L’art de la bosse et du flexible

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Flexibility, and the art of the bulge - Patek Philippe Advanced Research
La manufacture a dévoilé à Baselworld deux innovations, l’une sur l’échappement, l’autre sur les correcteurs. Décryptage d’une R&D de haut vol.

On dit souvent de la manufacture Patek Philippe qu’elle aime prendre son temps, qu’elle œuvre sur le long terme. C’est vrai pour ses collections et variations de modèles, moins pour sa recherche. Le département R&D de la maison, le Patek Philippe Advanced Research (PPAR pour les intimes) est l’un des plus efficaces et prolixes des vingt dernières années, parallèlement et parfois conjointement à celui d’Ulysse Nardin, entre rares autres.

12 ans de développements

Ce véritable labo de l’horlogerie de demain travaille principalement sur l’organe réglant de la montre. Ses composants essentiels sont retravaillés, optimisés, partant du spiral, de la roue d’ancre jusqu’à l’échappement. Patek Philippe travaille aussi bien à leur géométrie qu’à leur composition.

Les effets de cette recherche intensive se sont révélés dès 2005 avec l’invention du Silinvar, un nouveau matériau développé conjointement avec Rolex et le Swatch Group. Plus léger et plus dur que l’acier, amagnétique et hautement flexible (donc capable d’absorber un choc sans se briser), le Silinvar allait devenir un maillon essentiel de la recherche du PPAR.

Sa première utilisation apparaît la même année, 2005, avec la première roue d’ancre en Silinvar. Suivra le spiral dès 2006 puis l’échappement en 2008. L’échappement et le balancier boucleront la boucle en 2011 en formant un ensemble cohérent : l’Oscillomax.

Et arriva la bosse de 2017...

Que manquait-il pour améliorer plus encore l’isochronisme de montres qui, déjà, appliquaient parmi les plus hauts standards chronométriques ? Une petite seconde par jour...que le PPAR a gagné en retravaillant cette fois la courbe de son spiral. Objectif : contenir le déplacement de son centre de gravité. Ce dernier est en effet en mouvement selon la position de la montre. Ce déplacement permanent affecte la régularité de son oscillation et donc, in fine, la précision de la montre.

Patek Philippe a donc retravaillé la courbe de son spiral pour lui affecter une « bosse interne », près de sa virole (son point d’attache) qui permet de presque effacer le déplacement de son centre de gravité. Résultat : un isochronisme qui ne dépasse plus guère -1 à +2 secondes par 24h.

L’art de la bosse et du flexible

Ce sont, peu ou prou, les performances d’un tourbillon. Patek Philippe est donc parvenu à égaler avec un échappement à ancre suisse les performances d’une pièce à tourbillon. La performance avait déjà été approchée voire égalée (Oscillateur Harmonieux de Rudis Sylva) mais l’approche de Patek Philippe porte les promesses du long terme, les moyens d’une grande manufacture et donc les germes d’une généralisation du procédé dans ses gammes.

Des correcteurs très flexibles

A Baselworld, Patek Philippe a également apporté une autre innovation : les guidages flexibles. De prime abord, rien de bien nouveau : beaucoup de marques travaillent depuis plus de 10 ans à l’usage de lamelles en silicium qui, le plus souvent, sont dédiées à l’échappement (Echappement Constant de Girard Perregaux, entre autres). Sauf que l’approche développée par Patek Philippe n’a en commun avec ceci...que le nom !

En effet, la manufacture genevoise n’a nullement utilisé le silicium et s’est encore moins concentrée sur l’échappement. Au menu : de l’acier horloger et deux correcteurs. Le principe consiste à remplacer un système articulé avec pivots par des lames-ressorts en exploitant leur souplesse.  Le nouvel organe possède 12 pièces contre 37, est moins haut et, surtout, se passe définitivement de toute lubrification puisqu’il n’offre aucune surface de frottement.

L’art de la bosse et du flexible

Pour le dévoiler – et c’est une première dans toute l’histoire de la manufacture – la nouvelle Aquanaut Travel Time ref. 5650 se voit offrir un cadran ajouré à entre 8h et 10h. Contrairement à la plupart des autres innovations du Patek Philippe Advanced Research, ce nouvel organe à lames est donc parfaitement visible côté cadran et à l’œil nu. Il n’y en aura que 500 pièces et, comme toujours, ce sera bien insuffisant pour satisfaire l’appétit des collectionneurs...

L’art de la bosse et du flexible

L’art de la bosse et du flexible

 

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