La démocratisation des grandes réserves de marche

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Distance running: bigger power reserves are becoming the norm - Power reserves
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Longtemps cantonnée à deux jours (et encore), l'autonomie des mouvements mécaniques s'allonge. Les trois, huit et dix jours ne sont plus réservés à une élite.

Une des grandes tendances en horlogerie est l'allongement moyen de l'autonomie des mouvements. C'est ainsi que les records des montres disposant de la plus grande réserve de marche sont tombés les uns après les autres, pour atteindre des sommets inimaginables. Mais en parallèle, le sujet a connu un autre changement, plus discret, plus généralisé et bien plus utile : les calibres proposant entre 70 et 240 heures n'ont jamais été aussi nombreux et si peu coûteux.

Longtemps, 45 heures fut la norme. Entre le moment où la montre était remontée à son maximum et celui où elle s’arrêtait, à peine deux jours passaient. Et encore, les dernières heures ne permettaient pas une précision de marche satisfaisante. Le cap psychologique du week-end, partant du vendredi soir jusqu'au lundi matin, n'était pas atteint. Et pourtant ce repère recouvre un véritable besoin : celui de ne pas devoir remettre sa montre à l'heure en recommençant sa semaine de bureau. L'idée sous-jacente est que l'on a entretemps porté sa montre de week-end, avec laquelle on jardine, fait du sport ou joue avec les enfants.

Pour aller au-delà des deux jours, tout était coûteux, voire exorbitant. Les 72 heures que A.Lange & Söhne a généralisées, les 8 jours dont Chopard, Panerai ou encore H.Moser & Cie avaient fait une spécialité, toutes ces belles mécaniques très autonomes se facturaient à des montants très élevés. Mais les choses ont changé. Tout d'abord, une nouvelle génération de calibre est née qui a fait des 60 et 70 heures sa norme. Ils ne sont pas tous chers, comme le prouve le calibre H30 qu'Hamilton utilise : 80 heures de marche au prix habituel de la marque, c'est une aubaine. Quand Tudor a lancé son calibre de manufacture, c'est avec 70 heures sous le capot. Et avant cela, Chopard avait doté son calibre de base, le 01.01-C, de 60 heures. Tout en restant dans des segments de prix raisonnables, ces marques avaient logé de plus grands barillets, dotés de ressorts-moteur plus longs dans leurs mouvements sans pour autant attaquer le client à la gorge.

Le mouvement concerne également les segments supérieurs. Le mouvement de chronographe qu'Hublot produit pour son propre compte, baptisé Unico, a dès le départ offert 72 heures. Le tout nouveau calibre de Zenith, le 6150, atteint les 100 heures grâce à ses deux barillets. Son prix n'est pas doux, mais la marque a choisi d'avancer dans cette direction pour la première évolution significative de sa ligne de calibres Elite en plus de vingt ans. C'est que le mouvement est profond.

Bien sûr, les 7 ou 8 jours de marche restent une dotation prestigieuse pour les marques qui la pratiquent depuis longtemps. C'est le cas de Bovet, qui avait pris l’habitude de construire ainsi ses mouvements maison, généralement de grandes complications. A tel point que sa première incursion dans le mouvement de base (si l'on peut parler ainsi d'un tel calibre) est un 7 jours à aiguillage inversé, double face. Le calibre de manufacture Bulgari ultra plat, le Finissimo, ne mesure que 2.23 mm d'épaisseur, mais il affiche 70 heures sur la balance. Il faut dire qu'il est large et que son épaisseur minuscule est ainsi compensée.

Le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur, puisque le calibre P.5000 de Panerai atteint les huit jours de marche (une référence à des calibres historiques de la marque) et est logé dans des modèles facturés le même prix que d'autres ne disposant que de trois jours. Mais c'est Oris qui a certainement le plus surpris avec son calibre 110. Avec un seul barillet, il atteint les 10 jours de marche à un prix franchement attractif. Suffisamment pour obliger des marques plus prestigieuses à revoir leur politique tarifaire ?

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