Gravures réglementaires

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The hidden passport of a watch - Movement inscriptions
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Les mouvements sont bavards. Des gravures à leur surface en disent long sur leur identité. Mais que disent-ils au juste ?

La face avant des montres est comme le genre humain. Elle est plus ou moins bavarde, plus ou moins ouverte, de toutes les couleurs et parle des dizaines de langues. A l'arrière de la montre, par contre, le langage est plus strict. En effet, les mouvements mécaniques racontent la vie des montres en utilisant des codes de communication précis. Et elle est devenue très publique depuis que les fonds saphir transparents sont devenus la norme. Le medium retenu est la gravure et la couleur, le plus souvent dorée, ce qui est la meilleure manière de trancher sur le gris qui domine.

Tout logiquement, la marque s'affirme sur les calibres. A tout seigneur tout honneur, le vendeur dit son nom partout où il le peut. Dans certains cas, il n'est cependant pas le fabricant du mouvement et il faut aller chercher dans les coins, parfois sous les ponts, pour trouver la signature du motoriste. Dans de nombreux cas, l'identification va un cran plus loin et la référence du calibre est mentionnée, voire même son numéro de série individuel, différent de celui de la tête de montre. Sésame pour le public, la mention Swiss Made semble elle aussi incontournable, même à des niveaux de prix et de qualité tels que la marque qui l'appose n'en aurait pas réellement besoin pour signifier sa valeur. Mais en matière de gravures de mouvement, on obéit plus à des habitudes et des codes culturels qu'à des lois.

Ainsi, par exemple, le nombre de rubis présents dans le mouvement continue à être mentionné. Il s'agit d'une exigence des douanes américaines, qui s'en servent pour calculer la valeur de la montre et ce même si les barrières douanières ne sont plus ce qu'elles étaient... les rubis non plus d'ailleurs. Ils sont aujourd'hui synthétiques et de peu de valeur alors que longtemps, ce furent des pierres naturelles. Par contre, l’apposition d'un poinçon pour les mouvements en matières précieuses, souvent sertis mais pas uniquement, est une nécessité légale. Étonnamment, il en va de même des poinçons liés aux certifications horlogères. Le Poinçon de Genève est régi par une loi du Canton et le frapper est un geste officiel. Les autres sceaux, Patek Philippe ou Qualité Fleurier, répondent à des critères privés.

La mention la plus intéressante du point de vue horloger est également la plus énigmatique. Il s'agit de celle du nombre de positions de réglage du mouvement. En effet, afin d'atteindre une bonne précision de marche, un mouvement est réglé dans un certain nombre d'angles par rapport au sol : couronne à droite, à gauche, en haut, en bas...un total maximum de 6 positions est envisageable l'idée étant de maintenir l’isochronisme (la capacité à battre toujours avec la même vitesse) du mouvement en toutes circonstances.

Cette information figure donc et étrangement, comme pour la plupart des autres explications de texte, c'est en anglais que parlent les mouvements. La chose à de quoi surprendre alors que les cadrans sont plutôt francophones et adorent faire mention de leurs complications dans la langue de Voltaire, de Calvin, peu importe le francophone en question. Les marques allemandes, elles, gardent souvent Goethe comme référence unique. Au-delà des informations précitées, chacun peut ajouter ce qu'il désire sur le mouvement. Souvent, ce sont des décorations, mais la seule limite à cet exercice est celle de l'imagination.

 

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