Elles ne sont pas précieuses, ni semi-précieuses. On les appelle dures, parfois fines pour essayer de les nimber d'un peu de poésie que leur nom officiel leur refuse. Ce sont l'onyx, la malachite, la cornaline, la turquoise, le lapis-lazuli, voire même la racine de rubis, cette gangue irrégulière qui n'a pas les qualités du rubis gemme. D'autres sont plus précieuses, et connues, comme le corail et la nacre. Elles ont en commun une capacité à être débitées en fines feuilles, assez solides pour être percées en leur centre pour laisser passer des aiguilles. S'il est une marque horlogère qui a toujours su voir leur vraie beauté et la mettre en scène, c'est Piaget. Et cette appropriation de la couleur a une origine historique.
Vers le milieu des années 1960, la culture populaire émerge avec une force que personne n'a vu venir. Le Swinging London, la libération des mœurs, les premiers babas cool, les prémices de l'arrivée de l'Inde dans les goûts européens déclenchent une frénésie de couleurs, de formes, de formats. La joaillerie s'en empare avec appétit. A la même époque, Piaget est une marque extrêmement conservatrice, gérée par une famille rigoriste mais qui capture l'esprit de son temps avec des créations joaillières en phase avec leur époque. Un des sujets fondamentaux de ce style, qu'on pourrait qualifier à posteriori de bohème chic ou baba chic, est l'emploi de la couleur.
C'est ainsi que Piaget s'approprie ces pierres non conventionnelles en joaillerie, qui offrent une palette agrandie. Elles ont aussi l'avantage de prix qui ne sont pas aussi affolants que ceux des pierres gemme. On peut donc les employer sur de grandes surfaces, dans un style très ornemental et qui agrandit encore les perspectives créatives. Leur usage spécifique en horlogerie concerne évidemment le cadran.
Cinquante ans plus tard, Piaget n'a pas oublié cette culture, ce feu d'artifice qui perdure aujourd'hui dans ses collections horlogères phares. Sur des Altiplano, des Manchettes précieuses, des Extremely Lady, des Vintage Inspiration, des Altiplano Tourbillon, presque toutes les collections sont proposées avec ce type de pierres en guise de cadrans.
Le résultat est simplement délicieux. Que ce soit pour dames, où la couleur tranche sur des arrière-plans sages faits d'or et de diamants, ou pour hommes. Car en matière d'horlogerie masculine, avant l’explosion de couleurs qui a commencé avec l'irruption du bleu il y a dix ans, les possibilités étaient étroites. Encore aujourd'hui, Piaget est un des seuls à proposer des cadrans en malachite au vert détonnant. Des lapis au bleu vibrant. De l'onyx plus profond que le meilleur émail Grand Feu. Des cornalines au rouge chaud, légèrement orangé, comme les dernières secondes d'un coucher de soleil d'été.
