nouveau (Corum Golden Bridge), il reste convaincant.
Et pourtant, le plus surprenant est parfois invisible. Pour donner vie à l’architecture de cette IO, Hysek a usiné des composants proches de l’impossible. Il en est un qui retient l’attention, à défaut de la vue : la roue de remontoir. Elle s’engrène à 3h à la couronne, remonte le barillet à 7h puis se glisse sous la lunette sur toute la circonférence de la pièce. Conclusion : une pièce de 39 mm de diamètre et 0,3 mm d’épaisseur, un véritable enfer à usiner tant les risques de la voiler ou de la briser sont forts.
Coup de maître d’une manufacture à suivre
En termes de technique, de style, de finition, difficile de prendre cette IO Squelette Tourbillon en défaut. Le plus délicat n’est pas toujours de donner libre cours à sa créativité, mais de s’atteler à de grands classiques en y apportant quelque chose de véritablement nouveau.
A tout juste 99'000 CHF, cette Hysek surclasse ses pairs. Cohérente, maîtrisée, elle manifeste la maturité d’une maison devenue manufacture et dont le chemin s’avère des plus prometteurs.
