La gloire éphémère de la haute fréquence

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The ephemeral glory of high frequency - Technology
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Après un enchaînement d’innovations salutaires, la course à la haute fréquence a atteint sa maturité en un temps record. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

En 2012, une succession d’annonces avait repoussé l’une des limites que l’on croyait fixées pour de bon. Longtemps plafonnée à 5 Hz, la fréquence des mouvements mécaniques avait soudainement connu des poussées de fièvre. Les lancements provenant d’Audemars Piguet, Chopard, Breguet et TAG Heuer avaient mis au rebut la croyance qu’aucun mouvement mécanique n’allait sortir qui fonctionnerait à plus de 36 000 alternances par heure. Cette fréquence magique, chiffre rond qui correspond à la mesure du 10é de seconde, était alors le pré carré de Zenith. Son mouvement El Primero était longtemps resté seul à fonctionner à cette vitesse. Discrètement, la marque du Locle avait été rejointe par Seiko, puis par DeBethune.

En 2009, Audemars avait lancé un mouvement à 6 Hertz, quoiqu’extraordinairement coûteux. Ce premier geste, extrême dans sa complexité, avait brisé le silence. Il fut suivi de Breguet qui réussit à doubler la mise en passant à 10 Hertz avec son chronographe Type XXII. Chopard avait opté pour la symbolique avec 8 Hz, huit étant un chiffre porte-bonheur sur le très stratégique marché chinois. Ces accélérations reposaient sur des fondements techniques liés à l’utilisation de composants d’échappement en silicium, moins sensible à la friction. Il autorise ancres et roues d’ancre à fonctionner à haute vitesse sans usure ni entamer la réserve de marche.

 

chopard-LUC-8HF-Power-Control


Quant à TAG Heuer, ses chronographes de haute horlogerie se sont succédé, battant l’un après l’autre des records de fréquence : 50, 500, 1000 puis même 2000 Hz. Seul bémol, il s’agit de la fréquence des chronographes, pas de la marche de la montre à laquelle ils sont adjoints. Cette dernière, constante et non ponctuelle comme la mesure des temps courts, restait au bon vieux rythme de 4 HZ. Ce même principe de séparation entre mouvement et chronographe est celui qui anime la Montblanc TimeWalker Chronograph 100. Son chronographe va à 50 Hz alors qu’heures et minutes sont mesurées au rythme de 2,5 Hz.

 

TAG-Heuer-MikroPendulumS


La situation a fini par se stabiliser et le statu quo a fait que trois marques se sont chacune attribué sa  fréquence particulière. Chopard reste sur 8 Hertz. Avec 57 600 alternances par heure, la L.U.C 8HF vient de connaître une évolution. La nouvelle mouture Power Control est habillée de céramique noire, au lieu de titane et possède un indicateur de réserve de marche. Breguet de son côté a donné suite aux 10 Hz de son Type XXII avec une montre plus classique, un de ses modèles phare. La Classique Chronométrie 7727 est toujours d’actualité, synthèse des codes classiques de Breguet et de sa capacité à innover.

 

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Mais la situation est aujourd’hui bloquée. La bataille des chiffres a été portée à des sommets, si hauts que quiconque les dépasse n’arrivera plus à en tirer avantage. A partir d’une certaine hauteur, l’exploit se noie dans les nuages. Ainsi, le concept MikroPendulumS de TAG Heuer n’a pas laissé d‘empreinte forte alors qu’il est absolument unique en son genre. Son échappement est non pas mécanique mais magnétique. Il s’agit d’un tourbillon cadencé à 12 Hz couplé à un chronographe qui va à 50 Hz, excusez du peu. Et pourtant, repousser les limites de la physique, de la mécanique et de l’existant est un moteur puissant et pertinent, dont l’horlogerie a fondamentalement besoin... jusqu’à ce que la performance se saborde d’elle-même. Ironie de l’histoire, la course à la réduction de l’épaisseur des mouvements vient de connaître une histoire similaire.

 

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