La gestion de l'énergie est une préoccupation ancienne chez Richard Mille. Depuis ses premières montres automatiques, la marque utilise un rotor à inertie variable et celui de la RM030 n'y fait pas exception. Il est muni d'ailettes réglables qui modifient sa capacité à prendre de l'élan avec les mouvements. Comme les bras d'un patineur artistique qui fait une toupie, plus les ailettes sont hautes, moins il tourne vite. Plus elles sont basses, plus il prend de la vitesse. Ce dernier profil est adapté à ceux que l'on appelle communément « porteurs lents » dans le jargon horloger, ceux qui bougent peu. Mais la RM030 possède une fonction supplémentaire, unique dans le paysage horloger : son mécanisme de remontage se désengage automatiquement quand les circonstances l'exigent.
Tout part d'un constat : l'énergie du barillet est trop forte quand la montre est remontée à fond. Et comme la RM030 est automatique, elle a tendance à l'être, ce qui lui ferait prendre de l'avance. Pour avoir une énergie constante, il faut éviter cet extrême. Dans la RM030, la durée de marche du mouvement est d'environ 60 heures. Mais entre 55 et 62 heures, la jauge est en rouge, signalant une zone de remontage fort. Dès qu'elle atteint 50 heures, le mécanisme de remontage automatique se débraye. Le rotor continue à tourner, mais dans le vide, sans remonter la montre. Le ressort moteur contenu dans le barillet délivre son énergie jusqu'à ce qu'elle revienne à 40 heures de réserve de marche. Le rotor est alors réembrayé et reprend son office, tout en restant dans la plage où la marche est la meilleure. L'état dans lequel il se trouve est signalé par un indicateur on/off, situé juste au-dessus de la chaussée des aiguilles.
Il faut replacer ce fonctionnement dans un contexte un peu plus large. Depuis deux ans, une complication ancienne connaît un regain d'engouement. La force constante a pour objectif de lisser le flux d'énergie qui provient du barillet à destination de l'échappement. En effet, entre le réservoir et le régulateur de la montre, la force transmise fluctue en fonction du niveau de remontage. Avec pour conséquence une irrégularité de la marche. Or les solutions pour rendre cette force plus constante sont particulièrement compliquées. Remontoir d'égalité et transmission par chaîne et fusée font partie des mises en œuvre les plus sophistiquées imaginables. Richard Mille a donc imaginé une solution plus simple et iconoclaste. Pourquoi faire compliquer quand on peut l'éviter ?
